Burkina Faso : Jean-Pierre Convolbo, fabricant de marmites
Jean-Pierre Convolbo Yabré dit « Le King » est un jeune Burkinabè frisant la trentaine. Marié et père de deux enfants, il a décidé de profiter de sa dextérité dans la fabrication des marmites. Il est également cultivateur et éleveur d’ovins. Burkina24 est allé à sa rencontre le samedi 24 octobre 2020.
11h20, c’est l’heure à laquelle nous arrivons devant le lieu de travail de Jean-Pierre Convolbo Yabré à Kamsontenga, un quartier situé au Sud de Ouagadougou.
C’est sous une cabane d’au moins trois tôles et demie, clôturée de tôles, bénéficiant de l’ombrage d’un karité que Jean-Pierre et ses employés et apprentis travaillent. Il fait chaud dans ce lieu, surtout lorsque le soleil s’en mêle. En fait, le feu utilisé pour fondre l’aluminium dégage une forte chaleur.
En face de l’atelier du sieur Convolbo, un champ de maïs nouvellement récolté. Les herbes d’à côté perdent leur verdure sous l’effet des rayons du soleil, annonçant ainsi le début de la saison sèche et l’arrivée de l’harmattan.
Dans l’atelier de Jean-Pierre, les visiteurs sont accueillis par des bruits de coups de marteau, de la fumée et l’odeur de l’aluminium. Au centre de tout, la fabrication de marmites. Lorsque nous déballons notre trépied, des badauds en culottes, sourire aux lèvres, nous observent. Certains se pressent de savoir de quel média nous sommes.
« Mon travail me permet de gagner mon pain »
Jean-Pierre n’est pas un bureaucrate. C’est un forgeron et fabricant des marmites. Métier qu’il a appris auprès de son oncle depuis 2001 à Tanghin, un quartier opposé à son actuel quartier de résidence.
Il s’est installé à Kamsontenga depuis 2010 après avoir décidé de voler de ses propres ailes toujours dans ce métier qu’il a appris avec l’appui de son oncle. « Je suis ici depuis 2010, il faut dire qu’après Tanghin, j’étais à Nagrin avant de venir ici. Mais il faut dire que c’est depuis 2001 que j’ai appris ce travail auprès de mon oncle à Tanghin », se rappelle-t-il. Les visages suant, certainement à cause de la chaleur dégagée par le feu, les forgerons s’activent.
Jean-Pierre Convolbo accepte volontiers se confier à nous. « Je ne me plains pas. Mon travail me permet de gagner mon pain de chaque jour et de subvenir aux besoins de ma femme et mes deux enfants », dit-il avec satisfaction.
Il soutient qu’il n’a rien à envier aux autres, car, agence-t-il, toutes les marmites qu’il fabrique, c’est sur commande de ses clients dont la plupart sont au grand marché de Ouaga, Sankaryaré et même sur place dans son quartier.
« J’ai besoin de soutien »
Alors que nous nous entretenons avec Jean-Pierre, un jeune de teint noir, grand de taille et robuste arrive sur une moto tricycle communément appelée “Taxi moto“. Il est là pour récupérer et livrer des marmites « fraîchement » conçues.
« J’ai beaucoup de clients qui passent leurs commandes. Voici d’ailleurs le taxi moto qui vient d’arriver. C’est pour un client au grand marché à Zabré Daga qui a envoyé chercher ses marmites. J’ai d’autres clients à Sankaryaré aussi », confie-t-il.
Les prix des marmites de Jean-Pierre varient en fonction de leur taille. Dans son jargon, on parle en termes de numéro. Par exemple, le grand numéro qu’il fabrique c’est le n°7 qui est vendu à 7.000 francs CFA, le n°3 fait 3.000 F et le n°1 coûte 1.500 F.
Les matières premières utilisées sont achetées dans une localité située vers la frontière Burkina-Ghana, à Dakola. A l’écouter, c’est dans l’achat des matières premières, principalement l’aluminium, qu’il rencontre des difficultés dans son travail. Le reste comme notamment le charbon s’acquiert localement.
Il ne cache pas le besoin du soutien pour le développement de sa fabrique. « J’ai également besoin de soutien. Je pars acheter l’aluminium à la frontière du Ghana. Le kilogramme se vend à 600 FCFA. Mais si j’ai un soutien, je peux multiplier la production », lance-t-il.
« C’est en travaillant et à la sueur de son front qu’on gagne sa vie »
Jean-Pierre Convolbo, le “King” comme l’appellent ses proches, n’a pas que la fabrique des marmites comme activité. En saison pluvieuse, il cultive du maïs, du riz, du mil et de l’arachide. Mais cette saison, il n’a semé que le maïs dont il vient de faire la récolte et l’arachide dont la récolte ne saurait tarder.
Le King fait également son petit élevage d’ovin dont il dispose d’une dizaine de têtes. Il déconseille certains jeunes de son âge qui s’adonnent aux actes de banditisme et les appelle à embrasser un métier pour leur survie.
« On n’a qu’à travailler. C’est en travaillant et à la sueur de son front qu’on gagne sa vie d’une manière méritée. Avec le travail, on peut arriver à gagner tout ce que l’on veut. Le banditisme ne nous avantage pas. Au contraire, il nous détruit », conseille-t-il.
Jean-Pierre emploie six personnes. L’un d’eux, du nom de Raymond Nabolé, frisant la vingtaine, affirme qu’il s’en sort bien et arrive à se prendre en charge financièrement. Il apprécie également la collaboration avec son employeur. Selon ses termes, il s’agit d’une relation de grand frère à petit frère.
Pour le boss du coin, le grand souci auquel ils font face se situe au niveau de l’obtention des matières premières. Il dit rester ouvert à toute personne souhaitant lui apporter un appui afin de prospérer dans son métier.
Willy SAGBE
Burkina 24
Source : Burkina24.com
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