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Gouvernement : « Il n’existe pas de ministère d’Etat ; il n’y a que des ministres d’Etat », explique le diplomate Mélégué Traoré

<p><strong>Ministre d’Etat&comma; ministre auprès du président du Faso&comma; chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale &semi; ministre d’Etat &semi; ministre délégué &semi; secrétaire d’Etat… C’est sur&comma; entre autres&comma; ces architectures institutionnelles qui caractérisent les gouvernements burkinabè et qui prêtent parfois à confusion&comma; que l’ambassadeur Mélégué Traoré a bien voulu apporter des éclairages à travers cette interview&period; Pour l’occasion&comma; l’ancien président de l’Assemblée nationale et cadre de l’ex-parti au pouvoir &lpar;le CDP&rpar; fait une lecture de la victoire du MPP aux dernières échéances électorales&period; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<div class&equals;"article&lowbar;content">&NewLine;<p><strong>Lefaso&period;net &colon; Alors que nombre d’observateurs étaient convaincus d’un deuxième tour à la présidentielle&comma; le président sortant a été réélu et&comma; mieux&comma; avec un score plus confortable que celui de 2015&period; Imaginiez-vous ce passage haut les mains de Roch Kaboré &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Mélégué Traoré &colon; Non&comma; sincèrement&comma; si quelqu’un vous dit qu’il doutait qu’il y ait un deuxième tour&comma; il ne vous dit pas la vérité&period; On pensait tous qu’il y aurait deux tours&period; Personne ne pensait que Roch Kaboré gagnerait les élections haut la main&comma; au premier tour&period; En tout cas&comma; pas dans ces proportions-là&period; Même les militants du MPP qui clamaient qu’il ferait un « coup K&period;O&period; » n’y croyaient pas tellement &semi; la proclamation de leur foi les confortait et leur donnait simplement de l’assurance en eux-mêmes&period; Le champ politique tel qu’il se présentait à la veille des élections&comma; était plein d’incertitudes&comma; avec des potentialités dans toutes les sensibilités politiques&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Dans ce sens&comma; il était difficile d’imaginer que Roch Kaboré gagne la partie de cette manière&period; J’étais revenu dans deux ou trois interviews sur cette question &semi; j’estimais qu’il pouvait y avoir coup&comma; mais certainement pas « coup K&period;O&period; »&period; Ce que je disais par-là&comma; c’est qu’il pouvait gagner au premier tour&comma; mais sans doute pas avec un raz-de-marée aux législatives&period; Or&comma; ce qui s’est passé n’est finalement pas loin du raz-de-marée&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Non seulement il a gagné au premier tour&comma; mais le MPP s’est très bien battu &colon; il a tenu&comma; même s’il n’a pas beaucoup amélioré son score de 2015&period; J’avais même dit que je ne croyais pas que le MPP puisse obtenir le même résultat qu’en 2015 aux législatives &semi; pourtant il a conservé ses positions&period; Donc&comma; incontestablement&comma; c’est un succès pour le président du Faso et son parti&period; Vous vous souvenez&comma; je déclarais aussi qu’en plus d’Eddie Komboïgo&comma; Kadré Désiré Ouédraogo pouvait créer la surprise&period; Je me suis trompé&comma; rien ne s’est passé&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Qu’est-ce qui peut expliquer cette performance du MPP &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Il y a plusieurs explications possibles aux résultats des dernières élections&period; La première&comma; c’est clair qu’en Afrique&comma; quand un parti est au pouvoir&comma; il a tous les atouts et une longueur d’avance sur tous ses adversaires&period; La position institutionnelle que le MPP &lpar;Mouvement du peuple pour le progrès&rpar; occupait cette fois-ci n’existait pas en 2015&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Le parti venait alors d’être créé un an auparavant &semi; il n’était pas encore sûr de ses forces et de ses faiblesses&comma; mais il était relativement facile d’imaginer qu’il allait gagner en raison de l’absence du CDP sur la scène&period; C’est vrai&comma; comme dit un philosophe&comma; on peut prévoir tous les évènements&comma; une fois qu’ils se sont produits &excl;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Et en 2020 &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>En revanche&comma; en 2020&comma; le MPP venait de passer cinq ans au pouvoir &semi; il avait consolidé sa position et élargi sa base&period; Il avait acquis les moyens matériels et financiers