Le consortium « Burkina 2050 », par la voie de Dr Nestorine Sangaré, a pris langue avec la presse, le jeudi 8 octobre 2020 à Ouagadougou. Objectif, alerter sur la situation du chemin de fer du Burkina Faso, suite à sa privatisation et à la concession de sa gestion à Sitarail, filiale du groupe français Bolloré. Le consortium veut également saisir l’occasion qu’offrent les élections présidentielle et législatives de novembre 2020, pour amener les candidats à s’engager pour l’amélioration de la gestion future du patrimoine ferroviaire burkinabè.
Pour le consortium « Burkina 2050 », la gestion du chemin de fer dans notre pays, assurée par Sitarail depuis maintenant 25 ans, est « un véritable échec commercial, financier, technologique, social et politique ». Le constat sur le terrain fait en effet ressortir une dégradation continue des équipements tels que les rails et les wagons.
Il faut rappeler que c’est suite à la privatisation qu’une première convention a été signée avec le groupe français en 1994. Dans celle-ci, Bolloré s’engageait à garder 45% des effectifs du personnel burkinabè qui représentait 812 personnes. La société n’en a finalement gardé que 512, et certains travailleurs deflattés sont morts sans percevoir leurs droits, malgré une décision favorable de la justice burkinabè. Bolloré a par la suite procédé à la fermeture des gares secondaires situées dans certaines villes, portant ainsi un coup dur à l’économie qui se développait tout autour. Aucun investissement promis par le groupe n’a été réalisé.
Aussi, de 2003 à 2006, le groupe français n’a pas payé à l’Etat burkinabè le pourcentage de 2% hors taxe pour l’exploitation des rails. Face à la détérioration du chemin de fer, les Etats engagés dans la convention que sont la Côte d’ivoire et le Burkina Faso, ont dû emprunter des fonds à la Banque mondiale et à l’Agence française pour le développement pour rehabiliter le chemin de fer. Bolloré devait donc exploiter le chemin de fer et procéder au remboursement des fonds empruntés, mais il n’en a rien été. Le groupe a accumulé une dette d’environ 5 milliards de F CFA envers l’Etat burkinabè.
Aucun résultat financier
De 15 ans au départ, la durée de la convention initiale est passée à 20 ans puis à 35 ans, malgré tous les manquements constatés de la part du groupe Bolloré. Elle a été remplacée par une convention révisée avec une durée additionnelle de 18 ans, promulguée par le président du Faso le 31 décembre 2018. Ce qui équivaut à la cession de l’exploitation du réseau ferroviaire à Sitarail pour une durée de 53 ans, « sans aucun résultat financier concret ni par le passé, ni pour le futur », selon le consortium Burkina 2050. Le groupe a même annulé la réhabilitation du chemin de fer quand il a appris le projet de construction d’un chemin de fer entre le Burkina Faso et le Ghana pour le transport du manganèse de Tambao, prétextant que cela posera un problème de rentabilisation à son exploitation.
Parce que le chemin de fer est un instrument incontournable du développement national, le consortium propose tout simplement une suspension de la concession signée avec Bolloré. Le Burkina Faso pourrait par la suite lancer un appel d’offres international pour recruter une entreprise qualifiée pour gérer le chemin de fer. Ou encore revenir à la gestion nationale assurée par l’Etat. Pour cela, il lui faudrait former des ressources humaines de qualité pour réussir la gestion du chemin de fer.
Il convient de noter que le consortium Burkina 2050 s’intéresse à la situation des grands investissements de l’Etat. Dans le cadre de sa campagne « Sauvons nos rails », il projette de lancer une pétition en ligne pour la suspension de la concession révisée et l’organisation de conférences régionales.
Armelle Ouédraogo
Alicia Ouédraogo (stagiaire)
Lefaso.net
Source : lefaso.net
Faso24
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