An 5 du rapt du Dr Elliot: la société civile du Soum interpelle les autorités et lance un message aux ravisseurs
15 janvier 2016-15 janvier 2021, cela fait exactement cinq que Dr Kenneth Elliot et son épouse ont été enlevés non loin de cette salle par leurs dans la ville de Djibo. L’épouse, Jocelyn Elliott, a été libérée mais le médecin reste prisonnier. Pour redonner un coup de fouet à la lutte pour sa libération, une coalition d’organisations de la société civile de la province du Soum organise une série d’activités. Ils ont rencontré la presse le 15 janvier 2021. L’intégralité de leur déclaration à l’occasion de la commémoration de l’an 5 du rapt de docteur Elliot.
«Collectif des OSC de la province du Soum
ADEVIT, AGSB, AHA Djibo, AJSC ,AJSD/Soum, ALEXPAFAIM, A2S, BEOG NEERE, CBTS, CILDES, COORDINATION PROVINCIALE DES FEMMES, COPAJES, DJAM WARTAN DJELGODJI, ECLUD, GOOLLE DES FEMMES, H2PVH, MERE ET ENFANTS, MBDHP/Soum, PAIX ET COHESION, RAJS, UAS/Soum, UNIJED,
Déclaration liminaire de la conférence de presse à l’occasion de la commémoration de l’an 5 du rapt du Dr. Elliot
Autorités coutumières et religieuses
Mesdames et messieurs les responsables d’OSC membres du collectif ;
Chers amis de la presse ;
Distingués invités ;
Merci d’être des nôtres ce matin à l’occasion de la commémoration des cinq ans de l’enlèvement du Dr Elliot.
C’est avec une vive émotion que je prends la parole ce matin au nom du collectif des OSC pour vous souhaiter la bienvenue à toute et à tous à cette conférence de presse entrant dans le cadre de la commémoration de l’an 5 du rapt du couple ELIOT.
Comme il est de coutume au début de chaque nouvelle année de se souhaiter les meilleurs vœux, je ne vais pas déroger à la règle.
Au seuil donc du nouvel an, j’ai une pensée pieuse à l’endroit de ces hommes et femmes en général et aux forces de défenses de sécurité qui ont perdu la vie au cours de l’année écoulée dans le cadre de leur noble et exaltante mission de défense et de sécurisation du pays.
A tout le peuple du Burkina Faso d’une manière générale et à vous tous ici présent, je formule les vœux de santé, de paix, de sécurité, du vivre ensemble et de réconciliation entre les fils et filles de cette province.
15 janvier 2016-15 janvier 2021, cela fait exactement cinq (05) que Dr ELIOT et son épouse ont été enlevé non loin de cette salle par leurs ravisseurs.
Cinq ans après nos souvenirs sont toujours vivaces et pleins d’émotions comme si c’était hier.
En rappel, le 15 janvier 2016 au petit matin, Djibo se réveillait sous le choc de l’enlèvement du couple ELIOT par des hommes armés qui ont fait irruption dans leur domicile et sont partis avec le couple vers une destination inconnue.
Et comme une trainée de poudre, la nouvelle se répandit dans la ville, dans la province mais au-delà du Burkina Faso. Les supputations fusent de partout. Dans la rue, au marché et dans certaines gargotes le message est le même selon la langue de conversation utilisée : « Dr Elliot a été enlevé hier nuit avec sa femme »
« M’nani Elliot naguami hankki » !
« Tib wa yonkka Eliot youngin »
La question qui revenait sur toutes les lèvres était : « Qui a pu faire ça ? Et pour quelle raison ?
Les heures qui suivirent, la clinique était devenue un lieu de pèlerinage où chacun voulait être témoin de ce qui était arrivé la nuit dernière.
A l’entrée de la porte du domicile et un peu devant côté sud du domicile du coopérant les traces de véhicules étaient toujours visibles.
Les autorités judiciaires s’autosaisissent afin de donner toute la lumière de ce qui a pu se produire la nuit dernière.
Djibo est sous le choc, les malades internés désemparés, déboussolés complètement par ce qui leur est arrivé.
Les délégations se succèdent, et des engagements sont pris à la hâte.
Mesdames et messieurs,
Distingués invités
Très vite après ces évènements, des mouvements se sont fait entendre à Djibo, au Burkina et partout ailleurs.
Parmi ceux-ci on a : Djibo soutien Elliot, Je suis Dr Elliot, Collectifs des OSC actives pour la libération du Dr Elliot, Hamidou de Elliot.
C’est le lieu pour moi de traduire au nom du collectif des OSC du Soum notre gratitude et un vibrant hommage à l’endroit de ces hommes et femmes épris de paix, de liberté et de justice qui se sont engagés depuis les premiers moments de l’enlèvement de Elliot et jusque-là qui continuent d’œuvrer à leur manière à travers des prières, des dons, des rappels, la veille citoyenne pour honorer ce grand monsieur qui a donné de son temps, son cœur, de sa vie à Djibo depuis plus de 4 décennies.
Cinq ans dans la vie d’un homme, ce n’est pas cinq jours, encore moins cinq heures.
C’est pourquoi, nous, structures associatives, mouvements de défenses des droits humains, syndicats, personnel de la cliniques Elliot, sympathisants, amis et proches de la famille du Dr Elliot avons décidé à l’occasion de la commémoration des cinq de son enlèvement de marquer un arrêt pour non seulement faire une profonde introspection sur les actions menées et celles à mener pour obtenir la libération de celui-ci.