dont il ne disposait pas en 2015&period; Il se trouvait donc en état de prééminence politique au sein de l’État&comma; et cela compte beaucoup en Afrique&period; C’est ça qui limite les surprises dans notre continent&comma; quand dans une élection&comma; on est en face d’un parti au pouvoir&period; Le CDP en sait quelque chose&period; Il en a l’expérience&period; Deuxièmement&comma; il y a certainement la personnalité de Roch Kaboré&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Même si on a tendance parfois à le nier&comma; incontestablement&comma; il était en fait&comma; depuis le Front populaire&comma; le véritable dauphin politique de Blaise Compaoré&period; Il est arrivé à cette place&comma; parce que de l’ensemble des cadres que nous étions autour de Blaise Compaoré près de vingt-cinq années durant&comma; c’était évident qu’il était le mieux placé pour lui succéder un jour&period; Il était le préféré de Blaise Compaoré &semi; ça se voyait et ça se savait&comma; tout au moins jusqu’à ce que François Compaoré entre en scène au début des années 2000&period;<&sol;p>&NewLine;<p>En plus de tout cela&comma; il ne faut pas occulter le style de l’homme&period; Outre l’expérience de la gestion des affaires de l’Etat&comma; on cite généralement&comma; chez Rock Kaboré&comma; le sens de l’ouverture et la modération&period; Il y a chez lui&comma; une part de bonbonomie et de jovialité communicative qui ne doit pas tromper&period; Il sait ce qu’il veut et n’a pas l’habitude de l’échec&period; Il sait faire preuve d’une part du sens de calcul &semi; ce qui est un atout considérable en politique&comma; mais peut se transformer en facteur défavorable&period; Vous savez&comma; on est en Afrique&comma; pas en Asie&comma; en Europe ou en Sibérie &semi; tout se sait et se dit évidemment&period;<&sol;p>&NewLine;<p>La troisième explication&comma; ce sont les moyens financiers&period; Le MPP a eu d’énormes moyens qu’aucun autre parti dans l’histoire politique du Burkina n’a eus à des élections&period; Aucun &excl; Depuis l’élection qui a marqué véritablement le lancement de la vie politique au Burkina Faso&comma; les législatives du 31 mars 1957 qui ont amené Ouezzin Coulibaly au pouvoir&comma; jusqu’à ce jour&comma; aucun parti politique n’a eu autant de capacités financières face à des adversaires lors d’un scrutin&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Lesquels adversaires du MPP étaient d’ailleurs démunis et désargentés comme ils ne l’avaient jamais été non plus&period; Je dois ajouter à tout ça&comma; que les cadres et les militants du MPP se sont bien battus&comma; même si l’on a exprimé quelques doutes ou des interprétations négatives sur de possibles manipulations au plan informatique et d’un certain logiciel&period; Mais sur ce plan&comma; avouons-le&comma; nul n’a pu en produire des preuves&period; En résumé&comma; un parti burkinabè n’a jamais été aussi bien armé que le parti au pouvoir pour gagner une élection&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Même le pouvoir Compaoré &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Même le CDP au faîte de ses capacités&period; Non &excl; Sous Blaise Compaoré&comma; le CDP avait des moyens financiers&comma; mais pas à ce point&period; De plus&comma; le parti donnait des véhicules et des motos aux structures du parti dans les provinces et les communes&comma; mais pas à des individus&period; Et surtout&comma; le déséquilibre au détriment des autres partis n’était pas aussi criard&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Cette fois-ci&comma; le fossé était abyssal &semi; il allait parfois de 10&comma; du point de vue des capacités financières&period; Je le dis parce que j’ai battu la campagne trois semaines durant aux frontières avec le Mali et la Côte d’Ivoire&comma; à 500 ou 600 km de Ouagadougou quelques fois&period; Même dans les plus petites communes&comma; les structures du MPP détenaient des moyens financiers considérables sans comparaison avec celles des autres partis&period; Il n’y avait pas match&period;<&sol;p>&NewLine;<p>La sous-section MPP d’une seule commune des Cascades&comma; avait parfois deux ou trois fois les moyens dont disposait un parti comme le CDP &lpar;Congrès pour la démocratie et le progrès&rpar; pour l’ensemble de la région&period; Je parle d’une seule commune&period; Additionnez sur l’ensemble du territoire national et vous verrez&period; Ce déséquilibre des capacités financières a été un facteur déterminant dans les résultats&comma; même s’il n’explique pas seule la victoire du