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Cheick Oumar Sissoko à propos de la chute d’IBK : « La corruption avait atteint un niveau qu’on ne pouvait plus laisser faire »

<p><strong>Cinéaste malien de renom&comma; il est aussi un homme politique&period; Membre-fondateur du parti politique « Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance »&comma; Cheick Oumar Sissoko a été ministre de la Culture de son pays&comma; pendant plusieurs années&period; Homme d’action&comma; il a quitté la politique en 2014 pour la société civile&period; Il est également membre-fondateur du mouvement « Espoir Mali Koura » &lpar;EMK&rpar;&comma; initiateur de la lutte ayant entraîné la chute&comma; le 18 août 2020&comma; du président Ibrahim Boubacar Keita &lpar;IBK&rpar;&period; Lors d’un séjour au Burkina dans le cadre d’une rencontre sur l’avenir du FESPACO &lpar;Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou&rpar;&comma; il a abordé&comma; dans cette interview&comma; les temps forts de la lutte anti-IBK&comma; les chantiers de la transition et les attentes que nourrit le peuple malien vis-à-vis des autorités de la transition&comma; ses relations avec Soumaïla Cissé&comma; etc&period; Lisez &excl;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<div class&equals;"article&lowbar;content">&NewLine;<p><strong>Lefaso&period;net &colon; Vous êtes présent à Ouagadougou depuis quelques jours&comma; qu’est-ce qui vous amène au Pays des hommes intègres &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Cheick Oumar Sissoko &colon; La situation&comma; marquée par l’insécurité et la crise sanitaire que vit la sous-région&comma; est assez délicate&period; Alors que la prochaine édition du FESPACO&comma; si on tient compte des dates traditionnelles&comma; devra avoir lieu en février 2021&period; Comment l’organiser &quest; Devons-nous l’organiser dans la même forme ou devons-nous changer de format &quest; Pour répondre à ces questions&comma; le ministère de la Culture&comma; des Arts et du Tourisme a convié des personnalités du cinéma&comma; des éléments des Forces de défense et de sécurité&comma; des agents de la santé&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Après deux jours de réflexion&comma; nous sommes arrivés à la conclusion qu’il faut maintenir les dates&period; Nous avons été rassurés par les FDS&comma; les représentants du département de la santé et le gouvernement&period; Nous avons proposé de maintenir les dates&comma; mais en revoyant à la baisse le nombre d’invitations&comma; les membres de l’organisation&comma; les festivaliers&comma; les lieux de projection&comma; etc&period; Nous avons alors retenu la période du 27 février au 6 mars 2021 pour la prochaine édition&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Le cinéma africain a toujours souffert de plusieurs maux&comma; comment se porte-il aujourd’hui &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Le cinéma africain se débat dans des problèmes de structuration&comma; de professionnalisation et de financements&period; Mais l’intelligence des cinéastes leur permet de s’en sortir et de créer de nouveaux paradigmes afin d’écrire&comma; de créer et de sortir des films&period; Nous n’avons pas l’idéal d’un cinéma ouvert&comma; productif et en lien avec les populations&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Nous travaillions à cela&comma; mais la Covid-19 est malheureusement venue bloquer les initiatives que nous avons entreprises&period; La première de ces initiatives était de ramener le siège de la Fédération panafricaine des cinéastes &lpar;FEPACI&rpar; à Ouagadougou&comma; parce que nous estimons que le Burkina est la terre de promotion du cinéma africain&period; Il a beaucoup donné au cinéma africain&comma; et quand la FEPACI était ici &lpar;Ndlr&comma; Ouagadougou&rpar;&comma; de 1985 à 1997&comma; elle s’est le mieux portée&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Il y a eu beaucoup d’activités sous la direction de Gaston Kaboré&period; Pour abriter la FEPACI&comma; l’Etat burkinabè nous offre gracieusement deux grands appartements sur l’Avenue Kwamé-Nkrumah&period; Et c’est au moment où nous commencions nos activités avec l’Etat qu’il y a eu la Covid-19&period; Nous espérons que