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<p><strong>Il était une fois, un officier burkinabè nommé Yacouba Isaac ZIDA… Ainsi commencent toujours les histoires merveilleuses à conter. Le constat est toutefois que, jusqu&rsquo;à maintenant, ZIDA est le seul candidat à la présidentielle sur lequel on ne raconte que des histoires, farfelues, alors même qu&rsquo;il est reconnu candidat présidentiable comme les douze autres en lisse. </strong></p>
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<p>Du point de vue des ennemis de ZIDA, quelque chose ne tourne donc pas rond : celui que l&rsquo;on nous présente comme l&rsquo;homme politique le plus corrompu et infréquentable depuis la Transition est très officiellement autorisé par la CENI à concourir au poste très honorable de Président du Faso, à côté de douze autres candidats censés plus intègres, politiquement « propres » et irréprochables, dont le président actuel en personne. Un voleur corrompu et criminel admis dans cercle privilégié des vertueux intègres pour être président du Faso : quel scandale !</p>
<p>Mais c&rsquo;est un faux scandale en réalité, pour nous et pour n&rsquo;importe quelle intelligence ; car ZIDA officiellement admis comme candidat présidentiable veut dire qu&rsquo;il n&rsquo;est justement pas le voleur criminel corrompu qu&rsquo;on a servi aux esprits étriqués et pseudo-vertueux à la Trump jusqu&rsquo;à maintenant ! sauf si l&rsquo;on pense que la CENI qui a reconnu en ZIDA un possible futur président en autorisant sa candidature est une instance corrompue et hors-la-loi en faveur d&rsquo;un hors-la-loi, d&rsquo;une part ; ou sauf si, d&rsquo;autre part, on se convainc que cette même CENI ne sert qu&rsquo;à collecter 25 millions CFA de n&rsquo;importe quel citoyen sans aucune considération de la loi constitutionnelle et de l&rsquo;éthique politique !</p>
<p>Alors, pourquoi des « autorités » disent-elles arrêter ZIDA s&rsquo;il regagnait son pays ? Et de quel droit l&rsquo;arrêter si une instance légale comme la CENI ne lui reproche aucune illégalité criminelle mais lui permet au contraire de pouvoir s&rsquo;installer un jour, de nouveau, à Kossyam ? N&rsquo;y aurait-il pas deux lois, deux juridictions opposées au Burkina Faso, dont l&rsquo;une autorise et légitime, pendant que l&rsquo;autre arrête et emprisonne : tout comme il y avait dans ce pays deux armées, dont l&rsquo;une est régulière et l&rsquo;autre ( RSP) en dehors et au-dessus de la loi ?</p>
<p>Toujours est-il que « les autorités burkinabè » ont forgé un double discours et une double posture concernant Yacouba Isaac ZIDA qu&rsquo;elles enferment dans une situation ubuesque ; un discours qui brille par son flou, ses incohérences et son manque de courage peu digne d&rsquo;une vraie autorité, navigant sournoisement entre l&rsquo;officiel et l&rsquo;officieux, comme si nous n&rsquo;étions pas dans un Etat de liberté :<br class="autobr"><br />
Officieusement, en effet, il est dit qu&rsquo;on va « arrêter » ZIDA s&rsquo;il revient au Burkina ; mais officiellement, il est dit « libre » de regagner son pays, comme n&rsquo;importe quel exilé, comme si tous les exilés burkinabè voulaient, comme ZIDA, revenir d&rsquo;eux-mêmes au Faso : ZIDA n&rsquo;est pas François ou Blaise COMPAORE, il n&rsquo;est pas Fatou DIENDERE, pas Assimi KOUANDA… De grâce, il y a exilé et exilé, ne les confondons pas si vite ; on connaît les vrais fuyards, ceux qui ne sonneront jamais à la porte du Faso pour y revenir, encore moins pour être président(e)…</p>
