Liberté provisoire de Jean Claude Bouda : « Cela nous intrigue… », Sagado Nacanabo, Secrétaire exécutif du REN-LAC
La Cour d’appel de Ouagadougou a accordé une liberté provisoire à Jean Claude Bouda, le 22 octobre 2020, dans l’affaire qui l’oppose au ministère public. L’ex ministre de la Défense est mis en examen pour des faits de faux et usage de faux en écriture privée, de délit d’apparence et de blanchiment de capitaux. Dans cette affaire, le réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) s’est porté partie civile. Dans cette optique, Lefaso.net a posé quelques questions au secrétaire exécutif du réseau, Sagado Nacanabo, afin de recueillir son avis sur la liberté provisoire accordée à Jean Claude Bouda.
Lefaso.net : Comment le REN-LAC a accueilli la nouvelle de la liberté accordée à Jean Claude Bouda ?
Sagado Nacanabo : L’affaire BOUDA est un dossier qui nous tient beaucoup à cœur au niveau du REN-LAC. Elle fait partie des dossiers qu’on appelle couramment les dossiers emblématiques, au regard de la personnalité de monsieur BOUDA. Sa libération, nous l’avons apprise comme tout le monde à travers la presse et les réseaux sociaux. On peut dire qu’on est un peu surpris, mais on comprend qu’en droit, en attendant le procès, la règle c’est la liberté, et l’exception, c’est la détention.
Le 19 juillet 2020 dans un communiqué signé du secrétaire exécutif, le REN-LAC réclamait le jugement du dossier au fond. Avec cette décision de la Cour d’Appel, le réseau espère-t-il toujours de voir le dossier jugé tel qu’il le souhaite ?
Bien sûr ! cette liberté à lui accordée ne met pas fin à la procédure judiciaire. Généralement le prévenu est placé en détention provisoire pour des raisons d’enquête. Si le juge estime qu’il n’y a plus de raisons de le maintenir en prison, il peut le libérer. Mais pour le REN-LAC, comme on l’a dit dans le communiqué du 19 juillet, l’essentiel pour nous c’est que ce dossier soit jugé au fond, et nous ne désespérons pas. D’autant plus que ce matin même du vendredi 23 octobre, nous avons été auditionné par le juge d’instruction dans le cadre de cette affaire.
Avez-vous déjà envisagé que, si procès il y a sur le fond du dossier, la justice prononce sa relaxe ? Si oui ou non, pourquoi ?
Comme dans tout procès, il y a essentiellement deux hypothèses, soit vous êtes reconnu coupable et vous écopez d’une peine, soit vous n’êtes pas reconnu coupable et on vous relaxe. Mais, pour nous, à la lumière des éléments du dossier, et en tant que structure ayant porté plainte et également partie civile, nous pensons qu’il sera condamné pour les faits à lui reprochés afin de donner un signal fort pour la lutte contre la corruption. De toutes les façons, à l’issue du procès si une des parties n’est pas satisfaite, elle peut faire appel. Et même un pourvoi en cassation si cela est nécessaire.
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Comment analysez-vous le fait que le 29 septembre 2020, Jean Claude Bouda ait bénéficié d’une permission pour des motifs de santé et quelques jours après, la Cour prononce une liberté en sa faveur ?
Cela nous intrigue que ce soit pendant sa période de permission pour des soins qu’il bénéficie d’une liberté ordonnée par la chambre d’instruction en appel. Nous ne faisons pas une fixation particulière sur la liberté de M. Bouda. Nous restons plutôt sur notre position qui est que l’instruction en cours du dossier puisse aboutir à un jugement au fond.
La décision tombe à quelques jours des élections couplées du 22 novembre prochain. Faut-il y voir une main politique dernière ? Dans lequel cas, cela remet en doute l’indépendance de la Justice.
De manière générale, on ne peut pas dire que notre justice est totalement indépendante. Il est aussi évident que cette décision à quelques jours des élections peut avoir des retombées politiques, certes, mais le plus important est que le procès ait lieu. Et nous espérons que cette affaire sera une occasion pour la justice burkinabè d’affirmer davantage son indépendance.
Lefaso.net
Source : lefaso.net
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