tout cela va finir et nous allons pouvoir mettre en œuvre le programme que nous avons élaboré&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Vous faites partie de cette génération dorée du cinéma ouest-africain&period; Des jeunes essaient de suivre vos pas&period; Comment appréciez-vous le niveau de la relève &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Les jeunes ont beaucoup d’intelligence et arrivent à bien maîtriser le numérique qui est&comma; pour moi&comma; une chance pour la cinématographie&period; Certains ont déjà créé des écoles de cinéma&period; Au Bénin&comma; en Côte d’Ivoire&comma; au Burkina&comma; au Maroc&comma; au Togo&comma; les écoles de cinéma se créent&period; C’est cela qui va permettre&comma; dans les 5 à 10 ans à venir&comma; d’avoir des groupes de jeunes formés avec à côté des entreprises de production qui se développent&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Si on n’arrive pas à structurer l’économie du cinéma&comma; on n’avancera pas&period; Nous sommes en train de le comprendre&comma; d’y travailler pour sortir vraiment des griffes de l’Europe&period; Tout se faisait là-bas&period; Mais aujourd’hui&comma; nous avons de très bons techniciens de cinéma&comma; de très bons comédiens et comédiennes&comma; de très bons producteurs&period;<&sol;p>&NewLine;<p>C’est tout cela qui va amener les banques à nous faire confiance un jour&period; Les cinémas européens et américains fonctionnent bien parce que les banques leur font confiance&period; Il y a des dossiers en béton qui viennent montrer que c’est un métier rentable et qu’il peut y avoir un retour de financement du cinéma&period;<&sol;p>&NewLine;<dl class&equals;"spip&lowbar;document&lowbar;114148 spip&lowbar;documents spip&lowbar;documents&lowbar;center">&NewLine;<dt><img src&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;local&sol;cache-vignettes&sol;L600xH300&sol;5-1643-9de0e&period;jpg&quest;1604701881" width&equals;"600" height&equals;"300" alt&equals;""><&sol;dt>&NewLine;<dt class&equals;"spip&lowbar;doc&lowbar;titre"><strong>Un manifestant demandant le départ du président IBK &lpar;ph&period; d’archives&rpar;&period;<&sol;strong><&sol;dt>&NewLine;<&sol;dl>&NewLine;<p><strong>Parlons maintenant politique&period; Vous avez été aux avant-postes de la lutte contre le régime du président IBK&period; Comment s’est passée la lutte &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Après avoir quitté le parti « Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance » en 2014&comma; nous avons créé le Mouvement de la société civile dénommé « Espoir Mali Koura » &lpar;EMK&rpar; et commencé la lutte&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Nous avons rassemblé des associations&comma; des plateformes&comma; des organisations des partis politiques qui&comma; individuellement&comma; se battaient&comma; dénonçant le comportement de la classe politique&comma; la mauvaise gouvernance et exigeant le changement&period; Le 14 mai 2020&comma; nous avons&comma; au cours d’une conférence de presse&comma; demandé la rupture avec le système économique et social actuel et à aller vers la quatrième République&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Ce qui voulait dire qu’il fallait donc arrêter le pouvoir IBK&period; Le 17 et le 19 mai&comma; nous avons été successivement rejoints par la CMAS et le FSD&period; Le Front pour la sauvegarde la démocratie était normalement dirigé par le Chef de file de l’Opposition&comma; Soumaïla Cissé&comma; mais comme il était en captivité&comma; c’est Choguel Maïga qui en était le dirigeant&period;<&sol;p>&NewLine;<p>La CMAS était dirigée par Issa Kaou Djim&period; Les trois mouvements ont animé une conférence le 30 mai et engagé le premier grand rassemblement le 5 juin&period; Nous avons été rejoints par d’autres plateformes&comma; d’autres partis politiques et nous avons décidé de créer le Mouvement du 5-Juin&comma; Rassemblement des forces patriotiques &lpar;M5-RFP&rpar;&period; Ce mouvement a rassemblé plus large et a exigé la démission d’IBK et de tout son régime pour des faits accablants&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Quels faits par exemple &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Il y avait le parjure