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Covid-19 : « La Chine continuera à être dans le même bateau que le Burkina Faso et ensemble, nous surmonterons les difficultés », promet l’ambassadeur Li Jian

Fin 2019, le monde entier découvrait une nouvelle maladie. Le Coronavirus ou le Covid-19, une maladie infectieuse, apparu pour la première fois en Chine. Très vite, il se répand et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) le considère comme une pandémie. Le Covid-19 a fait depuis son apparition plus de 2 millions de morts et près de 100 millions de cas confirmés à l’échelle mondiale. A l’occasion de l’an 1 de la pandémie, Lefaso.net s’est entretenu, le 11 janvier 2021, avec l’ambassadeur de la Chine au Burkina, Li Jian. L’entretien a passé en revue les débuts de la maladie en Chine et au Burkina, les accusations portées contre la Chine d’être à la l’origine de la pandémie, la coopération avec le Burkina sur cette question sanitaires, le cas des vaccins, etc.

Lefaso.net : Comment l’ambassade de la République Populaire de Chine au Burkina a-t-elle vécu les débuts du Covid-19 ?

Ambassadeur Li Jian : Que ce soit au début de l’épidémie en Chine ou depuis le premier cas confirmé au Burkina Faso, l’Ambassade de Chine reste toujours en étroite communication et collaboration avec le ministère de la Santé burkinabè et la représentation de l’Organisation mondiale de la Santé au Burkina Faso. Par exemple, le 4 février de l’année 2020, j’étais avec la représentante de l’OMS, Dr Alimata DIARRA-NAMA, pour une conférence de presse conjointe afin de présenter la situation de la Covid-19 ainsi que les progrès de la Chine dans la lutte contre cette épidémie.

Des journalistes de Lefaso.net ont également été invités à y participer.

L’Ambassade a aussi publié une note d’information à l’endroit des ressortissants chinois pour suivre leur séjour, leur confinement et leur santé. Nous avons rappelé par cette note la nécessité de respecter scrupuleusement la loi et de se conformer strictement aux mesures édictées par le gouvernement burkinabè.

Quelles ont été les relations que la Chine a développées avec le Burkina Faso, dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19 depuis le début de cette pandémie ?

Depuis le début de l’épidémie, la Chine et le Burkina Faso se sont entraidés, ont uni leurs forces pour lutter contre le virus et surmonter ensemble les difficultés. Ce qui a encore renforcé l’amitié entre les deux peuples. Pendant la période la plus difficile en Chine, les Burkinabè ont exprimé leur soutien de diverses manières à la Chine et l’ont encouragée. De même, nous avons tout mis en œuvre pour soutenir le Burkina Faso en matériels, en technique, en infrastructures, etc.

Nous avons envoyé la première équipe d’experts médicaux spécialisés dans la lutte contre la Covid-19 pour l’Afrique au Burkina Faso. Les 12 médecins chinois ont partagé sans réserve leurs expériences et connaissances en matière de prévention et de contrôle de la Covid-19 avec leurs collègues burkinabè.

Plus d’un million de masques de protection, près de 10 000 pièces de vêtements de protection, plus de 90 000 paires de gants, plus de 20 000 réactifs de test et un grand nombre de matériels d’urgence nécessaires tels qu’une centaine de respirateurs, 52 générateurs d’oxygène et plus d’un millier de thermo flashs ont été apportés au peuple burkinabè. Ces actes concrets démontrent pleinement le concept d’une communauté d’avenir partagé sino-africaine et montre que nous sommes tous dans le même et unique bateau, partageant bonheur et malheur et luttant les uns pour les autres.

Il a été reproché à la Chine d’avoir créé ce virus. Que répondez-vous à vos détracteurs ?

L’origine du virus est une question scientifique. Cependant, depuis le début de l’épidémie, certains politiciens et médias occidentaux ont continuellement politisé la maladie et accusé la Chine d’avoir créé le virus. Cette pratique est dangereuse et va à l’encontre de la vérité et de la bonne conscience. La communauté internationale, en particulier les amis africains, a vivement critiqué cette manœuvre politique et mensongère et s’y est fortement opposée.

Au fur et à mesure que les travaux de traçabilité progressent, de plus en plus de cas montrent que le virus peut être apparu dès la mi-2019 hors de la Chine. Cela montre que les problèmes scientifiques doivent être vérifiés et résolus par des méthodes scientifiques. Ce processus peut être long, mais au moment critique de la lutte contre l’épidémie, tous les peuples et tous les pays doivent s’unir et œuvrer dans le même but, à savoir sauver la vie et vaincre complètement l’épidémie le plus tôt possible.

Une commission d’enquête sur les origines du virus a même été envoyée en territoire chinois et a été admise récemment pour y faire ses investigations. Quelle est votre appréciation de cela ?