MPP&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Est-ce la seule explication de la victoire du MPP &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Non&comma; évidemment&period; Il y a d’autres explications&period; De manière classique en Afrique&comma; dans l’esprit des citoyens&comma; le président est connu à l’avance &semi; c’est celui qui est au pouvoir&period; Avec Roch Kaboré&comma; pendant cinq ans&comma; quand on disait « le président du Faso »&comma; dans le monde rural comme dans les quartiers des villes&comma; les Burkinabè n’entendaient qu’un seul nom &semi; celui du président en place&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Des Burkinabè qui ne sont pas allés à l’école ou ont été jusqu’au CM2 simplement&comma; intériorisent l’idée selon laquelle le président du Faso&comma; c’est Roch Kaboré&period; Il n’y a pas d’autre nom comme président du Faso&period; Le jour où ils sont dans un isoloir pour voter le président&comma; vous croyez qu’ils font quoi &quest; C’est le président en place qu’ils connaissent et c’est pour lui qu’ils votent tout naturellement&comma; malgré ce que nous faisons dans les partis&period; Ce n’est pas nouveau&period;<&sol;p>&NewLine;<p>C’est ce type de facteurs qui expliquent aussi que le MPP ait ainsi gagné&period; D’autres paramètres peuvent avoir concouru à sa victoire&period; De toute façon&comma; on ne pouvait pas battre le MPP cette fois-ci &semi; on n’en avait pas les moyens&period; Aucun parti de l’opposition n’était préparé pour un tel exploit&period; Quant aux partis de la mouvance&comma; ils étaient du côté du gagnant probable &excl;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Avec ce gouvernement&comma; on a un ministre d’Etat&comma; ministre auprès du président du Faso&comma; chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale&comma; qui est Zéphirin Diabré&period; L’acte de nomination et l’intitulé semblent créer&comma; pour le commun des Burkinabè&comma; une sorte de confusion institutionnelle…<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>La réconciliation est un gros enjeu pour notre pays aujourd’hui&period; Cela est vrai&comma; mais un ministère reste un ministère&period; Il ne faut pas se tromper là-dessus&period; J’imagine que ce sont purement des raisons d’opportunité&comma; de stratégie et de tactique politiques qui expliquent cette façon de procéder&comma; qui a consisté à citer les noms de tous les ministres&comma; puis décaler à la fin celui de Zéphirin Diabré&comma; comme s’il n’est pas placé au même niveau que les autres ministres&period; Et puis&comma; ça veut dire quoi au juste&comma; « au titre de la présidence du Faso » dans le décret de nomination d’un gouvernement &quest; Ce poste&comma; au-delà de l’enjeu de la réconciliation qui est réel&comma; c’est uniquement de la machinerie et de l’habillage politique &semi; ce n’est pas autre chose&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Dans l’ordonnancement de l’Etat&comma; le ministère chargé de la Réconciliation nationale est un département ministériel comme les autres&period; Zéphirin Diabré est un ministre de valeur incontestablement&comma; mais pas autre chose&period; La Constitution burkinabè à son titre IV&comma; ne reconnaît qu’un organe de direction de l’Etat &colon; le gouvernement&period; Il est collégial&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Zéphirin Diabré a un département détenant des attributions particulières&comma; tout simplement parce que l’enjeu auquel la politique publique qu’il exécutera est attachée&comma; est également singulier à cette étape de l’histoire de notre pays&period; Sinon&comma; c’est un ministère comme les autres&period; S’il a un dossier à présenter en Conseil des ministres&comma; il passera sous le magistère du Premier ministre &semi; et sur le plan opératoire&comma; par le mécanisme du secrétariat général du gouvernement&period; Il n’en sera pas autrement&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Le fait que ce département soit rattaché au président du Faso n’implique-t-il pas qu’il échappe à l’emprise du Premier ministre &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Absolument pas&period; Je l’ai dit&comma; il n’y a qu’un organe constitutionnel qui dirige le pays &colon; c’est le gouvernement&period; Remarquez que parfois&comma; le président du Faso lui-même détient un ou plusieurs départements ministériels&period; Dans le gouvernement du 1er janvier 1961&comma; Maurice Yaméogo était lui-même ministre de la Défense &semi; Sangoulé Lamizana&comma; au lendemain du 3 janvier 1966&comma; était