qui est un viol du serment consacré dans l’article 37 de la Constitution&period; Il a livré le pays aux terroristes&comma; aux rebelles et a signé un accord de défense avec la France&comma; dont on ne connaît pas le contenu&period; Cet accord a amené la France à installer quatre bases militaires à Gossi&comma; Gao&comma; Kidal et Tessalit&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Le président IBK n’a-t-il pas été victime d’un faux procès pour ce qui concerne le terrorisme&comma; puisque le Mali connaissait déjà des attaques avant son arrivée au pouvoir &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Le terrorisme a certes commencé avant lui&comma; mais il était contenu dans le nord&period; Progressivement&comma; le terrorisme est descendu dans le centre et plus à l’intérieur du Mali&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Nous accusons aussi le régime IBK de détournements massifs de deniers publics&period; Des fonds destinés à l’achat d’armement et de logistique pour l’armée ont été détournés&period; Près de 1 250 milliards de francs CFA ont été dépensés dans des achats d’avions de mauvaise qualité&comma; des armes non-convenables&comma; etc&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Il existait comme une sorte d’impunité devant ces faits&period; Le niveau de la corruption avait&comma; avec cette gouvernance mafieuse&comma; atteint un niveau qu’il n’était pas possible de continuer à maintenir ce désordre&period; Il y avait aussi la patrimonialisation du pouvoir&period; La famille était directement impliquée dans la gestion du pouvoir&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Les fondements démocratiques de la République qui sont consacrés dans la Constitution étaient constamment violés&period; On a aussi enregistré des crimes de sang&period; Des gens ont été tués lors des manifestations à Cikasso&comma; à Kaye&period; Pendant les évènements du 10-11 juillet 2020&comma; 23 personnes ont été tuées et 100 blessées à Bamako&period;<&sol;p>&NewLine;<dl class&equals;"spip&lowbar;document&lowbar;114146 spip&lowbar;documents spip&lowbar;documents&lowbar;center">&NewLine;<dt><img src&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;local&sol;cache-vignettes&sol;L600xH337&sol;3-4571-44154&period;jpg&quest;1604701881" width&equals;"600" height&equals;"337" alt&equals;""><&sol;dt>&NewLine;<dt class&equals;"spip&lowbar;doc&lowbar;titre"><strong>Des militaires applaudis par les manifestants&comma; le 18 août 2020&comma; à Bamako &lpar;ph&period; d’archives&rpar;<&sol;strong><&sol;dt>&NewLine;<&sol;dl>&NewLine;<p><strong>Mais on a vu la CEDEAO qui voulait que le président IBK soit maintenu à son poste …<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>IBK n’était pas défendable&comma; malgré cette intrusion de la CEDEAO qui tenait coûte que coûte à le défendre parce qu’il était un président démocratiquement élu&period; Goodluck &lpar;Ndlr &colon; Goodluck Jonathan&comma; ancien président du Nigeria et émissaire de la CEDEAO au Mali lors du coup d’Etat contre IBK&rpar; avait d’ailleurs dit que le fait de vouloir le chasser est une ligne rouge à ne pas franchir&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Nous lui avons répondu que donc un président démocratiquement élu a le droit de tuer les citoyens&comma; de violer allègrement la Constitution&comma; de violer la séparation des pouvoirs&comma; de détourner l’argent et de livrer le pays aux terroristes &quest; Cette ligne rouge&comma; nous ne l’acceptons pas et nous allons la briser&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Le 18 août 2020&comma; l’armée a pris ses responsabilités à la suite des mouvements et a fait un coup d’Etat…<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>L’armée a effectivement pris ses responsabilités&comma; disant qu’elle venait parachever notre lutte&period; Le même soir du 18 août&comma; IBK a démissionné après avoir dissout l’Assemblée nationale et le gouvernement&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Comment avez-vous vécu cette journée du 18 août &quest; Avez-vous eu peur à un moment donné pour votre vie &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>La peur est un sentiment normal pour tout être humain&comma; mais ce qui est