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Réconciliation nationale : Plus qu’un souhait, une impérieuse nécessité

Le Burkina Faso, ce n’est pas seulement la patrie où la mort nous vaincrons. Ce n’est pas seulement, le pays des Hommes intègres, des femmes et des enfants hospitaliers. C’est aussi un pays des plaies béantes, des cœurs déchirés. Des Voltaïque ont volé, pillé, détruit des familles voltaïques. Des Burkinabè ont pris le relais et ont fait pire. Aujourd’hui, nous sommes dans le même panier. Pour triompher ensemble, il faut qu’on solde nos comptes. La réconciliation est plus que nécessaire.

Roch Marc Christian Kaboré a du pain sur la planche. Pour son second mandat qui commence, une nouvelle priorité s’ajoute à ses missions. En plus de la lutte contre le terrorisme, le Covid-19, il doit œuvrer à réconcilier les Burkinabè. La réconciliation, c’est une impérieuse nécessité. Les Burkinabè doivent se parler, s’écouter. Dans le contexte actuel, il est impératif qu’on ait les mêmes visions pour le Burkina. Au moins, on doit pouvoir s’accorder sur l’essentiel. On voit bien qu’actuellement, on se comporte à l’image des singes des montagnes. Certains bâtissent la maison, d’autres la détruisent. C’est un éternel recommencement.

Cette réconciliation, si le président arrive à la faire, sera à son honneur. D’autres avant lui ont échoué. Mais en fait, il n’a pas d’autre choix que d’aller dans ce sens. Cela vaut également pour tous les Burkinabè. Sinon, on restera à tourner en rond comme des éphémères en saison pluvieuse. Le pouvoir du MPP et de ses alliés a causé certainement des torts à certains. Si le pouvoir ne s’en rend pas compte, ceux d’en face y pensent.

La réconciliation est une urgence

Il est urgent pour le président d’y aller car on ne sait jamais. Le pouvoir peut lui échapper un jour. Lui et ses camarades vont subir les sbires de leurs tombeurs. Ce sera leur tour de crier sur tous les toits, la nécessité de se réconcilier. On se demandera certainement comment cela pourrait arriver. Blaise Compaoré et ses partisans étaient convaincus qu’ils étaient des indéboulonnables. La suite, on la connaît. Le beau Blaise a trouvé refuge dans sa belle-famille. C’est presque un sacrilège en pays moaga. C’est tout simplement une humiliation. Aujourd’hui, l’ancien parti au pouvoir et ses alliés sont devenus des chantres de la réconciliation.

Le pardon, un remède

Pourtant, Blaise Compaoré et les siens avaient tout pour aller vers cette réconciliation. Mais, ils n’ont rien fait. Ils ont plutôt insulté l’intelligence des Burkinabè. Au cours d’une visite au mausolée de Tiefo Amoro à Noumoundara, nous avons abordé cette question avec un vieux. Il nous a rappelé qu’au temps de la crise Norbert Zongo, le pouvoir d’alors était venu les consulter. Comme remède, les sages avaient prescrit une demande de pardon à la famille du journaliste. Ils seront déçus. En lieu et place, une journée nationale du pardon est organisée. L’initiative était noble. Mais le contenu était vide. On pardonne qui ? Pourquoi ?

Pour qu’il y ait de la réconciliation, il faut de la vérité, de la sincérité

Comme le disait Nacer Behous, une réconciliation faite sur une base de méfiance, est inéluctablement vouée à l’échec. Qu’on ne se trompe pas, la réconciliation est évidemment différente de l’impunité. Pour qu’il y ait la réconciliation, il faut la vérité, la sincérité. Or, on a l’impression que des gens se trouvent trop beaux, trop gros, pour demander « pardon », pour dire la « vérité ». Pour ceux qui sont morts, ils ne revivront plus. C’est sûr. Pour les victimes des crimes économiques et autres, on peut faire des réparations.

Peu importe la gravité, on doit accepter mâcher et avaler son amertume.

On doit arrêter les jeux de cache-cache. Nous ne sommes ni des chats, encore moins des souris. L’on doit regarder vers l’avenir. Les bourreaux doivent se confesser. Les victimes doivent accepter. Dans la tradition, le pardon ne se refuse pas. Peu importe la gravité, on doit accepter mâcher et avaler son amertume. Il arrive que lors d’une réconciliation, on pleure en croquant le cola de la paix. La gorge nouée de douleur, on verse l’eau de l’entente par terre.

S’ils le faisaient, ce n’est pas parce que les coutumiers ne sont pas éclairés. C’est parce qu’ils savent que sans la cohésion, tout est voué à l’échec. Ainsi, aux uns et aux autres, on vous demande de juste tourner la page, pas de la déchirer. Le pardon, est la plus belle fleur de l’histoire…

Dimitri OUEDRAOGO

Lefaso.net

Source : lefaso.net

Faso24

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