<p>De même, officieusement, ZIDA reste un militaire déserteur qui devra rendre des compte à la loi militaire, mais très officiellement pourtant, par un décret présidentiel du 17 janvier 2016, il est radié des forces armées burkinabè à compter du 26 février 2016 : autrement dit, « les autorités » burkinabè sont dans l&rsquo;attente, si ZIDA revient au Burkina, de poursuivre un citoyen démilitarisé devant un tribunal militaire, comme si le décret présidentiel était nul…</p>
<p>Mais c&rsquo;est aussi précisément parce qu&rsquo;il n&rsquo;est plus militaire que M. ZIDA a pu être autorisé à se présenter à la présidentielle, puisque la loi l&rsquo;aurait interdit à un militaire ! Très curieusement, dans un pays où personne ne veut plus de militaire dans la politique, la loi militaire est donc plus que jamais au pouvoir, elle a tout pouvoir d&rsquo;arrêter et poursuivre même un citoyen devenu un présidentiable civil, au nom de la légalité militaire !&#8230;</p>
<p>Une loi militaire qui harcèle un civil, sortant donc de son domaine ou ordre de validité pour demander des comptes à des citoyens civils, mais permettant à des généraux nettement plus criminels de conserver leurs galons et treillis : cela est une rémanence, les tristes restes et héritage de la logique RSP et de l&rsquo;omnipotence de ce corps armé dissous ; cela n&rsquo;est pas digne d&rsquo;un Etat de liberté. Les militaires ne sont plus au pouvoir au Burkina Faso, mais la loi militaire l&rsquo;est bel et bien, le droit commun et public est soumis et subordonné à cette loi en treillis : voilà pourquoi un ZIDA peut à la fois être candidat présidentiable civil, mais arrêté et poursuivi comme militaire, un militaire qu&rsquo;il n&rsquo;est officiellement plus !&#8230;</p>
<p>La justice ? oui, mais à condition qu&rsquo;elle soit juste ! Nous ne voyons l&rsquo;ombre d&rsquo;aucune justice dans le semblant de fermeté des « autorités burkinabè » contre ZIDA : quand on n&rsquo;a pas l&rsquo;habitude d&rsquo;être ferme et rigoureux, on ne peut qu&rsquo;être fermé et rugueux en s&rsquo;y essayant, en s&rsquo;y risquant. La fermeté n&rsquo;est pas la fermeture entêtée à la Trump ; être ferme n&rsquo;est pas être fermé et borné…</p>
<p>La vraie Justice a un visage reconnaissable, un discours unique, pas un double discours tordu et biaisé, illisible ; car un double discours n&rsquo;est jamais juste, il ne peut pas être droit s&rsquo;il est biaisé : le même ZIDA ne peut pas être à la fois militaire et civil, présidentiable comme l&rsquo;actuel président du faso mais criminel et corrompu, anti-RSP mais au service du RSP même dissous, sankariste et voleur corrompu, soldat d&rsquo;élite du RSP voué et habitué hier à des missions périlleuses et aujourd&rsquo;hui sans courage et « peureux » quand il s&rsquo;agit de revenir au Faso. Le ZIDA qu&rsquo;on nous sert depuis la révolution de 2014 est un individu littéralement monstrueux, une créature anormale, jamais rencontrée dans le paysage politique burkinabè : comment pourrait-on être juste envers un monstre ?</p>