en même temps ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants&comma; des Affaires étrangères&comma; de l’Information&comma; de la Jeunesse et des Sports&period; Sur les questions liées au gouvernement&comma; on se réfère toujours au Premier ministre&period;<&sol;p>&NewLine;<p>La tendance ici pourrait être que Zéphirin Diabré donne l’impression qu’il échappe à l’autorité du Premier ministre&period; Il ne le peut pas&period; Et puis&comma; je ne vois pas quel intérêt il aurait à le faire&period; Je ne crois pas que le président du Faso lui-même aurait intérêt à ce que ce soit ainsi&period; Le Premier ministre tiendra compte évidemment du fait que le ministre Diabré étant placé auprès du président du Faso&comma; il a une position particulière pour le traitement des dossiers&period; Mais ce constat est purement formel&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Car&comma; qui peut sérieusement penser qu’il y ait un membre du gouvernement&comma; quel que soit son titre&comma; qui ne dépende pas du Premier ministre &quest; Vous savez&comma; dans pleins de gouvernements&comma; il y a des ministres&comma; des secrétaires d’Etat ou des ministres délégués placés auprès du président de la République&period; Cela ne veut pas dire que les domaines dont ils s’occupent échappent à l’emprise du Premier ministre&period; L’organisation de chaque ministère est régie par un décret pris en Conseil des ministres&comma; qui établit ses structures&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Quand Zéphirin Diabré préparera le décret portant l’organisation et le fonctionnement du ministère de la Réconciliation&comma; il en amènera le projet en Conseil des ministres à travers le secrétaire général du gouvernement comme tous les autres ministres&period; Et cela se fait sous l’autorité du Premier ministre&period; Dans notre système&comma; c’est le Premier ministre qui détermine les attributions des membres du gouvernement en Conseil où le décret y relatif est pris&period; Tout le reste n’est que de l’habillage politique&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Dans les fondamentaux de l’Etat républicain&comma; Zéphirin Diabré est un membre du gouvernement comme tous les autres&period; Il est donc sous l’autorité fonctionnelle du Premier ministre&comma; même si sur le plan formel et organique&comma; il est placé auprès du président du Faso&period; De toute façon&comma; je crois que Zéphirin Diabré a&comma; lui-même&comma; clarifié les choses dans ce sens&period;<&sol;p>&NewLine;<p><span class&equals;"spip&lowbar;document&lowbar;117373 spip&lowbar;documents spip&lowbar;documents&lowbar;center"><br &sol;>&NewLine;<img src&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;local&sol;cache-vignettes&sol;L600xH450&sol;5c43faeb-4c2e-4fd5-a6d5-1cad9cc02c55-c02c3&period;jpg&quest;1611788224" width&equals;"600" height&equals;"450" alt&equals;""><&sol;span><&sol;p>&NewLine;<p><strong>On a parfois&comma; dans les gouvernements&comma; des secrétaires d’Etat ou des ministres délégués&period; Quelle différence fondamentale peut-on faire entre ces titres &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>C’est notre Constitution actuelle qui crée la confusion&period; Sous la deuxième République&comma; la Constitution du 29 juin 1970 disposait que le gouvernement comprend le Premier ministre&comma; les ministres et les secrétaires d’Etat&period; Elle précisait que le nombre de ministres ne pouvait dépasser quinze membres&period; Sous la troisième République&comma; la Constitution du 13 décembre 1977 avait repris les mêmes dispositions&comma; mais le nombre de ministres était fixé à 20 au maximum&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Il faut savoir qu’avant 1960&comma; le nombre de ministres était de 10 et de 12&comma; en 1957 et 1958&period; Il était de 16 à l’indépendance&period; L’inflation des titres de départements a commencé sous la deuxième République avec le gouvernement du 16 juillet 1978&comma; quand on a atteint 20 ministres&period; La Constitution actuelle a abandonné ces principes&comma; sauf sur un point&period; C’est toujours le Premier ministre qui détermine les attributions des membres du gouvernement&comma; établies par décret pris en Conseil des ministres&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Ce qu’on applique donc actuellement pour la nomination des membres du gouvernement relève uniquement des pratiques conventionnelles avec les titres de ministre&comma; de ministre délégué et de secrétaire d’Etat&comma; que le droit administratif et la science administrative