C’est Zéphirin Diabré qui a la lourde tâche de conduire les Burkinabè vers la réconciliation. C’est l’homme qui a dirigé l’opposition, qui a renversé le président Blaise Compaoré en octobre 2014. C’est encore lui qui est chargé de le ramener. Lui qui critiquait les actions du gouvernement a l’occasion de mettre en pratique une partie de son programme. Si la réconciliation est noble, l’on se pose des questions sur les capacités de l’homme à mener à bien sa nouvelle mission.
On n’aura pas de tunnel avec Zéphirin Diabré, mais peut-être le bout du tunnel de la réconciliation. Cette mission est lourde. C’est pourquoi légitiment, on se pose des questions sur les compétences réelles du titulaire du poste pour conduire le bateau. Zéphirin Diabré, on ne doute pas de ces bonnes intentions. Seulement, son parcours politique n’est pas à son avantage.
Il faut rappeler que cet homme a eu les milles problèmes du monde pour éviter la dislocation de son parti, l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC). Il a perdu ses principaux cadres avant les élections présidentielle et législatives de novembre 2020. La suite on la connait. C’est une défaite cuisante à la présidentielle. Au niveau des élus nationaux, il a également dégringolé.
Zéphirin Diabré, une gestion du CFOP décriée par certains opposants
L’autre fait majeur se trouve dans sa gestion du chef de file de l’opposition politique. Il était censé être le porte-parole des opposants. Mais, à un moment, des partis membres ont contesté sa légitimité et sa capacité à fédérer les différents partis. Comme conséquence, ceux qui ne se reconnaissaient pas dans l’institution qu’il dirigeait sont allés crées l’Organisations des Non Affiliés (ONA). Ces faits montrent à souhait que l’homme a peut-être un problème de management. C’est une tare qu’il doit forcément travailler à corriger.
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La réconciliation ne doit pas avoir un impact négatif sur la vitalité politique burkinabè
Le sécond bémol de la réconciliation, c’est qu’elle peut avoir un impact négatif sur la vitalité politique burkinabè. L’on sait bien que le premier chantre de la réconciliation, c’est le Congrès pour la démocratie et le progrès. C’est le parti de Blaise Compaoré. Or, il se trouve que dans le même temps, c’est le CDP qui est devenu chef de file de l’opposition politique. En voulant le retour de leurs mentors, le CDP risque de faire profil bas à certains moments. Cet état de fait est mauvais pour la démocratie. L’opposition à priori doit jouer un rôle républicain. Il ne doit y avoir aucune compromission qui nuise à la démocratie.
C’est au pied du mur qu’on reconnait le vrai maçon
Bref, bien que ces inquiétudes soient fondées, l’on espère que le « lion » de l’UPC trouvera les moyens et les ressources nécessaires pour faire oublier ces présents échecs. Du reste, il a répété à plusieurs reprises qu’il était le mieux placé pour réconcilier les Burkinabè.
Il a donc l’occasion de mettre en œuvre ses idées. S’il éprouve des difficultés, on le comprendra. On donnera une fois de plus raison à Black So Man quand il chantait : « la théorie est facile mais la pratique est difficile ». Néanmoins, on attend le maçon au pied du mur pour bien le juger. On espère qu’il réussira là où certains ont échoué quand ils étaient aux affaires.
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net
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