grave&comma; c’est le fait de ne pas s’assumer&period; Nous avons pris nos responsabilités comme en 1991&comma; lors des luttes contre le dictateur Moussa Traoré&period; J’étais aussi l’un des leaders de la lutte&period; Pour lutter contre le régime IBK&comma; nous avons créé l’EMK et j’en étais le coordonnateur&period; Lorsque nous avons mis en place le M5-FRP&comma; j’étais membre du Comité stratégique&comma; donc parmi les responsables du mouvement&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Nous étions dans une semi-clandestinité&comma; puisque nous étions constamment menacés&period; On cherchait à nous arrêter et même peut-être à nous tuer&period; Tout homme a peur mais il doit s’armer de courage pour faire face à ses responsabilités&period; Les nôtres étaient de sauver la patrie et de mettre fin à cette mauvaise gouvernance&comma; faire partir ces hommes et femmes qui avaient installé une oligarchie qui détruisait l’avenir du pays&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Etiez-vous à Bamako pendant les évènements &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Oui&comma; j’étais à Bamako&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Chez vous à domicile &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>J’étais en clandestinité&comma; mais après je suis sorti &semi; puisqu’on annonçait l’intervention de l’armée&comma; je suis sorti rassembler les membres du M5-FRP pour nous interroger sur l’identité de ceux qui venaient pour parachever la lutte&period; Viennent-ils vraiment pour parachever la lutte &quest; Auquel cas&comma; il faut qu’on se mobilise pour poser nos exigences&comma; puisque nous avions la légitimité du pouvoir&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Est-ce que vous étiez en contact avec certains des militaires qui ont fait le coup d’Etat &quest; <br class&equals;"autobr"><&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Je n’avais jamais rencontré Assimi Goïta et Ismaël Wagué&period; Par contre&comma; j’avais rencontré&comma; en 2012&comma; le colonel Malick Diaw parce qu’il faisait partie du groupe de Sanogo &lpar;Ndlr&comma; Haya Sanogo&comma; auteur du coup d’Etat contre Amadou Toumani Touré en 2012&rpar;&period; A ma connaissance&comma; il n’y avait pas de lien entre les militaires et le M5-FRP&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pour conduire la transition&comma; les militaires ont choisi le colonel-major à la retraite&comma; Bah Ndaw&period; Est-ce aussi votre choix &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>On ne peut pas dire que ce n’était pas notre choix&comma; parce qu’on était en phase en ce moment-là avec la CEDEAO&period; Même si on a combattu la CEDEAO au moment où elle refusait le départ d’IBK&comma; pour la transition&comma; notre décision était de mettre un civil à la tête&period; Le président de la transition est un civil&comma; puisqu’il est à la retraite&period; Il est légal qu’il soit là&period; Il est un homme qui a montré de par le passé qu’il refusait l’injustice et refusait&comma; par ses principes&comma; tout ordre qui pouvait le dégrader ou dégrader sa fonction de militaire&period;<&sol;p>&NewLine;<dl class&equals;"spip&lowbar;document&lowbar;114147 spip&lowbar;documents spip&lowbar;documents&lowbar;center">&NewLine;<dt><img src&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;local&sol;cache-vignettes&sol;L600xH338&sol;4-2956-d3917&period;jpg&quest;1604701881" width&equals;"600" height&equals;"338" alt&equals;""><&sol;dt>&NewLine;<dt class&equals;"spip&lowbar;doc&lowbar;titre"><strong>Des chefs d’Etat de la CEDEAO arrivés à Bamako pour mener des négociations &lpar;ph&period; d’archives&rpar;&period;<&sol;strong><&sol;dt>&NewLine;<&sol;dl>&NewLine;<p><strong>Etes-vous rassuré de l’évolution de la transition &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Bah Ndaw est un civil&period; Donc&comma; on n’est pas déçu&period; Seulement&comma; nous voulons avoir une idée claire de la transition&period; Nous avons discuté et nous nous sommes accordé sur le contenu de la transition&comma; les organes à mettre en place&period; Un homme comme lui&comma; nous a rassurés dans un premier temps par son discours d’investiture &semi; parce qu’il avait des idées qui étaient