Le fonds d’appui aux Projets Innovants de la Société Civile et aux Coalitions d’Acteurs (PISCCA) de l’Ambassade de France au Burkina Faso a appuyé Béo-Néeré Agroécologie et le CNABIO dans leur mission de diffusion des pratiques de productions écologiques.
Béo-Nèeré Agroécologie est une association burkinabè créée en 2013 de promotion et de diffusion de l’agroécologie. Le coordinateur et le directeur sont secondés par une équipe de 9 animateurs pour former les paysans et paysannes aux techniques agroécologiques en maraichage, grandes cultures et élevage. L’association a acquis également au fil des années une expertise dans la commercialisation des produits agroécologiques produits dans sa ferme-école certifiée BioSPG par le CNABIO. En plus d’être un site de démonstration des pratiques agroécologiques, la ferme accueille de nombreuses formations à destination de divers publics.
Le Conseil National de l’Agriculture Biologique (CNABIO) est une faitière qui donne un cadre aux acteurs de l’agriculture biologique au Burkina Faso. Créé en 2011, il porte le label bioSGP, l’un des premiers labels biologiques nationaux en Afrique de l’Ouest. Le CNABIO sensibilise, forme, suit, appuie et conseille les acteurs de la production biologique. Il porte également la parole de ses membres pour réaliser un plaidoyer en faveur de la production écologique.
Les deux associations se sont relayées au cours des 6 derniers mois pour appuyer et conseiller les maraichers et maraichères à entamer le chemin de la transition agroécologique en maraichage ; domaine de production compliqué en agroécologie s’il en est.
Sensibilisation et formation des 180 maraichers et maraichères à la production agroécologique
Deux coopératives de Boulmiougou, trois coopératives de Tanghin et une coopérative à Roumtenga ont d’abord été sensibilisées à la transition agroécologique.
L’objectif de l’agroécologie étant toujours de se rapprocher plus de l’autonomie et de se débarrasser des engrais de synthèse, les 6 coopératives ont ensuite reçu une formation à la fabrication de deux fertilisants naturels qu’ils pourront eux-mêmes produire et diffuser, à base de produits locaux : les micro-organismes efficaces (EM) et le bokashi.
Aussi pour remplacer les insecticides, les producteurs et productrices ont appris à fabriquer un bio répulsif efficace surtout contre les insectes à corps mou : l’appichi.
Recette de l’APPICHI, biorépulsif efficace contre les insectes à corps mou
- 1kg de piment ;
- 1kg d’ail sec (plus efficace que l’ail frais) ;
- 1 kg de gingembre frais ;
- 1 litre d’alcool pur ;
- 15L + 15L d’eau ;
Piler les 3 premiers ingrédients.
Dans un bidon de 30 L opaque, mélanger avec un bâton les 3 ingrédients pilés et 1L d’alcool pur. Fermer le bidon et laisser fermenter pendant 4 jours sans ouvrir.
Au bout du 4ème jour, ajouter 15L d’eau supplémentaires et remuer avec un bâton.
Refermer et laisser fermenter jusqu’au 11ème jour.Utilisation en pulvérisation foliaire et au sol à partir du 11ème jour (pour un pulvérisateur de 16L) :
- en prévention : diluer 0,5L d’appichi dans 15,5L d’eau ;
- en curatif : diluer 1L d’appichi dans 15L d’eau.
Recette du BOKASHI
Bio fertilisant naturel
Ingrédients pour la solution liquide :
- 2 kilos de levure de dolotière
- 2 kilos de sucre et 20 litres d’eau
èMélanger la levure de dolotière et le sucre dans l’eau.
Préparation :
- dans 20 litres d’eau claire mélanger la levure de dolotière et le sucre ;
- étaler 2 brouettes de terre au sol et humidifier avec la solution liquide ;
- étaler par-dessus 2 brouettes de fumier recyclé sur la terre et humidifier avec la solution liquide ;
- étaler par-dessus 2 brouettes de son de riz ou herbe séchée et humidifier avec la solution liquide ;
- étaler par-dessus 2 brouettes de son de maïs et humidifier avec la solution liquide ;
- recouvrir par des débris de charbon de bois puis de la cendre et humidifier avec la solution liquide.
Répéter l’opération en superposant autant de couches que souhaité
Mélanger et monter le tas (forme pointue)
Utilisation :
Retourner le tas matin et soir pendant 4 jours puis 1 seul retournement par jour jusqu’au 10ème jour. Utiliser à partir du 10ème jour.
Appui matériel des coopératives
Pour compléter la formation et encourager les producteurs à continuer vers l’agroécologie, des appuis en matériel ont été réalisés : des motopompes pour tirer l’eau des puits maraichers ; des puits maraichers ; des bassins de rétention d’eau et du petit matériel de maraichage.
Sensibilisation à la certification biologique et au label bioSPG
Le CNABIO a pris la suite de Béo-Nèeré Agroécologie pour aborder l’aval de la production : la commercialisation. La visite de la ferme-école de l’association Béo-Nèeré Agroécologie certifiée bioSPG a permis aux coopératives de se rendre compte de ce qu’il est possible de faire en maraichage écologique avec beaucoup de patience et d’efforts.
Par la suite le CNABIO a continué à renforcer les coopératives dans la commercialisation de leurs produits par la formation, la manipulation du numérique pour réaliser des vidéos, des photos et des messages audio afin de valoriser les produits sur les réseaux sociaux.
Le projet a également permis aux coopératives de participer aux cadres de concertation et à une foire pour aider à créer des débouchés. Pour les encourager à s’organiser efficacement et a adopter les bonnes pratiques de commercialisation, les coopératives ont visité la ferme de l’association La Saisonnière qui commercialise sa production sous le label bioSPG.
Ateliers d’autodiagnostic des pratiques maraichères
Pour clôturer le projet trois ateliers d’autodiagnostic des pratiques maraichères ont été organisés les 18, 19 et 21 décembre 2020 avec les 6 coopératives accompagnées sur la ferme de Béo-Nèeré Agroécologie.
L’objectif était de prendre du recul sur ce que signifie la transition agroécologique en maraichage et analyser les actions à envisager pour progresser petit à petit. La dimension environnementale de l’agroécologie a bien sûr été travaillée mais également les aspects socio-économiques : les conditions de travail, l’accès à l’information, aux financements et aux marchés, les circuits d’approvisionnement et de distribution ainsi que la diversification des revenus.
Mais les réalités de la transition sont dures ! Bien que formés à la fabrication du compost, des micro-organismes efficaces et de l’appichi, les maraîchers ont besoin de temps pour restaurer leurs terres appauvries : certaines planches recevront pour la première fois depuis des années des fertilisants naturels à la place de l’engrais de synthèse. Les laitues qui y seront produites seront invendables car les feuilles ne seront pas assez belles au goût des clients. Ce sont donc les maraichers qui consommeront leur production bio jusqu’à ce que le sol revive et donne de plus belles laitues qu’avant.
Courage à elles et à eux !! Le chemin est long mais bon !
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Source : Burkina24.com
Faso24
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