C’est un secret de polichinelle. Les Burkinabè (pas tous évidemment) continuent à banaliser le Covid-19. Il n’y a qu’à regarder de plus près (même à 200m) dans les marchés, les restaurants et bars, les gares routières, les services, etc. On crache à tout-va, on jette les mouchoirs dans les rues, on se sert les mains et le cache nez ou masque de protection traine dans nos poches ou sacs. Il y a certes une sorte de Burn out général qui s’est installé au sein de la population, mais « apprendre à vivre avec la maladie » est loin de ce qui se passe au quotidien.
2020, c’est du passé. Mais pas le Covid-19. Après l’apparition des premiers cas de contamination en mars dernier, le Burkina ne savait plus trop où donner de la tête face à ce virus qui l’a contraint, à l’instar d’autres pays, à prendre une batterie de mesures : couvre-feu, mise en quarantaine de plusieurs villes, fermetures des marchés, maquis et salles de ciné, etc.
Après la psychose vient l’accalmie. Entre le 24 mai et le 31 juillet 2020, le pays qui comptait 53 décès, n’a enregistré aucun mort jusqu’au 1er août. C’était le calme avant la tempête. Cette tempête, elle interviendra au mois de décembre après la campagne électorale. Le non-respect des mesures barrières pendant les meetings présageaient un regain de la maladie. Pas besoin de lire dans une boule de cristal.
Augmentation fulgurante des cas d’infection
En un mois (du 1er au 31 décembre), le Burkina a enregistré 3 766 cas de contamination de Covid-19 soit 756 cas de plus que ce qu’il n’a enregistré entre le 9 mars et le 30 novembre, c’est-à-dire 3 010 cas en 266 jours. Les chiffres sont donc inquiétants et le personnel de santé risque de se retrouver débordé avec les patients sous traitement qui, faut-il le rappeler, sont passés de 169 au 31 octobre à 275 au 30 novembre et enfin à 1 591 au 31 décembre 2020.
En ce qui concerne les décès, les chiffres donnent le tournis. En effet, 17 décès ont été déclarés en décembre contre huit décès en octobre et un décès en novembre. Le 27 décembre était un dimanche noir avec un record de quatre décès déclarés.
Toujours moins de 2000 tests par jour
Du côté des échantillons analysés, notons que les chiffres sont également montés en flèche passant de 11 362 en novembre à 25 850 en décembre. La moyenne des tests réalisés quotidiennement était de 427 en octobre, 379 en novembre et 891 en décembre. Toujours au dernier mois de l’année, retenons que le grand nombre de tests a été réalisé le 23 décembre et était de 1733.
La garde continue
Malgré les chiffres préoccupants, il faut voir le verre à moitié plein. En décembre, le pays a enregistré 2 473 nouvelles guérisons contre 2 667 guérisons en près de neuf mois. Même si une bataille est engagée sur les essais cliniques à base de l’Apivirine, les agents de santé sont toujours au front. Et malgré le Burn out qui risque de s’installer au sein des équipes si aucune prise en charge psychologique adéquate n’est envisagée, les hommes et femmes en blouse blanche veillent.
La plus grande reconnaissance que méritent ces agents de santé, ce ne sont pas des tweets, des « J’aimes » sur Facebook ou des décorations pour service rendus à la Nation. La plus grande reconnaissance que méritent ces « soldats », c’est le strict respect des mesures barrières. Juste ça. Que l’on soit ministre, directeur, journaliste, commerçant, chef coutumier ou religieux, le respect des mesures barrières doit être de rigueur. Même avec l’arrivée d’un vaccin providentiel, cela nous évitera l’hécatombe prédit par les puissances étrangères. Pensons-y.
Lefaso.net
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