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Réconciliation nationale : « Ne pas profiter de sa position de force pour vouloir effacer certaines choses, car tôt ou tard, ça va vous rattraper », prévient Issiaka Ouédraogo du CISAG

Le processus de réconciliation nationale ne saurait être l’otage d’un clan ou d’un groupuscule, encore moins un moyen de pression ou de chantage quelconque. C’est l’avis des responsables du Conseil d’information et de suivi des actions du gouvernement (CISAG) qui ont, ce jeudi 21 janvier 2021 à Ouagadougou, animé une conférence de presse pour se prononcer sur la situation nationale.

« Le Conseil d’information et de suivi des actions du gouvernement (CISAG) tient à rappeler que les initiatives en faveur d’une réconciliation nationale ont toujours existé au Burkina Faso, mais sans succès. Comme exemples, nous pouvons citer : le forum sur la réconciliation nationale en 1991 qui n’a pas pu avoir lieu, la Journée nationale du pardon du 30 mars 2001 et la création du HCRUN (Haut-conseil pour la réconciliation et l’unité nationale) depuis 2016. C’est donc dire qu’il y a nécessité de tirer leçon de l’échec de toutes ces tentatives afin que la réconciliation souhaitée de tous les vœux, soit une réalité », a averti Issiaka Ouédraogo, président du CISAG.

Les responsables de cette organisation de la société civile disent craindre une immixtion de certains acteurs politiques et civils dans la question de la réconciliation, qui tentent de se l’approprier. « Cette guerre éhontée de paternité par presse interposée à laquelle nous assistons depuis quelques jours n’a pas lieu d’être. Si l’on n’y prend garde, elle pourrait vider le projet initial de tout son sens et justifier, aux yeux de certains observateurs de la scène nationale, qu’il s’agirait en réalité d’un fonds de commerce politique », présente M. Ouédraogo.


Selon le CISAG, le ministère de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale a été créé à dessein pour organiser le retour de Blaise Compaoré. Pourtant, pense-t-il, la question ne doit pas se borner à scruter l’époque Compaoré ; elle doit prendre en compte la période allant de 1960 à ce jour. « Blaise Compaoré n’est pas l’ennemi du Burkina ; autant on peut lui reprocher des choses, autant on peut mettre beaucoup de bonnes choses à son actif. Même ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui ont quelque chose à sa reprocher dans les 27 ans du pouvoir Compaoré. Il y a des gens qui sont au pouvoir aujourd’hui, mais qui ont des conflits avec d’autres Burkinabè ; ce n’est pas parce qu’ils sont en position de force qu’il faut oublier ça. Il ne faut pas profiter de sa position de force pour vouloir effacer certaines choses, car tôt ou tard, ça va vous rattraper », s’est étalé Issiaka Ouédraogo, principal intervenant à la conférence, pour qui, chaque acteur doit donc avoir le courage et la sincérité pour permettre une véritable réconciliation.

Zéphirin Diabré, un « homme de maturité »

Les responsables du CISAG ont salué la nomination de Zéphirin Diabré au département en charge de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, estimant que l’homme a déjà fait preuve de maturité à l’opposition, lors de l’insurrection populaire et en travaillant avec le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir) et le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, ex-parti au pouvoir).

Zéphirin Diabré est donc un homme de consensus, ont félicité les dirigeants du CISAG.


Réagissant à l’actualité relative au retrait de la plainte de Zéphirin Diabré contre Simon Compaoré dans l’affaire dite « tranquilos » (Affaire « tranquilos » : Zéphirin Diabré « retire » sa plainte contre Simon Compaoré – leFaso.net), Issiaka Ouédraogo estime que la réconciliation passe également par là et qu’en tant que premier responsable en charge de la question, M. Diabré, en toute logique, devait poser un tel geste de dégel. « La réconciliation nationale implique de se réconcilier avec soi d’abord, se réconcilier avec son entourage pour, enfin, se réconcilier avec son peuple, sa nation », procède-t-il, justifiant la démarche de Zéphirin Diabré.

De l’avis du CISAG, la justice n’est pas forcément la meilleure formule pour résoudre un différend ; des mécanismes liés aux réalités nationales existent (personnes morales, gardiens des valeurs, autorités morales, etc.). « Le pardon et la réconciliation nationale ne s’obtiennent pas dans les discours et les bureaux », soutient Issiaka Ouédraogo.

O.L

Lefaso.net

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