Dans le cadre de ses activités, le Haut-conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) a initié, en partenariat avec le PNUD, une émission dénommée « Sur les chemins de la réconciliation ». Pour le premier numéro de cette émission, le HCRUN a choisi de se pencher sur les mécanismes traditionnels de gestion des crises au Burkina Faso, avec en ligne de mire, le bel exemple de l’entente retrouvée entre Manga et Kaya. C’est donc dans ce contexte qu’une équipe de journalistes était dans la Cité de l’épervier pour découvrir les péripéties qui ont abouti à cette réconciliation.
Après la réconciliation officielle célébrée le 22 février 2020 à Manga entre les deux populations, les autorités administratives et coutumières continuent de sceller leur amitié. Le vendredi 2 octobre 2020 à Manga, elles se sont encore rencontrées dans le cadre de cette réconciliation. Une occasion pour elles de se rappeler les moments forts de cette démarche historique entre ces deux villes qui ont conduit à l’apaisement.
Cette initiative du Haut-conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) a permis de revenir sur les différentes démarches qui ont abouti à ce bel exemple de réconciliation intervenue après l’incident malheureux qui avait mis à mal la cohésion sociale entre les populations de ces deux villes.
Entre les populations de Manga et de Kaya, c’est désormais la joie qui s’exprime : on se taquine par-ci, on rigole par-là et on partage également le repas. Bref, l’ambiance était féerique ce 2 octobre. Et ce, grâce à l’instauration du « Rakiré » (parenté à plaisanterie), cette pratique sociale qui a joué un grand rôle dans l’aboutissement définitif de cette réconciliation tant attendue, avouent les chefs des deux localités, le Naaba Kiba II de Manga et le Naaba Koom du canton de Sanmatenga. La parenté à plaisanterie est en fait un outil de réconciliation et de cohésion sociale, parce qu’elle permet de désamorcer les tensions entre les peuples, conseillent ces gardiens de la tradition.
La hache de guerre définitivement enterrée
32 ans après cette brouille qui s’était déclenchée entre les villes de Manga et de Kaya, la hache de guerre est définitivement enterrée. Les deux villes marchent main dans la main sur les chemins de la réconciliation. Elles prévoient mêmes d’organiser très bientôt un évènement culturel à Ouagadougou, afin d’exposer leurs richesses culturelles. Ce qui leur permettra, disent-elles, de les valoriser et d’en faire une source de revenus pour les populations.
Cette belle œuvre dont plusieurs générations bénéficieront est d’abord née de la volonté d’une personne, l’ancien gouverneur de la région du Centre-Sud, actuellement gouverneur de la région du Centre-Nord, Casimir Séguéda. « La démarche que nous avons entreprise n’a pas rencontré de difficultés particulières, parce que les deux peuples voulaient la même chose : la réconciliation », confie le gouverneur. Et au vu de ce dénouement heureux, il affirme : C’est à travers nos valeurs culturelles que nous pouvons amener la paix dans nos régions. »
Donner le pardon, c’est enlever un voile ou ôter un fardeau de votre vie
L’actuelle gouverneure de la région du Centre-Sud, région hôte de cette initiative, Josiane Zoungrana, a pour sa part renchéri en rappelant que ce qui s’est passé dans ces deux régions a été un ouf de soulagement pour toutes les populations. « Car, explique-t-elle, lorsque vous devez le pardon à quelqu’un, ça affecte non seulement votre physique, votre psychique et ça affecte votre spirituel. Et lorsque vous pardonnez, vous vous libérez vous-même d’abord en premier. Et ce qui s’est passé le 22 février dernier, nous avons vu comme si c’était un voile qui a été enlevé, un fardeau qui a été ôté de la tête de ces deux populations ; chacun se sent libre ».
En rappel, ce différend entre les deux villes est consécutif à un match entre l’équipe de Manga et celle de Kaya qui avait dégénéré, il y a 32 ans. Mais désormais, grâce à la bonne foi des deux populations et aux efforts des premiers responsables des deux régions, tout ce mauvais souvenir fait partie du passé. Manga et Kaya se sont donné la main et sont unies pour le développement économique.
Yvette Zongo
Lefaso.net
Source : lefaso.net
Faso24
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