aussi les nôtres&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Nous n’allons donc pas nous opposer à ce qui est mis en place&period; Nous allons l’accompagner&comma; mais en étant les gardiens du temple&period; Nous n’allons pas accepter d’être grugés comme de par le passé&period; Nous allons veiller à ce que les choses se passent clairement afin que l’alternance soit une logique démocratique au Mali&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>L’investiture des autorités de la transition a été comme un retour sur scène du colonel Haya Sanogo&comma; alors qu’on se rappelle qu’il y a des plaintes contre lui en justice&period; Ne craignez-vous pas qu’il y ait comme un black-out sur ce passé sombre &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Je ne sais pas&period; Haya est toujours un militaire&period; Il avait été arrêté pour être jugé&comma; mais ils n’ont pas pu le faire&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Il est effectivement poursuivi dans l’affaire des bérets rouges…<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Dans l’affaire des bérets rouges&comma; il était le seul impliqué&comma; alors que les bérets rouges devaient aussi être partie-prenante dans ce procès &semi; puisque ce sont eux qui ont attaqué les premiers le camp de Kati&period; On devait normalement amener les deux parties à la barre&period; C’est en réalité un problème pendant&period; Il faut y trouver une solution&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pendant ou après la transition &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>La transition a suffisamment de problèmes à résoudre&period; La durée de 18 mois n’est pas assez pour résoudre tous les problèmes&period; C’est même très peu pour faire face à ce qui doit être fait&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Quelles sont les attentes des membres du M5-FRP vis-à-vis des autorités de la transition &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Il faut clarifier les points sombres contenus dans la Constitution et le Code électoral&period; Il faut aussi élaborer le fichier électoral qui n’existe pratiquement pas&comma; assainir l’administration civile et militaire&comma; lutter contre les détournements&period; Il faut des audits pour que ceux qui ont mis le pays à terre puissent rendre compte de leurs actes&period; Si on ne le fait pas&comma; ils reviendront acheter les voix et les consciences avec les fortunes colossales qu’ils ont amassées&period; Ce sera une sorte de restauration&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Avez-vous foi qu’ils répondront devant la Justice &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Nous allons y travailler&period; D’ailleurs on se demande comment ils sont parvenus à sortir du Mali&period; Il va falloir y répondre&period; Nous allons engager des procédures judiciaires&period; On ne peut pas faire autrement&period; Ils sont même accusés de meurtre&comma; notamment du journaliste Birama Touré et de tentative d’assassinat sur Mamadou Diarra&comma; un autre journaliste&period; Ils sont également accusés de malversations financières&comma; de spéculations foncières&comma; de faux et usage de faux en écriture publique&period; On ne peut pas laisser cela&period; L’Afrique ne peut plus se permettre ces pratiques&period; On les a connues dans d’autres pays&comma; mais il faut arrêter&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>L’une des grosses plaies du Mali&comma; c’est la question sécuritaire&period; Est-ce que sa résolution fait partie du calendrier de la transition &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Elle est bien obligée&comma; sinon il n’y aura pas d’élections&period; La Constitution est assez claire là-dessus&period; Si une partie du pays est occupée&comma; il ne peut pas y avoir d’élections&period; Il n’y a pas d’administration malienne dans les régions occupées&period; Les services publics sont absents dans les 2&sol;3 du pays&period; Les écoles sont fermées&period; On est obligé de trouver des solutions&period; C’est pourquoi&comma; l’un des axes principaux de notre travail est la refondation de l’Etat&period; C’est indispensable et c’est pour cela qu’il y a un ministère chargé de la Refondation de l’Etat et