Une année s’achève, une autre s’annonce. 2020 a rendu le verdict de ce qu’elle avait comme contenu. Au Burkina, l’on souhaite que 2021 soit meilleure que celle qui vient de s’achever. On peut dire qu’au plan politique, 2020 a été dominée par l’actualité des élections (présidentielle et législatives) dont l’issue sans heurts réjouit plus d’un Burkinabè.
Arrivé avec 57,74% des voix devant douze challengers, Roch Kaboré a été investi le lundi, 28 décembre 2020 à la suite de sa prestation de serment. Quelles heures après, c’est la nouvelle Assemblée nationale, la VIIIe législature, qui s’installait avec pour clou, la désignation de son président, deuxième personnage de l’Etat. Sans surprise, c’est le président sortant, Bala Alassane Sakandé, élu du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti au pouvoir), unique candidat au poste, qui a été reconduit.
L’Assemblée nationale passe de quatorze à quinze partis politiques, avec notamment des absents de la législature précédente (le PAREN, l’ODT, la NAFA, le RDS, le MDA, Le Faso autrement, l’UBN), des progressions (le NTD, le CDP), des régressions (l’UPC surtout), mais aussi des entrées (le Mouvement pour le Burkina du futur, MBF ; le Rassemblement patriotique pour l’intégrité, RPI ; le Parti pour le développement et le changement, PDC ; la Convention nationale pour le progrès, CNP ; Agir Ensemble pour le Burkina Faso, Agir Ensemble ; la Convergence pour le progrès et la solidarité-Génération 3, CPS-G3 ; l’Alliance panafricaine pour la refondation, APR ; les Progressistes unis pour le renouveau, PUR).
L’autre fait marquant, c’est l’échec de nombreux mouvements d’indépendants à entrer à l’Assemblée nationale (cette possibilité n’a été accordée aux indépendants qu’à partir des élections de 2015).
Mais le processus électoral n’a pas été un fleuve tranquille, il a connu plusieurs péripéties ; de la révision du fichier aux modalités de vote des Burkinabè de la diaspora en passant par la reconfiguration de la carte électorale, etc. L’on a en souvenance de cette sortie groupée, le 10 juillet, de la majorité et de l’opposition contre la proposition de l’Assemblée nationale de proroger d’un an le mandat des députés.
C’est d’ailleurs de ces orages que va naître en avril, l’Opposition non-affiliée (ONA), pour se positionner, selon ses géniteurs, comme une « nouvelle voie, un espoir pour le peuple » et entre la Majorité présidentielle (APMP) et le Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF). Au départ opposée à la tenue des élections sans l’intégralité du territoire national, l’ONA va finir par adhérer de fait au consensus dégagé par l’APMP et le CFOP-BF, en prenant part aux élections (du reste, certains de ses membres).
Les préparatifs des élections se font sous fond de suspicions de fraudes, à la charge notamment du parti au pouvoir ou certains de ses partis alliés. Deux cadres d’un parti de la majorité seront d’ailleurs déférés à la maison d’arrêt de Ziniaré, le 17 juin « pour avoir convoyé des femmes par un véhicule étatique pour s’enrôler » dans cette localité.
Cela va sous doute contribuer au durcissement, parfois, du ton dans les discours. On peut retenir entre autres cet avertissement du Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, lancé le 18 novembre à Banfora à la faveur de son meeting régional des Cascades : « S’il y a fraudes, je vais refuser de reconnaître les résultats, et vous savez ce que vous devez faire ».
Ce message propulsé à quatre jours du scrutin a ajouté de la frayeur à l’inquiétude de départ de certains Burkinabè pour ces élections. Ce, d’autant que durant cette année électorale, l’opposition n’a pas, par ses conférences hebdomadaires, été tendre dans ses jugements sur la gestion du pouvoir, appelant ‘’vivement » au scrutin du 22 novembre pour tourner la page Roch Kaboré et son parti.
La ration d’un consensus autour du processus électoral !
Tout comme en 2015, les acteurs politiques en compétition et les autres parties au processus vont, le 26 octobre, signer un « pacte de bonne conduite pour des élections apaisées ». L’ouverture de la campagne électorale (présidentielle et législative) le 31 octobre invite officiellement les treize candidats à la présidentielle et environ 180 partis politiques et mouvements d’indépendants à aller convaincre les populations. La moisson est désormais connue pour chacun.
Même si la proclamation des résultats définitifs les 18 et 20 décembre, respectivement pour la présidentielle et les législatives s’est déroulée dans une atmosphère apaisée, les jours suivants le scrutin du 22 novembre, l’opposition avait déjà pointé un doigt accusateur surtout sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour des insuffisances.
Mais contrairement à ce qui semblait annoncer l’orage, des membres de l’accord politique vont ‘’rapidement » se raviser pour se succéder à Nonsin (quartier qui abrite le siège de campagne du MPP) pour féliciter le président sortant, quelques heures seulement après la proclamation des résultats provisoires par la CENI, le 26 novembre, et après avoir déclaré ‘’prendre acte » desdits résultats. Le reste des candidats a emboîté le pas après la proclamation des résultats définitifs.
Quoique critiquable, le processus électoral a eu l’assentiment de deux grands ensembles politiques à savoir, l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité (APMP) et le Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF) et de bien d’autres forces. Ce qui a certainement permis de parvenir à cette « issue heureuse », évitant ainsi une crise post-électorale, comme cela s’est passée dans des pays africains.
A présent, les Burkinabè ont les yeux tournés vers la formation du gouvernement et ce, en attendant les élections municipales qui devront se tenir dès le premier semestre de 2021.
O.L
Lefaso.net
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