La Chine soutient les scientifiques de divers pays ainsi que ceux de l’Organisation mondiale de la santé dans la conduite de recherches scientifiques mondiales sur l’origine et la transmission du virus. Après des consultations entre le gouvernement chinois et l’OMS, un groupe d’experts internationaux de l’OMS s’est rendu en Chine le 14 janvier (2021) pour appuyer les investigations sur l’origine du virus en collaboration avec leurs collègues chinois.

Depuis l’apparition de l’épidémie, la Chine a maintenu une communication et une coopération étroites avec l’OMS sur le virus de manière ouverte, transparente et responsable. En février et juillet de l’année dernière, la Chine a invité à deux reprises des experts de l’OMS en Chine. L’OMS et des experts internationaux, quant à eux, ont exprimé leur satisfaction quant aux mesures et résultats de la lutte contre la Covid-19 en Chine.

Une année après l’apparition du Covid-19 en Chine, quel bilan peut-on faire de l’action de l’Ambassade de Chine au Burkina Faso ?

L’Ambassade de Chine s’associe au concept de la construction d’une communauté de santé sino-africaine, guidée par les conclusions du Sommet extraordinaire Chine-Afrique sur la solidarité contre le Covid-19 initié par le président Xi Jinping et a activement mené une coopération antiépidémique avec le Burkina Faso. Adhérant au principe de « la vie d’abord », nous nous mobilisons et mettons tout en œuvre pour coordonner avec les différents départements du gouvernement chinois, les provinces et municipalités chinoises, des entreprises et organisations sociales, la diaspora chinoise, etc. pour fournir au Burkina Faso nos soutiens tous azimuts.

Nous avons mis l’accent sur les deux axes qui sont le renforcement des capacités et l’approvisionnement en matériels. Hormis la mission d’experts médicaux spécialisés dans la lutte contre la Covid-19 qui a séjourné au Burkina dans le cadre de cette lutte, plus de 10 séminaires en vidéoconférence ont été organisés entre des spécialistes de la Chine et du Burkina Faso et tout cela, dans le seul but d’apporter notre contribution à l’amélioration du système de prévention et de contrôle des épidémies du Burkina Faso.

L’exécution en urgence du projet de la rénovation du centre d’isolement du CHU de Yalgado Ouédraogo est aussi un appui important à la partie burkinabè dans l’amélioration des capacités de confinement et de prise en charge des cas confirmés de la Covid-19.

La Chine a été un exemple dans la lutte contre cette pandémie. Qu’a-t-elle de si particulier que les pays européens ou américains, qui lui ont permis de pouvoir lutter plus efficacement contre cette maladie ?

Le premier point est de défendre le principe des « personnes d’abord » et de « la vie d’abord ». Le président Xi Jinping a souligné à plusieurs reprises que la sécurité de la vie et la santé physique des personnes devraient être la priorité absolue et que le plus de patients possibles devraient être sauvés. Afin de maximiser le taux de guérison et réduire le taux de mortalité, le Parti communiste chinois et le gouvernement chinois ont formé rapidement un commandement unifié, un déploiement complet et une disposition stratégique tridimensionnelle de prévention et de contrôle dans tout le pays. Cela a permis d’endiguer efficacement la propagation du virus dans le pays.

Le deuxième point est la capacité de mobilisation des ressources dans tout le pays. Par exemple, la ville de Wuhan et la province du Hubei sont les principaux champs de bataille contre l’épidémie. Dans ces localités, nous avons donc fait converger les forces d’autres villes et provinces, concentré notre énergie et mis en œuvre un plan sans précédent de sauvetage des vies humaines. Cela a permis d’obtenir une amélioration nette de l’offre en ressources humaines et matériels médicaux dans les plus brefs délais.

Le troisième point est de toujours respecter la science. Face à cette nouvelle maladie infectieuse, nous maintenons un esprit et une attitude scientifique, et suivons les règlementations scientifiques tout au long du processus de prise de décision et de commandement, de traitement des patients, de recherche-développement et de gouvernance sociale. Les tests PCR à grande échelle, le Big Data et l’identification des codes de santé sont également des moyens efficaces de prévention et de contrôle qui contribuent à la reprise progressive du travail et de la production, apportant en retour un soutien logistique solide pour lutter contre l’épidémie.

Quatrièmement, le peuple chinois a manifesté tout au long de cette guerre populaire son esprit de collectivisme, d’unité et de dévouement. Plusieurs difficultés liées à la vie quotidienne ont été surmontées et toute la population observe strictement l’autodiscipline et respecte les mesures et dispositions de prévention de l’épidémie adoptées par le gouvernement afin de former un front populaire indestructible contre l’épidémie.

Des notions d’un vaccin ont été distillées çà et là à travers les médias en milieu 2020. Aujourd’hui certains pays développés ont même commencé à vacciner leurs populations. Qu’en est-il pour la Chine ?