des Relations avec les institutions&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Vous avez été aux premières heures de la lutte pour le départ du régime IBK&period; Mais vous n’êtes-vous pas dans le gouvernement de la transition…<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Oui&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pourquoi &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Je n’ai pas fait la lutte pour être au pouvoir&period; C’était aussi le cas en 1991&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Vous auriez pu apporter votre expérience aux jeunes militaires … &excl;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>J’étais assez bien placé pour être au premier rang&comma; mais pour plusieurs raisons&comma; je n’ai pas voulu&period; J’ai sorti récemment un livre intitulé « L’Homme ne grandit que dans la paix&comma; il faut tuer la guerre »&period; A l’intérieur&comma; le lecteur trouvera une lettre à Macron &lpar;Ndlr&comma; président français&rpar; et une autre au peuple du Mali&period; Ce livre ne plaît pas beaucoup à la France&period;<&sol;p>&NewLine;<dl class&equals;"spip&lowbar;document&lowbar;114145 spip&lowbar;documents spip&lowbar;documents&lowbar;center">&NewLine;<dt><img src&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;local&sol;cache-vignettes&sol;L600xH450&sol;2-5396-886e8&period;jpg&quest;1604701881" width&equals;"600" height&equals;"450" alt&equals;""><&sol;dt>&NewLine;<dt class&equals;"spip&lowbar;doc&lowbar;titre"><strong>Cheick Oumar Sissoko&comma; membre-fondateur du M5-FRP&period;<&sol;strong><&sol;dt>&NewLine;<&sol;dl>&NewLine;<p><strong>Est-ce vraiment la raison &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>A mon avis&comma; oui&period; Il faut peut-être aussi dire qu’il y a des gens plus compétents que moi pour diriger ce pays&comma; mais je ferai la veille citoyenne&period; On ne se laissera plus faire&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Le calendrier est très chargé pour les autorités de la transition&period; Qu’est-ce qui est prioritaire &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Il faut relire la Constitution&comma; parce que le président avait un pouvoir exorbitant&period; La preuve&comma; il en a usé et abusé&period; Il faut arrêter cela&period; Il faut maintenant voir les autres institutions&comma; leur rôle&comma; place et leur utilité&period; Nous avons huit institutions&comma; est-ce qu’on a vraiment besoin d’elles toutes &quest; A mon avis&comma; il faut écarter la question du Sénat&comma; se conformer aux décisions de l’UEMOA qui veut qu’il y ait une Cour des comptes&period;<&sol;p>&NewLine;<p>C’est indispensable&period; Il faut revoir les prérogatives de la Cour constitutionnelle&comma; parce qu’elle semble avoir trop de pouvoirs &lpar;ses décisions ont irrévocables&rpar;&period; A mon avis&comma; il faut aussi revoir le modèle de gouvernance&comma; en ce sens qu’il faut répondre à la question de savoir s’il faut maintenir le présidentialisme ou instaurer un régime parlementaire&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Le chef de file de l’Opposition politique&comma; Soumaïla Cissé&comma; a été libéré après plus de cinq mois de captivité&comma; comment avez-vous accueilli la nouvelle &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>On attend de connaître les dessous de cette affaire pour vraiment juger&period; Autant nous sommes contents de la libération de Soumaïla Cissé&comma; autant nous sommes inquiets de la libération de 230 terroristes&period; Qu’est-ce qu’ils ne vont pas pouvoir faire après &quest; 230 terroristes&comma; c’est 460 bras qui peuvent tenir des armes&period; C’est inquiétant&period; Mais avec la libération de Soumaïla Cissé&comma; c’est un cadre politique qui va se joindre&comma; à mon avis&comma; au redressement de ce pays&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>L’imam Dicko appelait pourtant de tous ses vœux&comma; lors de ses sorties publiques&comma; à la libération de Soumaïla Cissé …<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>C’était une requête du M5-RFP&period; Elle n’était pas de l’imam Dicko&period; Il s’attribue beaucoup de choses qui ne sont pas de lui&period; Il était l’autorité morale&comma; mais