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Yirgou, deux ans après : Le MBDHP Seno interpelle les autorités et les acteurs judiciaires

Le Mouvement burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples, section Seno, a organisé une conférence le 16 janvier 2021 à Dori. L’objectif est d’interpeller les autorités et les acteurs de la justice sur le drame de Yirgou dont la lumière sur les exactions se fait attendre.

La rencontre a connu la présence des personnes morales comme le grand imam de Dori, le vice-président du Conseil régional du Sahel, le 1er adjoint au maire de Dori. Dans sa prise de parole, Abdoulaye Hoeefi Dicko, le président du MBDHP Seno, a indiqué que la force d’une nation réside dans le strict respect de ses lois et dans la qualité et la solidarité des relations entre ses citoyens. La construction de la nation passe selon lui par des sacrifices individuels et collectifs, mais le drame de Yirgou reste à ce jour une des plus tristes et des plus douloureuses tragédies survenues dans l’histoire du Burkina Faso.

Depuis l’avènement de ce drame, l’on dénombre selon le MBDHP, plus de 200 veuves et 1500 orphelins. Et, avec eux, tous les Burkinabè épris de paix et de justice attendent désespérément une suite judiciaire. A en croire les conférenciers, ce nombre de veuves et d’orphelins corrobore les chiffres (210 morts) ressortis du bilan de cette tuerie de Yirgou que le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés avait annoncé. Le gouvernement, aux premières heures, avait annoncé un bilan de 46 morts. A écouter les conférenciers, le dossier est confié au parquet de Kaya et, selon les indiscrétions, 11 personnes identifiées parmi les Kolgwéogo (groupe d’autodéfense) seraient détenues au niveau de la MACO.

Des impressions d’impunité

Toujours est-il que, selon Abdoulaye Hoeffi Dicko, l’évolution dans le traitement du dossier laisse planer des impressions d’impunité. Il ajoute que la lutte contre l’extrémisme violent ne saurait expliquer cette « barbarie » ni l’impunité dont bénéficient les auteurs. En saluant les efforts des FDS qui sont au four et au moulin, le MBDHP /Seno affirme que la création d’un ministère chargé de la Cohésion sociale n’est pas une « hypocrisie politique ». L’affaire de Yirgou devrait, selon la structure, constituer l’un des éléments phares sur lequel il faudra s’appuyer pour atteindre la cohésion sociale tant souhaitée par les Burkinabè.

Les participants à la rencontre

En tant que défenseurs des droits humains, leur objectif est toujours de réclamer justice pour cette tragédie digne d’une autre époque. De ce fait, le MBDHP/ Seno propose au gouvernement d’ériger une stèle à Barsalogho sur laquelle il serait inscrit « Justice pour Yirgou et plus jamais ça ! » A Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, le MBDHP/Seno réclame également un monument en hommage aux victimes de Yirgou. Pour les orphelins et les veuves rescapés du drame, le MBDHP/Seno demande la prise en charge de ces victimes éparpillées à l’intérieur du pays dans des conditions lamentables.

La meilleure réconciliation

La réconciliation nationale est le terme galvaudé du moment selon les conférenciers. Ils soutiennent que la meilleure réconciliation est celle qui passe par la justice à l’image de l’Afrique du Sud et du Rwanda. On ne saurait construire une nation en cultivant l’impunité. La rencontre était également une occasion pour quelques rescapés de Yirgou à Dori d’apporter leurs témoignages pour étayer les propos des conférenciers. Ibrahim Barry, responsable santé et chargé de l’humanitaire au sein CISC qui a pris part à la rencontre, a remercié le MBDHP/Seno pour la tenue de cette rencontre sur le drame de Yirgou. De son avis, il y a lieu de revoir la stratégie de lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Car, dit-il, toute guerre se gagne avec la population. Il a par ailleurs salué le ministre en charge de la Réconciliation nationale qui a pris comme priorité les exactions de Yirgou et qui a fait le déplacement pour rencontrer le CISC sur ces questions.

Cette commémoration est la toute première activité de l’année sur le drame de Yirgou. Le MBDHP/Seno saisit l’occasion alors pour interpeller les autorités administratives et judiciaires de la région du Sahel sur les écarts de certains éléments des VDP (volontaire pour la défense de la patrie) de la région qui risquent d’envenimer la situation déjà pénible.

Daoula Bagnon correspondant Dori

Lefaso.net

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