Ceci est une déclaration du syndicat national des travailleurs de l’éducation de base. Le Synateb dénonce un mépris de leur ministère de tutelle à l’endroit des organisations syndicales qui se déroulerait également dans un contexte de dénigrement et de répression. Lisez !
Camarades militantes et militants
Camarades sympathisantes et sympathisants
Travailleuses et travailleurs de l’éducation de base
Le mardi dix (10) novembre passé, le Ministère de l’Education Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN) rendait publique la lettre N° 20-1620 du 10 novembre 2020 portant « non tenue des conférences au titre de l’année 2020 ».
Par cette note, le MENAPLN nous informait « qu’en raison des restrictions budgétaires consécutives à la survenue de la pandémie de la COVID 19, les différentes conférences, initialement organisées chaque année au profit des personnels enseignants, des encadreurs, des personnels au bureau et des personnels d’administration et de gestion ne pourront être tenues cette année 2020 ».
Par la présente, le Syndicat National des travailleurs de l’Education de Base (SYNATEB) fait le constat une fois de plus du mépris de nos organisations syndicales par le MENAPLN et condamne énergiquement cette remise en cause d’un de ses acquis majeurs.
Camarades
Cette note ministérielle vient mettre fin à l’unique cadre de formation continue qui restait encore aux travailleurs de l’éducation. Elle remet en cause un acquis de plusieurs années de luttes, de sacrifices dans un contexte de dénigrements et de répressions. Pire, elle enlève aux personnels de l’éducation de base le seul moyen de se perfectionner pour faire face aux différents défis pédagogiques.
En rappel, les conférences pédagogiques, les Groupes d’Animation Pédagogique (GAP) et les stages de recyclage étaient les cadres historiques de formation continue et de renforcement des capacités des enseignants, surtout ceux du primaire.
En effet, c’est à travers ces cadres que les personnels de l’enseignement primaire affinaient leur théorie et perfectionnaient leurs pratiques pour faire face, non seulement aux attentes de leurs élèves mais aussi aux différentes innovations qui sont légion dans le milieu scolaire. GAP, conférences pédagogiques et stages de recyclage étaient des moments d’intenses réflexions, d’échanges fructueux, de partages d’expériences entre jeunes enseignants et enseignants expérimentés.
Mais ces cadres de renforcement des capacités se tenaient dans des conditions difficiles, voire exécrables. Aucune prise en charge n’était prévue pour les enseignants qui parcouraient pourtant de grandes distances à cet effet et menaient des recherches pour relever les défis de qualité qui se présentent à eux.
C’est pourquoi, dès sa création en 1995, le SYNATEB va faire de l’amélioration des conditions de tenue de ces cadres, son cheval de bataille. Il inscrira dans sa plateforme revendicative « la prise en charge de toutes les sessions de formation (conférences pédagogiques, GAP, stages de recyclage) » et engagera diverses actions de luttes pour son aboutissement. Cette revendication finira par être satisfaite en 2008 avec la prise d’arrêtés organisant les GAP et les conférences pédagogiques. Dès lors, le ministère travaillera à retirer de la main gauche ce que le SYNATEB a arraché de la main droite.
Les programmes des GAP, jadis élaborés par les enseignants en fonction de leurs besoins seront désormais pris en otage par certaines CEB pour faire bénéficier à des encadreurs pédagogiques, ceux-là mêmes qui ont réprimé les militants du SYNATEB (qui se battaient pour la prise en charge des sessions de formation) des frais inhérents aux exposés qu’ils présentaient. Les GAP qui étaient des occasions d’amélioration des compétences devinrent des moments d’exposés théoriques froids et ennuyeux.
Les conférences pédagogiques aussi subirent une mutation négative. Elles devinrent des cadres de présentations d’innovations pédagogiques qui nécessitaient des formations conséquentes. Quant aux stages de recyclage, elles furent purement et simplement suspendues sans aucune explication.
L’acharnement du ministère contre les cadres de formation va se poursuivre et s’intensifier avec la suppression des GAP jugés inefficaces en 2012 et leur remplacement par des stages de formation à raison de trois (3) sessions de quatre (4) jours chacune par an. Mais ce cadre de formation n’aura lieu seulement qu’en 2015 et de surcroit en une session unique.
Les travailleurs de l’enseignement primaire viennent donc de perdre coup sur coup deux (2) importants cadres de formation continue.
Pour ce qui est de la conférence pédagogique, le ministère mènera plusieurs tentatives de suppression mais la vigilance et la ténacité du SYNATEB permettront de préserver cet acquis et surtout de le renforcer par la prise en compte d’autres personnels du ministère. Mais, prétextant les restrictions budgétaires liées à la COVID 19, le MENAPLN veut parachever son œuvre de saccage d’une éducation déjà malade en privant les personnels du seul cadre de perfectionnement dont ils disposent. Car, il n’est un secret pour personne que la formation continue est le moyen le plus efficace pour une éducation de qualité.
Outre le prétexte fallacieux invoqué, nous rappelons pour la propre gouverne du super ministre que la règlementation en vigueur fixe la conférence au premier trimestre de chaque année scolaire. Pour des raisons certainement de mauvaise planification et d’exécution budgétaire, le ministère organise très souvent les conférences en année (N + 1), cela avec un minimum de concertations avec les syndicats. D’où nous vient donc le fondement du dialogue social que chantent à longueur de journée nos autorités ?
Camarades
C’est pourquoi le SYNATEB refuse d’être complice de cette forfaiture dont la seule motivation est le mépris du pouvoir MPP vis à vis de l’éducation et de son personnel. C’est avec dédain que le ministre actuel se fait le bourreau des personnels de l’éducation et des intérêts de l’école burkinabè. Pendant qu’on évoque les restrictions budgétaires pour justifier la non tenue des conférences, les cadres du MENAPLN ne manquent pas de ressources financières pour organiser ateliers et séminaires dont la pertinence reste à vérifier. En toute transparence, que le ministère informe l’opinion publique de la somme totale affectée aux ateliers et séminaires pour le compte de l’année 2020.
En tout état de cause, le SYNATEB appelle ses militants et sympathisants à se mobiliser pour barrer la route à cette attaque de trop du gouvernement contre leurs intérêts et ceux des enfants burkinabè.
Le SYNATEB prend à témoin l’opinion nationale sur toute éventuelle dégradation du climat social au sein du ministère si cette question des conférences pédagogiques n’est pas réglée avec diligence.
Vive le SYNATEB !
Vive le Syndicalisme Révolutionnaire de Lutte des Classes !
Pour la défense ferme de l’école burkinabè, Mobilisation et Lutte !
Pour le pain et la liberté, la lutte continue !
Ouagadougou le 19 novembre 2020
Pour le Bureau National
Le Secrétaire Général
François de salle YAMEOGO
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