<p>Quatre faits sont pourtant têtus, concernant ZIDA, et interdisent de parler de son arrestation : 1/ Le Canada n&rsquo;a jamais donné suite à la demande des juges d&rsquo;instruction burkinabè qui souhaitaient s&rsquo;y rendre pour entendre l&rsquo;ex-président et premier ministre ZIDA. 2/ L&rsquo;audit de la Transition ne l&rsquo;a jamais personnellement mis en cause, encore moins accusé de malversations (la cabale des parcelles a bien fini par faire pschitt). Et combien de politiciens ne continuent-ils pas d&rsquo;utiliser aujourd&rsquo;hui comme hier leurs statuts pour faire des affaires en famille, pour octroyer des marchés à des proches ? 3/ Les recours et plaintes contre sa candidature à la présidentielle qui voulaient singer la démarche juridique d&rsquo;un brillant petit frère contre les candidatures CDP en 2015 ont été déboutés et rejetés. 4/ Et donc l&rsquo;autorisation et la légalité même de la candidature de ZIDA à la présidentielle du 22 novembre 2020</p>
<p>Pourquoi l&rsquo;arrêter alors ? Et si une arrestation de ZIDA était juste et justifiée, pourquoi en faire un discours officieux, double et sournois, immédiatement démenti, dans un Etat de droit ? On ne peut pas à la fois menacer d&rsquo;arrestation un citoyen qui veut retourner dans son pays pour le servir, et raconter au monde entier qu&rsquo;il est « libre » de revenir : de quelle liberté parle-t-on quand on est menacé ? Les « autorités burkinabè » ont tout le droit d&rsquo;entendre un citoyen, mais quand, dans un Etat libre et pas totalitaire, on veut entendre un individu, on l&rsquo;invite par une convocation à se présenter pour affaire le concernant, on ne le menace pas d&rsquo;arrestation ! On ne prononce pas de sentence, on n&rsquo;applique pas de verdict avant de juger un citoyen même le plus terroriste ! Le réflexe totalitaire inséminé et incrusté dans notre pays pendant de longues années de dictature n&rsquo;a donc pas disparu…</p>
<p>Les guillemets qui entourent ici « les autorités » entendent dénoncer l&rsquo;anonymat de telles autorités : qui sont ces « autorités » qui disent vouloir « arrêter » le maintenant présidentiable ZIDA à l&rsquo;aéroport de Ouagadougou ? Le président du Faso ? Des procureurs militaires ou civils ? QUI sont-elles, et QUE sont-elles ? Une autorité ne se cache pas pour menacer en aparté et en coulisses, comme des puissances divines chthoniennes terrifiantes tapis dans l&rsquo;ombre, comme une épée de Damoclès éternellement et inutilement suspendue au-dessus de la tête de quelqu&rsquo;un qu&rsquo;on dit « fuyard » et « déserteur », donc suspendue dans le vide ! Alors qu&rsquo;il y a des terroristes à arrêter et enfermer. Alors qu&rsquo;il y a des voleurs gras et corrompus qu&rsquo;on libère…<br class="autobr"><br />
Que ces mêmes « autorités » daignent alors aussi expliquer aux Burkinabè et à la nation aujourd&rsquo;hui (car c&rsquo;est une affaire nationale , et pas un conflit personnel entre ZIDA et quelque quidam autoritaire ou en mal d&rsquo;autorité ) pourquoi elles… autorisent celui-là même qu&rsquo;elles disent « arrêter » et jeter en prison à être candidat pour occuper le poste suprême de président du Faso !</p>
<p>Une chose nous console et conforte : la fabrication gratuite d&rsquo;ennemis n&rsquo;a jamais prospéré en politique, n&rsquo;a jamais réussi à couvrir et masquer les errements d&rsquo;une politique petite, dans notre pays comme ailleurs. Les exemples sont nombreux et proches : la défaite encore fumante du président américain (quelque part plus africain qu&rsquo;il n&rsquo;a pensé et dit de l&rsquo;Afrique, dans sa façon de contester l&rsquo;incontestable, et d&rsquo;inventer l&rsquo;introuvable pour conserver le pouvoir !) ; en RDC, Kabila avait tout fait et inventé pour empêcher Katumbi Chapwe de rentrer à Kinshasa pour se présenter aux élections présidentielles : ce dernier vient d&rsquo;y faire son retour, accueilli comme un président par une population en liesse dès sa descente d&rsquo;avion ; l&rsquo;histoire politique ivoirienne de ces dix dernières années est édifiante :<br class="autobr"><br />
