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Soutenance de mémoire : Maïmounata Keré analyse le travail de deuil et au stress post-traumatique chez des déplacées internes

Le cycle de master de recherche et intervention psychologique de l’Université Joseph-Ki-Zerbo a ouvert les soutenances de mémoire de sa toute première promotion, le mardi 15 décembre 2020. C’est Maïmounata Marie Béatrice Keré, étudiante en psychologie clinique, qui a inauguré ces soutenances avec son thème « Travail de deuil et trouble de stress post-traumatique chez trois femmes déplacées internes à Barsalogho suite à des conflits intercommunautaires et attaques terroristes ». Cette soutenance inaugurale a été présidée par le Pr M’Bra Kona François de la Côte-d’Ivoire.

C’est sous la direction du Dr Sébastien Yougbaré, maître de conférences de Psychologie clinique et psychopathologie, que Maïmounata Marie Béatrice Keré a préparé son mémoire de master de recherche et intervention en psychologie. Pour ses recherches, l’impétrante a choisi de travailler sur le thème « Travail de deuil et trouble de stress post-traumatique chez trois femmes déplacées internes à Barsalogho suite à des conflits intercommunautaires et attaques terroristes ». Un thème qui lui a valu la mention Très bien à la fin de son exposé, qu’elle a « brillamment réussi », selon le jury présidé par M’Bra Kona François, professeur titulaire de Psychologie du travail et des organisations de l’Université Félix-Houphouët-Boigny de Côte-d’Ivoire.

Le jury avec au milieu le Pr M’Bra Kona François de la Côte-d’Ivoire

Pour Maïmounata Keré, le deuil renvoie à une souffrance affective, psychologique et émotionnelle, créée par la perte d’un être cher. « Le processus pour minimiser les souffrances liées à la perte implique un travail, nommé Travail de deuil par Freud », explique-t-elle. C’est donc un processus progressif douloureux, note Maïmounata Keré, pour parvenir non seulement à l’intégration de l’évènement dans le psychisme à travers une prise de conscience de la perte réelle de l’objet, ce qui va favoriser « le processus de désinvestissement du défunt ».

Plus précisément, il s’est agi, pour l’impétrante, d’analyser l’impact de la dynamique de trouble de stress post-traumatique suite aux conflits communautaires et son effet sur le travail de deuil qui permet la résilience sociale. De son étude, il ressort que le travail de deuil chez les femmes endeuillées et déplacées internes de Barsalogho est entravé par la sévérité du stress post-traumatique, les symptômes de réviviscence et d’hyper-activation du trouble de stress traumatique, le traumatisme caractérisé par la menace ou la reproduction à long terme d’événements critiques et enfin le type d’attachement qui avait été établi avec le défunt et principalement « l’attachement de type ambivalent ou anxieux-dépendant ».

Parents, amis et camarades de classe, venus assister à la soutenance

Pour le président du jury, le sujet choisi par l’étudiante est d’actualité, parce que, dit-il, « tout le monde sait les conséquences perverses que les violences qui ont cours dans notre sous-région font courir à la population ». Pour atténuer les souffrances qui découlent de ces violences, il trouve important que les spécialistes et les techniciens prennent leur part de responsabilité.

Pour lui, « face à la perte d’un être cher, nous sommes déséquilibrés, bouleversés. Les émotions sont fortes et si on n’y prend garde, l’intéressé peut tomber dans la psychose, une désaltération plus profonde de sa personnalité. Mais en intervenant pour l’aider, les conséquences de la souffrance psychique peuvent être atténuées et cela favorisera le travail de deuil et par ricochet la résilience, c’est-à-dire l’adaptation ou la réadaptation sociale des sujets victimes. C’est sous ce ton que le travail réalisé présente une grande importance ».

A l’issue de sa recherche, des indications psychothérapeutiques ont été élaborées par l’impétrante. Elle préconise le dégagement de l’impact traumatique, c’est-à-dire « un travail de décochage psychique et émotionnel fondé sur la verbalisation libre des aspects relatifs au traumatisme ». Le travail de Maïmounata Keré a été jugé très satisfaisant par le jury qui a décidé de lui octroyer la moyenne de 17/20, correspondant à la mention Très bien.


Les soutenances de cette première promotion vont jusqu’en 2021

Le responsable pédagogique de master de recherche et intervention psychologique, Dr Léopold Badolo, a souligné que les soutenances se dérouleront jusqu’en 2021 et marqueront la fin de la formation de la toute première promotion de master de recherche et intervention psychologique de l’Université Joseph-Ki-Zerbo.

Il explique qu’avant l’ouverture du cycle, il y a eu d’abord un processus de construction des programmes et que la validation de ces programmes est passée par plusieurs étapes. « Il y a eu des va-et-vient, des remises en cause, des soucis de personnel. Et depuis 2011, le processus est en cours pour aboutir, en 2017, au démarrage des activités pédagogiques avec la première promotion », a-t-il expliqué.

Le Dr Léopold Badolo, responsable pédagogique de master de recherche et intervention psychologiques

Il indique que pour chaque promotion, ce sont 20 étudiants qui sont recrutés et formés pendant deux ans pour sortir avec le master. « C’est un moment de satisfaction parce que les résultats de tous les efforts qui ont été déployés dans la mise en œuvre de ce processus, commencent à être récoltés », s’est-il réjoui.

L’impétrante du jour a aussi laissé voir la joie qui l’anime. « Après cette soutenance, c’est un sentiment de satisfaction qui m’anime et je tiens à réitérer mes remerciements à nos enseignants qui se battent pour que la filière puisse se développer au Burkina Faso. Mon projet, c’est de pouvoir poursuivre une thèse en Psychologie clinique et psychopathologie », a confié Maïmounata Keré.

Etienne Lankoandé

Lefaso.net

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