La Chine est également en train de mener une campagne de vaccination gratuite et couverte par l’assurance maladie. Cette campagne est divisée en trois étapes. La première étape consiste à commencer la vaccination, depuis le 15 décembre 2020, avec 9 groupes de personnes clés dont les personnes qui travaillent dans les compagnies aériennes, la logistique et au niveau des frontières.

La deuxième étape consiste à vacciner les groupes à haut risque tels que les personnes âgées, les personnes atteintes de maladies chroniques sous-jacentes et le diabète. La troisième étape consiste à vacciner la population en général. Les « trois étapes » sont scientifiquement conçues sur la base de la production de vaccins et de l’évaluation des risques. Depuis le 15 décembre 2020, la Chine a déjà inoculé plus de 15 millions de doses de vaccin contre la Covid-19.

Dans le cadre de ce vaccin, est-ce que le Burkina bénéficie d’un quelconque appui de la Chine pour qu’au moment opportun il puisse aussi entrer en possession de ce vaccin ?

Evidemment. Le président Xi Jinping a clairement indiqué lors de la 73e Assemblée mondiale de la Santé en mai 2020 et l’a réitéré lors du Sommet extraordinaire Chine-Afrique sur la solidarité contre le Covid-19 en juin de la même année que le nouveau vaccin contre la Covid-19 de la Chine sera un bien public mondial, donnant en priorité l’accessibilité du vaccin aux pays en voie de développement, notamment aux pays africains. Une fois que le gouvernement burkinabè aura fait part de ses besoins, la Chine l’étudiera activement et apportera aide et soutien dans la mesure de ses capacités.

Quelle appréciation faites-vous de la situation ou de l’évolution du Covid-19 au Burkina Faso ?

Depuis la fin de 2020, le monde subit l’impact de la deuxième vague de la Covid-19 et depuis lors, le nombre de cas confirmés et de décès a fortement augmenté. Jusqu’à nos jours, le virus a causé plus de 100 millions d’infections et 2 millions de décès. Cela nous rappelle une fois de plus que le défi de la Covid-19 est loin d’être terminé.

Bien avant cette deuxième vague, les travaux de prévention et de contrôle de l’épidémie ont progressé de manière ordonnée au Burkina Faso, faisant de lui l’un des pays africains ayant au mieux réussi la prévention et le contrôle de l’épidémie. Ces réalisations sont attribuées aux efforts des institutions à tous les niveaux, aux énormes sacrifices consentis par le personnel médical, ainsi qu’aux efforts et au soutien estimable de l’ensemble du peuple burkinabè.

La communauté internationale, y compris la Chine, y a également apporté une part contributive importante. Cependant, comme la situation épidémique mondiale a connue tout récemment une résurgence, il y a aussi des signes d’un rebond de l’épidémie au Burkina Faso, qui ne peuvent être ignorés. La Chine continuera à être dans le même bateau que le Burkina Faso et ensemble, nous surmonterons les difficultés.

Quels sont les partenariats futurs entre le Burkina et la Chine sur le plan sanitaire ?

Les services médicaux et de santé sont liés aux moyens de subsistance et au bien-être de la population et ont toujours été les domaines clés et les orientations prioritaires de la Chine pour une coopération pragmatique avec le Burkina Faso. Dans la phase suivante, la Chine continuera à fournir un soutien solide aux services médicaux et de santé du Burkina Faso.

Le premier aspect consiste à se concentrer sur la mise en œuvre de grands projets. La cérémonie de pose de la première pierre pour la construction de l’hôpital de Bobo a eu lieu et nous nous activons pour que les travaux démarrent le plus vite possible. En outre, la partie chinoise a également donné la priorité au projet de rénovation du CHR de Koudougou.

Le deuxième aspect est d’établir des mécanismes d’échanges et de coopération. A cet effet, nous avons lancé le jumelage des hôpitaux sino-burkinabè comme ce fut le cas entre l’Hôpital affilié de l’Université des sciences et technologies de Chine et le CHU de Tengandogo. La Chine continuera de soutenir le Burkina Faso en termes de partage d’expériences, de télémédecine, d’échanges universitaires, de dons de matériels et la formation des ressources humaines.

Le troisième aspect est d’approfondir l’assistance technique. L’équipe médicale chinoise continuera à faire des consultations gratuites dans les villages et élargira son rayon d’action tout en améliorant le mécanisme de travail afin de fournir des garanties plus solides pour la santé et la sécurité des personnes.

Quatrièmement, nous continuons à apporter nos soutiens dans la lutte contre la Covid-19. Un nouveau lot de matériels médicaux antiépidémiques comprenant des réactifs de test dont le Burkina Faso a urgemment besoin est en cours de préparation et devrait être acheminé vers le Burkina Faso dans un proche avenir. Dans le même temps, les deux parties continueront de renforcer les échanges techniques et le partage d’expériences sur des sujets tels que la prévention et le contrôle des épidémies au moyen de vidéoconférences à distance et d’autres moyens.

Propos recueillis par Étienne Lankoandé

Lefaso.net

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