Gbagbo avait fabriqué une victime et un ennemi nommé Alassane Ouattara, on sait comment cela s&rsquo;est terminé pour lui ; aujourd&rsquo;hui c&rsquo;est Ouattara lui-même qui se fabrique à son tour des ennemis parmi ses anciens alliés mais, en réalité, ne fait que réhabiliter politiquement et rendre plus célèbres encore ceux d&rsquo;entre eux qui, selon lui Ouattara, n&rsquo;avaient leur place qu&rsquo;en prison…</p>
<p>Malheur donc à ceux qui se fabriquent des ennemis gratuits et des victimes en politique ! Et malheur aux justiciers injustes ! Aux procureurs des ténèbres, qu&rsquo;ils soient en cravate, en faso dan fani ou en treillis, malheur ! Cela ne veut pas dire que des politiciens seront assassinés ou emprisonnés un jour ; cela veut dire que même en trente années de pouvoir personne ne se souviendra de leur action, car insignifiante.</p>
<p>Récemment encore, au bord de l&rsquo;océan indien, à Mbezi Beach, à Dar es Salam, au pays de Nyerere en plein élections, je me présente à un jeune pêcheur curieux de savoir d&rsquo;où je viens : le Burkina Faso, il ne peut le situer ; Blaise Compaoré, il ne connaît pas ; mais Thomas Sankara, « oh yes, this one », celui-là oui, il connaît… Pour éviter l&rsquo;anonymat, il ne suffit pas de gouverner 5, 10 ou 30 ans ; 3 mois ou 2 ans de pouvoir peuvent suffire à conjurer la petitesse politique et faire autorité. Malheur et honte aux Trump africains…</p>
<p>On a passé 4 ans à gaver l&rsquo;opinion avec la « fuite » prétendue de ZIDA, alors qu&rsquo;on l&rsquo;a poliment escorté à l&rsquo;aéroport pour partir ; aujourd&rsquo;hui il dit rentrer au pays et se présenter de lui-même au tribunal militaire, mais on brandit des menaces d&rsquo;arrestation et de prison : c&rsquo;est qu&rsquo;on ne veut pas qu&rsquo;il revienne dans son pays, et surtout pas pour être de nouveau président. On le menace parce qu&rsquo;on a peur de son retour. Voilà la réalité…</p>
<p>Il y a cinq ans personne ne pariait sur le retour de ZIDA au Burkina, et encore moins sur son retour à la politique ; tout le monde disait que sa carrière politique était définitivement condamnée, finie et close. Mais aujourd&rsquo;hui, ZIDA est un candidat présidentiable comme les autres, avec une bonne partie de la population et surtout des jeunes qui soutiennent sa candidature : c&rsquo;est cela qui fait peur.</p>
<p>Ceux qui ont passé cinq ans à l&rsquo;insulter et vilipender ont évidemment peur qu&rsquo;il revienne les gouverner, ils ont peur de devoir raser les murs s&rsquo;il redevenait président, ils ont peur d&rsquo;avoir honte, et d&rsquo;avoir à s&rsquo;excuser, peur de représailles, même si lui-même ne parle que de paix ; ils ont peur qu&rsquo;il se venge d&rsquo;une certaine manière en revenant aux affaires. Mais leurs peurs et menaces ne font qu&rsquo;accroître sa côte et sa popularité, car le peuple lui, s&rsquo;il ne s&rsquo;y connaît pas en Droit et Justice, voit le juste : il ne reviendra donc pas, c&rsquo;est sûr, comme volontaire de défense de la patrie (VDP), mi-soldat mi-civil, pour montrer qu&rsquo;il est patriote, non, il reviendra comme président du Faso…</p>
<p><strong>Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE</strong></p>
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