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Sortie de l’UPC du CFOP : Zeph règle ses comptes avec les Burkinabè

Depuis son arrivée au poste de ministre d’État, ministre de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, Zeph est au cœur de toutes les critiques. Pour certains, il est allé à la soupe ; pour d’autres, il est indigne, un traître, etc. Bref, c’est la volée de bois vert pour « monsieur tunnel » qui naguère comptait envoyer son « patron d’aujourd’hui » (le président du Faso, Roch Kaboré) au canal de Suez pour relever le niveau intellectuel de celui-ci afin qu’il soit en mesure de comprendre son cours de construction d’un tunnel au Burkina Faso dispensé aux électeurs.

Même les pies borgnes qui jacassent à tout vent par des diatribes, ont trouvé en l’entrée de Zeph au gouvernement un jardin potager fertile à leur « épanouissement ». Il n’en fallait pas plus pour que Zeph leur réponde ce 12 janvier, lors de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux de son parti l’UPC. « A ceux qui ont offensé le chef de file de l’opposition que j’étais, je leur ai pardonné », s’est-il adressé à eux en filigrane.

À bien décrypter l’allocution d’hier de Zéphirin Diabré, on n’a pas besoin d’être un grand clerc ou un expert en sémiologie pour lire entre les lignes la survivance du dépit auquel l’homme fut en proie suite à la cinglante déculottée connue lors des élections passées.

Ses trémolos émotionnels et dévotionnels, avec une voix de mélécasse doublée d’un regard inquisiteur, traduisent le for intérieur d’un homme à l’amour-propre considérablement affecté et résolu à la résignation. Qu’il ait connu une fessée électorale de la part du MPP face à la machine électorale répressive du parti au pouvoir, le KKB (Kouadio Konan Bertin) du Burkina s’en accommode mais digère plutôt moins sa dégringolade dans le rang de l’opposition où il devait désormais jouer les seconds rôles.

Le MPP se pourlêche les babines

Au regard du rôle chevaleresque qu’il a pu jouer dans l’histoire du pays, durant une dizaine d’années, pour faire germer la graine de l’espoir de l’alternance au sommet de l’État et provoquer ipso facto la chute du régime Compaoré, les résultats de l’UPC aux élections législatives et présidentielle du 21 novembre dernier paraissent pour son chef comme un paiement en monnaie de singe. D’autant plus que les électeurs ont adoubé au CFOP le parti CDP dont ils ont contribué à la chute en 2014 à ses côtés.

Des efforts stériles qui ont conduit à cette sentence de Zeph : « Par leur vote, à l’occasion de ces élections législatives, les Burkinabè ont exprimé clairement leur volonté de ne plus voir notre parti, l’UPC, diriger le chef de file de l’opposition politique. Ils ont donc choisi d’opérer une alternance au niveau du CFOP. En tant que bons démocrates, nous en prenons acte ». Ainsi, Zeph a réglé ses comptes avec les Burkinabè. Plus jamais, il ne se tuerait encore pour un peuple qui ne reconnaît pas ses sacrifices. À y regarder de près, les analystes qui pensent que Zeph est plus déçu de ceux qui se disent déçus de lui, trouvent dans cette sortie de Zeph leur part de vérité.

Il n’en fallait pas davantage pour que l’homme politique annonce qu’il « tourne la page » avec cette précision : « L’UPC ne siégera plus au sein du CFOP ».

Ce départ du parti du lion de l’opposition préfigure le renforcement de l’âge d’or du MPP et conforte la position de ceux qui notaient que la cohabitation au CFOP entre Zeph et Eddie à la tête de l’institution, serait compromettante, un mariage contre-nature où le tempérament sanguin du chef de famille affecterait la cohésion sociale dans la famille politique qui serait en permanence en ébullition. Bref, en attendant, c’est le MPP qui se pourlêche les babines tout en buvant son petit zomkom.

Adama KABORE

L’écrivain chroniqueur iconoclaste

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