il n’a vraiment pas joué un rôle positif&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Lorsque le M5-RFP demandait la libération de Soumaïla Cissé&comma; est-ce que vous vous attendiez à un échange contre des terroristes &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Nous savions que des conditions allaient être posées&period; On ne s’oppose pas à ce qui a été fait&comma; mais on est en droit de s’inquiéter&period; 230 terroristes libérés&comma; 230 « fous » de Dieu&comma; 230 personnes qui ont tué&comma; massacré dans le pays&comma; qu’on remet dans la nature&period; Ces derniers qui rejoignent les rangs du GSIM &lpar;Ndlr&comma; Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans&rpar;&comma; il y a de quoi avoir peur&period;<&sol;p>&NewLine;<dl class&equals;"spip&lowbar;document&lowbar;114149 spip&lowbar;documents spip&lowbar;documents&lowbar;center">&NewLine;<dt><img src&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;local&sol;cache-vignettes&sol;L600xH315&sol;6-952-83a5a&period;jpg&quest;1604701881" width&equals;"600" height&equals;"315" alt&equals;""><&sol;dt>&NewLine;<dt class&equals;"spip&lowbar;doc&lowbar;titre"><strong>Une foule de manifestants demandant la démission du président IBK &lpar;ph&period; d’archives&rpar;&period;<&sol;strong><&sol;dt>&NewLine;<&sol;dl>&NewLine;<p><strong>Est-ce que vous avez parlé à Soumaïla Cissé depuis sa libération &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Non&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Comment sont vos relations avec lui &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Nos relations sont assez bonnes&period; Il est dirigeant d’un parti&period; Quand j’ai créé EMK avec des amis&comma; il n’était pas là&period; J’étais&comma; moi aussi&comma; sorti de la classe politique que je trouvais complètement déconsidérée&period; Je ne suis pas de la même tendance que lui&period; Je me considère comme un homme de gauche et il n’en est pas un&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Etes-vous serein quant à l’avenir du Mali &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Je ne suis pas serein &semi; parce que nous sommes dans une turbulence qui risque de ne pas finir maintenant&period; Les terroristes&comma; les mouvements des rebelles qui sont rentrés dans le gouvernement&comma; mais en gardant leurs exigences de l’accord d’Alger que je trouve très mauvais pour le Mali&period; Il y a aussi la géopolitique qui se dessine surtout autour de l’Afrique&comma; du Sahel&period; Nos pays recèlent de potentialités énormes dans leur sous-sol&period; C’est ce qui explique toutes ces turbulences&comma; puisque les anciennes puissances coloniales tiennent à garder la mainmise sur nos Etats&period;<&sol;p>&NewLine;<p>D’autres pays comme la Russie&comma; le Brésil&comma; l’Inde&comma; la Chine&comma; la Turquie&comma; la Corée du Sud&comma; l’Afrique du Sud viennent pour les même besoins &lpar;sous-sol&comma; marché&comma; etc&period;&rpar;&period; Comme ces pays sont dans une nouvelle dynamique autre que celle des anciens pays qui ne font pas du donnant-donnant&comma; il y a d’énormes risques que la France et l’Europe perdent progressivement leur place&comma; sauf si elles comprennent qu’elles doivent vraiment travailler avec l’Afrique dans une coopération avantageuse pour les deux parties&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Sinon&comma; les peuples africains n’accepteront plus de se faire gruger&period; Nous en avons mare&period; Pour la situation actuelle du Mali&comma; nous voulons écrire une nouvelle page&comma; nous-mêmes&period; Nous ne voulons plus que ce soit la CEDEAO ou la Communauté internationale qui vienne écrire une page de notre histoire&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Propos recueillis par Jacques Théodore Balima<br class&equals;"autobr"><br &sol;>&NewLine;Lefaso&period;net <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<&sol;div>&NewLine;<p>Source &colon; <a href&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;spip&period;php&quest;article100510" target&equals;"&lowbar;blank" rel&equals;"noopener noreferrer">lefaso&period;net<&sol;a><&sol;p>&NewLine;<p>Faso24<&sol;p>&NewLine;

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