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Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

Notre confrère Afrikibaria.com a créé la polémique hier 17 décembre 2020 en républiant un article de 2017. Il porte sur le cas de Soro Rasmané, un « ancien » tirailleur sénégalais dont la France semble avoir oublié son cas. L’article a fait le buzz sur les réseaux sociaux et contraint l’ambassade de France au Burkina à réagir.

Burkina Faso : Soro Rasmané, ou le grand oublié des tirailleurs encore vivant. C’est le titre de l’article. En voici le contenu : « De 1945 à 1954, la guerre d’Indochine oppose la France au Vietminh, le front de l’indépendance du Vietnam. Les tirailleurs y sont envoyés pour renforcer l’armée française en manque d’effectifs,parmi eux, Soro Rasmane, ancien combattant du côté de l’armée française, il aura fait la bataille de Diên Biên Phu au côté de la France en Indochine, ce vieux réside actuellement au secteur numéro 03 de la commune de Gourcy, il y est avec sa famille, dans des conditions dépravantes, puisqu’il n’a pas de revenus à la fin du mois, donc pas de pensions pour lui.

Ce titulaire d’un brevet militaire parachutiste français depuis les années 1961 aura contribué à l’effort de guerre,de Dakar en passant par l’Algérie, Monsieur Soro, raconte avoir vécu des moments de chocs, j’ai vu des morts, beaucoup de morts, dit-il, mais aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir combattu pour rien, évaluez ma situation, et voyez de quoi j’ai l’air, un vulgaire alcoolique sans salaire, renchérit-il.

« Depuis qu’il est là à Gourcy, il circule et demande des miettes aux gens » déclare un témoin de la place qui a préféré garder l’anonymat.


D’après un témoin parmi tant d’autres, très proches de l’homme, il n’a jamais touché sa pension depuis qu’il est là, ce sont ces collègues anciens combattant qui, après avoir perçu leurs salaires, font des cotisations pour le lui donner, alors, se demande t-on, pourquoi le vieux Soro n’a pas de pension ?

N’est-il pas reconnu comme ancien combattant ? À cette réponse, nous dirions non !, puisqu’il détient un papier signé par le ministre des armées français, attestant conformément au loi en vigueur de l’époque, qu’il était parachutiste français, alors pourquoi c’est lui, qui ne perçoit rien comme revenu salariale, alors qu’il a participé activement à l’effort de guerre pour le colon ? L’ambassade de France est interpellée. Voir lien de la publication ici https://www.facebook.com/afrikibaria/posts/3740978412611789

Les précisions de l’ambassade

L’ambassade de France, interpellée, a réagi à travers un communiqué de presse, ce 18 décembre 2020 et signé du deuxième conseiller, Nicolas Courtin. Le contenu du document : « L’ambassade de France au Burkina Faso a été interpellée, le 17 décembre, sur la page Facebook du site Internet burkinabè Afrikibaria.com, par un article concernant Monsieur Soro Rasmane. Par la suite, celui-ci a largement été diffusé sur les réseaux sociaux. Sous le chapô : « La situation du vieux Soro Rasmane depuis trois (03) ans est-elle résolue ou toujours dans l’impasse ? », l’article intitulé : « BURKINA FASO : Soro Rasmane, ou le grand oublié des tirailleurs encore vivant », daté de 2017, revient sur le parcours de vie, supposé, de cet homme au sein de l’armée française et demande justice et réparation.

Après consultation et demande d’informations à la Direction des Anciens Combattants et Anciens Militaires (DACAM) à Ouagadougou, il nous a été indiqué que M. Soro appartenait à la classe 1957 et qu’il avait été affecté uniquement à Dakar au Sénégal. Il n’aurait jamais fait de campagnes militaires françaises pouvant justifier l’attribution de la carte du combattant. Stationné à Dakar, il n’aurait ainsi jamais pris part aux conflits ou opérations dans lesquels les forces françaises ont pu être engagées. Aucune démarche relative à la reconnaissance du statut d’ancien combattant et de demande de pension correspondante n’a été déposée par M. Soro auprès des autorités burkinabè (DACAM) ou françaises (Consulat de France).

Des renseignements ont également été pris auprès du Président des Anciens Combattants de Gourcy. Nous avons malheureusement été informés du décès de M. Soro, il y a deux ans. D’après le Président des Anciens Combattants de Gourcy, il avait introduit, il y a trois ans, ce qui correspond au reportage publié aujourd’hui, une demande d’aide sociale et médicale. Ne détenant pas de carte du combattant, il avait été débouté de sa demande.


La question centrale, posée par l’article : « N’est-il pas reconnu comme ancien combattant ? », appelle quelques précisions. Posséder un brevet militaire parachutiste de la République Française n’implique pas automatiquement l’obtention du statut d’ancien combattant de l’armée française. Seul un militaire ou une personne civile qui a pris part à un conflit dans lequel la France est ou était engagée peut faire reconnaître son statut d’ancien combattant. La carte de combattant, le titre de reconnaissance de la Nation, la carte d’invalidité des pensionnés de guerre ouvrent des droits, comme par exemple le versement de la retraite du combattant.

La carte du combattant est attribuée, sur leur demande, aux personnes qui justifient de la qualité d’ancien combattant. Il peut s’agir de militaires ou de personnes civiles, de nationalité française ou non, résidant ou non en France. Pour justifier de la qualité de combattant, il faut remplir au moins une des conditions suivantes : • Avoir appartenu à une unité reconnue comme combattante pendant au moins 90 jours ; • Avoir subi une longue captivité ; • Avoir été évacué pour une blessure reçue ou une maladie contractée pendant le service dans une unité reconnue comme combattante ; • Avoir reçu une blessure reconnue comme une blessure de guerre par l’autorité militaire ; • Avoir fait l’objet d’une citation individuelle avec croix.

Le journaliste d’Afrikibaria.com aurait pu ou dû s’adresser à la Direction des Anciens Combattants et Anciens Militaires (DACAM), à l’Ambassade ou au Consulat de France, avant de publier son article, afin de recueillir une information à la source, fiable et équilibrée. « 

Lefaso.net

Source : lefaso.net

Faso24

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