L’abbé Rodrigue Sanou, le curé de la paroisse de Soubakaniédougou a été porté disparu le 19 janvier 2020 alors qu’il se rendait à une rencontre des prêtres du diocèse avec leur évêque à Banfora. Il n’est jamais arrivé à destination et l’alerte a été sonnée pour le retrouver. L’angoisse et l’espérance se sont mêlées pendant quelques heures dans le cœur des fidèles, des parents et amis de Rodrigue Sanou. Mais la triste nouvelle est tombée dans un communiqué du chef de l’église catholique de la région des Cascades.
« C’est avec une profonde douleur que j’annonce que le corps sans vie de l’abbé Rodrigue Sanon a été retrouvé ce jour 21 janvier dans la forêt classée de Toumousséni, à une vingtaine de km de Banfora ».
Après la découverte de son véhicule non loin de la forêt de Toumousséni, c’est son corps sans vie qui a été retrouvé, avec à côté du corps un couteau ensanglanté qui est peut-être l’arme du crime.
Dans ces cas c’est vers la justice qu’on se tourne pour savoir ce qui s’est passé, pourquoi cela est arrivé, quels sont les protagonistes, et quels sont les mobiles de l’assassinat. Pour l’instant elle ne communique pas.
L’abbé Rodrigue est-il une victime de plus des terroristes ?
La découverte du corps, à proximité d’une forêt et la victime, un religieux font penser à un crime terroriste.
Parce que les groupes armés terroristes ont toujours recherché les forêts, comme lieux de refuge après leurs forfaits. Plusieurs forêts ont été utilisées par eux : la forêt de Samorouagan au Kénédougou, la forêt de Foulsaré au Soum, les nombreuses forêts de l’Est.
Plusieurs religieux et chefs religieux musulmans, catholiques, protestants ont été la cible des groupes terroristes : enlevés, assassinés.
Qu’est-ce que le gouvernement et les forces de défense et de sécurité font pour protéger les forêts classées du pays ? Cette protection environnementale doit être doublée aujourd’hui d’une protection sécuritaire, car les groupes armés terroristes les utilisent comme des sanctuaires et des bases arrière dans lesquelles ils se réfugient après leurs forfaits.
Il nous semble que le pouvoir, dans cette affaire de lutte contre le terrorisme, est toujours dans la réaction, il n’agit qu’après coup, ce qui coûte trop cher en victimes et rend difficile la reconquête des territoires, quand les groupes armés sont installés. Les médecins disent que mieux vaut prévenir que guérir, et en football, les coachs sont de plus en plus nombreux à penser que la meilleure défense, c’est l’attaque, c’est conserver le ballon. En d’autres termes c’est à nous de prendre les initiatives et non, nos ennemis. Si on est balloté par les groupes armés du nord au sud, de l’est à l’ouest, passant notre temps à courir après eux comme une équipe de football sans un fond de jeu, une stratégie, qui court après le ballon, le résultat est connu d’avance.
Dans cette affaire, le président du Faso, le premier ministre, ont très vite envoyé des messages de condoléances, mais ils ne doivent pas s’arrêter là. Leurs responsabilités, c’est d’impulser le travail des structures de l’État pour découvrir la vérité et mettre la main sur les criminels et sécuriser la forêt pour la quiétude de la population.
Les crimes et enlèvements par les terroristes que le pays a connus sont jusque-là, tous restés impunis. La justice est muette sur ces dossiers alors que dans la prison de haute sécurité plus d’une centaine de personnes soupçonnées de participation à ces crimes sont enfermées. Il est vrai que ce sont des dossiers nouveaux pour nos juges, mais le temps semble avoir suspendu son vol sur ces affaires criminelles et un peu de diligence mettrait du baume au cœur des victimes et des parents de victimes.
Sana Guy
Lefaso.net
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