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Sport : Ibrahim Barro, l’étalon du sprint 400m à Taïwan

Ibrahim Barro, un nom à retenir entre autres dans le domaine de l’athlétisme burkinabè à l’international tout comme Hugues Fabrice Zango ou encore Marthe Koala. La particularité de Ibrahim ? Il commence le sprint de 400m à l’âge de 24 ans, alors qu’il venait d’arriver à Taïwan pour ses études de génie civil, histoire de ne pas s’ennuyer dans sa chambre d’étudiant après les cours. Aujourd’hui, il est classé 3e au niveau national en Taiwan.

Il est de ces talents qu’on se surprend soi-même à découvrir à un certain âge, enfouis comme un trésor en nous. Certaines situations peuvent favoriser leur éclosion ou leur découverte souvent surprenante pour nous-mêmes. Ils sont nombreux ces talents qui se découvrent eux-mêmes dans des situations x données. Ibrahim Barro, jeune étudiant en fin de cycle en génie civil à Taïwan, fait partie de ceux-là.


L’histoire du natif de Bobo-Dioulasso avec le sprint 400m, puisque c’est son domaine de prédilection, commence en 2013 après son arrivée sur l’Île de Formose.

Habitué à la chaleur humaine propre aux Africains, l’ancien élève du Lycée Ouezzin Coulibaly va vite se sentir esseulé : études (cours)-maison. Après avoir tenté le basket ball et le football, ce sera finalement du sprint 400m que le jeune Ibrahim va tomber amoureux. Toujours curieux, il va rechercher un club d’entraînement au sein de son université. Et son test ébahit le coach du club en question, plus que Ibrahim lui-même qui ne cherchait qu’un temps de divertissement : il fera 53 secondes. Il avait 22 ans à l’époque !


Classé 3 au niveau national (Taïwan)

L’année 2015 sera une année sombre pour le jeune amateur, puisqu’il sortira bredouille de sa première participation à la compétition inter-universitaire à Taïwan.

Ibrahim ne jette pas pourtant l’éponge si vite. Il regarde sur YouTube les techniques d’entrainement, s’améliore et remporte l’année suivante la première place dans sa catégorie, en l’occurrence le sprint 400m. La suite s’enchaîne comme ce résumé :

• 2015 : 53 secondes puis 52 secondes en compétition

• 2016 : 49, 26 secondes

• 2017 : 48,90 secondes

• 2018 : blessure

• 2019 : 48,45 secondes

• 2020 : 48,09s arrondis à 48,10 secondes

Aujourd’hui, l’un des rêves d’Ibrahim est d’arriver à battre son propre record, lui-même classé 3e au niveau national (Taïwan) les professionnels y compris. Toujours est-il qu’il n’est pas toujours aisé de concilier sport et études. Mais son secret à lui : s’entraîner les soirs et la hargne de se surpasser, même s’il n’a pas de coach, et c’est son souhait le plus vif d’en avoir un.


Silence des médias et du gouvernement burkinabè

Et à la question de savoir pourquoi les médias burkinabè parlent rarement de lui, il ne saurait lui-même l’expliquer mais il sait néanmoins qu’il a fait la Une de certains journaux au Burkina en 2017. Il sait également que les médias taiwanais lui font une grande place à chacune de ses sorties. Quant aux autorités sportives du Burkina, il confie ne recevoir aucun soutien. La grande question reste posée : faut-il attendre que les jeunes athlètes burkinabè émoustillent la scène internationale pour daigner avoir un clin d’œil de la part des autorités ?

Qu’à cela ne tienne, Ibrahim a un mot pour les jeunes qui hésitent encore à se lancer :

« Je leur dirais de ne pas hésiter, de na pas douter de soi-même, on a du talent ; j’ai vraiment commencé à m’entrainer à l’âge de 24 ans. Il n’est pas trop tard. Et voici qu’à 29 ans, j’arrive à faire de belles performances. Et puis le travail aussi paye. On peut être doté de talents naturels, mais il faut travailler dur. »


Son cri de cœur aux autorités est sans équivoque : « Je les prie de vraiment écouter la jeunesse burkinabè. Elle se voit capable, elle n’a besoin que de soutien, juste un coup de pouce et on fera des merveilles. Les dirigeants doivent faire confiance à cette jeunesse. »

Et à défaut justement de soutien pour les services d’un coach entre autres, Ibrahim se verra obligé d’arrêter sa prometteuse carrière d’athlète pour se consacrer à son autre passion : le génie civil.

Le cas d’Ibrahim pourrait constituer un défi parmi tant d’autres pour nouvelles autorités qui prendront d’ailleurs fonction bientôt au lendemain des élections présidentielle et législatives.

Yéroséo Kus, pour Lefaso.net

Source : lefaso.net

Faso24

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