Quelques jours après l’investiture de Roch Kaboré à la présidence du Faso, et en attendant la formation de son gouvernement, Namyougouya Moussa Ouédraogo, représentant de l’opposition politique au Tchad, revient sur les élections et la possible reconfiguration de la scène politique.
Lefaso.net : Comment l’opposition a battu campagne au Tchad et quelles étaient les forces politiques (et candidats) en présence ?
Namyougouya Moussa Ouédraogo : Au Tchad, il y avait principalement le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir : ndlr) et le MCR (Mouvement pour le changement et la renaissance). Comme c’était la première fois que se tenait le vote des Burkinabè de la diaspora, il faut dire que c’était difficile pour nous, dans un pays étranger confronté aux mesures de la Covid-19 qui étaient toujours en vigueur et surtout au problème de Boko Haram qui a encore conduit à certaines mesures particulières.
Donc, il fallait tenir compte de tout cela, si fait que nous avons opté pour le porte-à-porte et le groupe whatsApp pour battre campagne. On envoyait aussi des sms aux amis. Sinon, vu la situation sécuritaire et la Covid-19, nous n’avons pas organisé de grandes réunions de campagne.
Lefaso.net : Les résultats de la présidentielle vous ont-ils surpris ?
Namyougouya Moussa Ouédraogo : Les résultats n’ont pas été trop surprenants, compte-tenu du nombre de candidats et au regard des forces des partis en présence. Si l’opposition avait trouvé un candidat et mis les forces en commun ça pouvait aller au second tour mais comme ça, c’était difficile pour nos partis qui ont peu de moyens pour couvrir tout le pays.
Lefaso.net : Comment accueillez-vous ce verdict final qui reconduit Roch Kaboré ?
Namyougouya Moussa Ouédraogo : Nous accueillons le résultat avec peu d’étonnement. Et au regard du comportement des autres candidats qui ont accepté les résultats, nous sommes contents pour notre pays. Dans tous les cas, c’est notre pays qui gagne et c’est bien pour l’avancée de notre démocratie. Pour nous viendra prochainement, sans doute.
Lefaso.net : Il est connu que la politique a toujours été un des éléments de division des Burkinabè de la diaspora. Ce droit de vote acquis ne va donc pas jouer sur la cohésion des Burkinabè du Tchad ?
Namyougouya Moussa Ouédraogo : Non, non ! Pour ce qui concerne le Tchad, la cohésion sociale est restée et reste intacte. Nous qui sommes à l’extérieur, il nous faut forcément cela (cohésion sociale) et au regard de certaines situations que nous vivons. La politique, c’est une histoire de candidat et surtout de programme politique ou je dirais de programme de société. Donc, nous n’avons pas de problème de personne entre nous. Nous, Burkinabè au Tchad, restons solidaires entre nous.
Lefaso.net : Le Chef de file de l’opposition serait en route pour la majorité présidentielle. Si cela venait à se confirmer, serait-ce une bonne option ?
Namyougouya Moussa Ouédraogo : Ah bon ! Je pense, personnellement, qu’il doit rester dans l’opposition ; cela va mieux contribuer au développement du pays et surtout à l’avancée de la démocratie. Il (Zéphirin Diabré) a déjà beaucoup fait, mais il reste beaucoup à faire. Je ne vois pas la politique comme un moyen pour aller manger ou avoir des postes, mais comme une façon de contribuer au développement de ton pays et de l’Afrique. Rejoindre la majorité, ce serait comme s’il n’était pas convaincu de ce qu’il nous présentait comme programme de développement, comme projet de société pour le Burkina Faso. La bonne démocratie, c’est la majorité et l’opposition, donc il faut une opposition solide. Les autres étaient-là quand lui il était chef de file, je pense qu’il doit rester pour donner force à l’opposition.
Propos recueillis en ligne par O.L.O
Lefaso.net
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