Mesdames et messieurs,
Distingués invités,
La commémoration de ce 5ème anniversaire se déroule dans un contexte presque similaire que celui qui a prévalu il y a de cela cinq ans.
En effet, l’enlèvement du couple Elliot en 2016 s’est produit au lendemain des premières élections post insurrectionnelles et dans un climat sécuritaire déjà délétère.
Aussi, la situation sécuritaire qui vacillait en 2016 a véritablement pris du plomb dans l’aile. Que de milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés internes, d’orphelins repartis sur l’ensemble du pays.
Il y a de cela quelques mois, la ville de Djibo était assiégée, coupée du reste du pays et privée de denrées et produits de premières nécessités pendant un bon moment.
Aujourd’hui 15 janviers 2021, nous venons de sortir des élections couplées présidentielles et législatives du 22 novembre qui ont vu la reconduction du président Rock Marck Christian KABORE à la tête du Burkina Faso pour les cinq à venir.
Nous saisissons cette opportunité pour féliciter le président nouvellement réélu pour la confiance et la charge que le peuple souverain du Burkina a placé en lui et lui souhaitons plein succès dans son quinquennat.
Aux hommes et à femmes appelées au gouvernement, nous leur félicitons et les invitons incessamment au travail afin de sortir le Burkina Faso en général et le Soum en particulier dans cette situation.
A l’occasion de cette date anniversaire de l’enlèvement du Dr Elliot nos pensées vont aussi à l’endroit de sa chère épouse Jocelyne qui, malgré le poids de l’âge est restée très courageuse, battante, optimiste, engagée et déterminée pour la libération de son conjoint ; ses enfants et ses employés toujours dévoués et déterminés.
Au Dr Elliot, notre message est celui-ci : « Dr, malgré l’usure du temps de ta captivité, nous ne t’avons jamais oublié et ne t’oublieront jamais fut-il une seconde. Tu es quotidiennement présent dans nos esprits et nous sommes très impatients de te revoir, tiens bon le bout du tunnel, c’est pour bientôt ».
A tes ravisseurs, notre message est le suivant : « ……. Nous avions pensé qu’en guise de cadeau de fin d’année, vous alliez nous permettre de fêter ensemble à Djibo avec Dr mais hélas, l’attente fut longue entre le 30 et le 31 jusqu’ à 00 heure quand nous n’aperçûmes point la fumée blanche traverser le ciel. Mais cela n’est que partie remise, nous gardons toujours bon espoir de votre générosité. Nous vous prions et vous supplions de libérer Elliot afin qu’il retourne parmi nous car nous lui chérissons comme vous aussi vous le chérissez très certainement ».
L’enlèvement de Dr Eliot a bouleversé toute une province, ébranlé tout un pays et sapé l’espoir d’une vingtaine de personne aujourd’hui en chômage technique. Et si nous appliquons le ratio employé/charge dans notre contrée on peut estimer à environs 160 « bouches à nourrir » par le personnel au chômage.
L’Etat faut-il le rappeler est resté muet et insensible au sort des employés en dehors de la visite sur les lieux que les émissaires du gouvernement Paul Kaba THIEBA qui ont effectué dès les premiers jours de l’enlèvement et la visite de circonstance du Premier ministre lors de la cérémonie de lancement de la gratuité des soins en avril 2016.
Les employés vivent le martyr de l’oisiveté du fait qu’ils n’exercent plus depuis l’enlèvement de Dr Eliot.
Mesdames et messieurs,
Distingués invités,
L’objectif général de cette conférence de presse de ce matin est non seulement de traduire notre engagement par le refus de l’oubli et de la fatalité mais aussi de recadrer les discours et actions de promotion du vivre ensemble et de la cohésion sociale en plaçant les parties prenantes au centre de l’action au regard de l’accalmie qui prévaut actuellement à Djibo.
De façon spécifique, il s’agit de :
Inviter les autorités nationales sur la nécessité de communiquer sur le niveau d’avancement du dossier Elliot et de s’inspirer ou de s’enrichir de l’exemple du Mali voisin pour obtenir le plutôt possible la libération du Dr Eliot ;
D’inviter les autorités gouvernementales à remettre en selle le dossier du bitumage du tronçon Yargo-Djibo qui pourrait indéniablement renforcer la résilience de la population et la cohésion sociale ;
D’engager des travaux de haute intensité de main d’œuvre (HIMO) dans la ville de Djibo pour permettre la reconversion des jeunes désœuvrés ;
D’inviter le chef de l’Etat en personne à s’impliquer pour la création du centre de formation professionnel de Djibo qui pourra permettre d’accueillir beaucoup de jeunes pour leur formation et leur insertion socioprofessionnelle ;
De l’articulation des festivités
Les activités programmées se déroulent sur 48 heures à compter du jeudi 14 janvier 2021 et se résument entre autres :
La fixation de panneaux à l’effigie du Dr Eliot sur les axes principaux de la ville ;
L’organisation de la présente conférence de presse ;
La Photo de famille devant l’entrée principale de la clinique ;
L’organisation de jeux de société.
Je ne saurai finir mon propos sans adressé toute notre reconnaissance aux autorités de la province du Soum qui malgré la situation difficile n’ont ménagé aucun effort pour accompagner les initiatives des OSC et assurer la continuité de l’Administration.
Voilà Mesdames et messieurs, la substance du message du collectif des OSC de la société civile que j’ai eu l’honneur de porter à votre connaissance.
Je vous remercie !!! »
Source : Fasozine.com
Faso24