Ministère de la Communication : « La priorité, c’est la qualité du service public (…). Cela passe par l’amélioration des conditions de vie et de travail », Aboubakar Sanfo, SG adjoint du SYNATIC
Le 10 janvier 2021, Ousséni Tamboura a été nommé ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement. Il remplace à ce poste Remis Fulgance Dandjinou qui y a passé 5 ans. Quelles sont les attentes du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) vis-à-vis du nouveau ministre ? Quelle analyse fait-il de ce nouveau gouvernement ? Lefaso.net a recueilli les propos d’Aboubakar Sanfo, Secrétaire général adjoint du SYNATIC. Il est journaliste, précédemment en service à la RTB avant d’être affecté à la Direction générale des médias.
Lefaso.net : Quelle analyse faites-vous du nouveau gouvernement ?
Aboubakar Sanfo : Nous constatons une reprise en main des choses par le pouvoir MPP et alliés ; toute chose qui ressemble plus à un remaniement ministériel qu’à la constitution d’un nouveau gouvernement. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise, il fallait s’y attendre. De toute façon, pour le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), le plus important, c’est d’attendre le gouvernement au pied du mur et voir quelles réponses il apporte aux préoccupations des travailleurs, aux préoccupations des populations des villes et des campagnes du Burkina Faso.
Un nouveau ministre de la Communication, quelles sont vos attentes vis-à-vis de lui ?
Pour le SYNATIC, le changement de personnalité à la tête du département de la Communication n’est pas un évènement ! Nous attendons de voir la feuille de route du nouveau ministre par rapport aux préoccupations pressantes des travailleurs des médias, objet de la crise profonde qui secoue le secteur depuis des années ; une situation aggravée par la gestion calamiteuse de son prédécesseur Rémi Fulgance Dandjinou.
Vous vous souvenez que pour avoir revendiqué de meilleures conditions de vie et de travail, ce dernier, qui n’a pas trouvé d’autres moyens pour briser la lutte des travailleurs des médias publics, a opéré, en mars 2020, une répression aveugle en expulsant de la RTB et des Editions Sidwaya plus d’une centaine de journalistes et techniciens. Cette crise est toujours en l’état et doit être réglée.
Il en est de même pour la situation précaire dans laquelle vivent et travaillent les personnels des médias publics et privés ! Pour nous, l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs des médias publics et surtout ceux du privé qui connaissent des situations très précaires est très attendue. C’est pourquoi nous n’avons d’autre choix que d’appeler les travailleurs des médias à rester mobilisés pour la satisfaction de nos préoccupations mais aussi pour contribuer à l’élargissement de l’espace de liberté de presse.
Depuis un moment, les populations ne reconnaissent plus leurs médias publics. Il y a un recul et la qualité de service public d’information n’y est plus. Donc ce qui est aussi attendu, au-delà des travailleurs des médias publics par les populations d’une manière générale, c’est de mettre fin justement à la remise en cause des acquis de l’insurrection populaire dans le secteur des médias publics en matière de collecte, traitement et diffusion de l’information.
L’autre aspect attendu c’est l’amélioration des lois sur les médias à travers la relecture de ces textes. Les organisations professionnelles des médias, à travers le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), ont entrepris depuis quelques années un plaidoyer pour l’amélioration de ces lois et il faudra que la relecture intervienne dans ce sens.
A votre avis, quelles sont les priorités auxquelles il devrait s’attaquer ?
La priorité des priorités pour nous, c’est la qualité du service public que les médias doivent rendre aux populations du Burkina Faso. Cela passe par l’amélioration des conditions de vie et de travail (équipements adéquats, rémunérations conséquentes, etc.) aussi bien dans les médias publics que dans les médias privés.
D’abord dans les médias publics (RTB et Sidwaya), cette qualité du service public d’information ne saurait être une réalité dans l’état actuel où ces médias et les travailleurs sont tous éprouvés par la répression aveugle opérée par l’ex ministre Rémi Fulgance Dandjinou à travers l’expulsion de plus d’une centaine de journalistes et de techniciens hors de ces organes. Suivez la RTB et les Editions Sidwaya et vous serez édifiés par le recul enregistré. Il va falloir donc régler cette question au plus vite en ramenant dans les organes le personnel expulsé afin de ramener la quiétude dans les médias publics, au service du peuple burkinabè.
Ensuite, dans les médias privés, il est primordial d’amener les patrons de presse à appliquer la convention collective (adoptée depuis 2009) afin de mettre fin à la clochardisation des travailleurs qui souffrent dans le silence, en partie, à cause de la précarité de l’emploi au Burkina Faso.
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Entretien réalisé par Justine Bonkoungou
Lefaso.net