exploitent abondamment&period; Il se trouve que dans la Constitution du 11 juin 1991&comma; celle de la quatrième République&comma; les différenciations dont je parle ne figurent nulle part&period; Le chef de l’Etat a donc une totale liberté pour établir le format et la nomenclature du gouvernement&comma; de manière discrétionnaire&comma; avec le Premier ministre&period; Avant&comma; ce n’était pas le cas&comma; parce que la Constitution réglait elle-même la question&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Mais attention&comma; un pouvoir discrétionnaire ne signifie pas un pouvoir arbitraire&period; Cela dit&comma; la pratique actuelle ne pose pas de problème de fond pour le fonctionnement du gouvernement&comma; puisque tout est arrêté en Conseil des ministres&comma; sauf que le nombre de ministres et leurs titres&comma; c’est-à-dire la nomenclature&comma; sont fixés par le président du Faso&comma; sans en référer au Conseil des ministres en tant qu’organe collégial&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Parlant de nomenclature&comma; si on devait faire une classification&comma; comment comprendre les choses &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Si on doit faire une classification brute des membres du gouvernement&comma; on aura le tableau suivant&comma; par ordre de préséance &colon; le Premier ministre&comma; les ministres d’Etat&comma; les ministres de plein exercice&comma; les ministres sans portefeuille&comma; les ministres délégués&comma; les ministres délégués autonomes&comma; les secrétaires d’Etat et les secrétaires d’Etat autonomes&period; Dans certains gouvernements&comma; il n’y a pas de ministre d’Etat&comma; il n’y a que des ministres&comma; avec éventuellement des ministres délégués ou des secrétaires d’Etat&period; Dans d’autres situations en revanche&comma; on compte des ministres uniquement et des secrétaires d’Etat&comma; sans ministres délégués&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Il peut aussi arriver que le gouvernement ne comprenne uniquement que des ministres et des secrétaires d’Etat&period; Avec un troisième schéma&comma; on peut seulement avoir l’une et l’autre de ces deux dernières catégories&period; Mais dans tous ces cas-là&comma; le chef du département&comma; c’est le ministre&period; D’ailleurs&comma; dans nombre de pays&comma; les ministres délégués et les secrétaires d’Etat ne participent pas au Conseil des ministres &semi; ils n’y sont conviés que lorsque l’ordre du jour comporte un dossier qui concerne leur sous-secteur&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Une fois que le dossier est délibéré&comma; ils quittent le Conseil des ministres&period; En France&comma; avant&comma; les secrétaires d’Etat ne participaient qu’aux Conseils inter-ministériels &semi; pas au Conseil des ministres&period; Ça a été le cas pendant quelques années chez nous&period; Mais&comma; dans notre pratique actuelle au Burkina Faso&comma; dès lors qu’on est membre du gouvernement&comma; quelle que soit la catégorie à laquelle on appartient&comma; on participe au Conseil des ministres&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Quelle est la hiérarchie entre les ministres &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>C’est une question qui revient souvent&period; Il n’y a pas de hiérarchie entre les ministres &semi; quels que soient le titre et l’habillage qu’on leur donne&period; Tous sont au-dessous du Premier ministre&period; Le schéma est radial&comma; chacun étant relié directement à lui&period; Le ministre d’Etat n’est pas supérieur aux autres ministres&period; Il n’y a aucune hiérarchie entre lui et les autres&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Il ne peut pas donner d’instruction à un ministre&comma; à un ministre délégué ou à un secrétaire d’Etat&comma; à moins que l’un ou l’autre ne soit placé auprès de lui&period; Il ne peut&comma; tout comme le Premier ministre d’ailleurs&comma; reformer un acte signé par un autre ministre&period; Le titre de ministre d’Etat n’a de portée qu’au niveau de la préséance protocolaire et de l’étiquette des titres&period; A une cérémonie&comma; on citera d’abord les ministres d’Etat avant les autres membres du gouvernement&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Puis on suivra l’ordre dans lequel ceux-ci sont cités dans le décret de nomination du gouvernement&period; Au niveau du traitement salarial&comma; pendant longtemps&comma; il n’y avait pas de différence entre les ministres d’Etat et les autres ministres&period; Les indemnités étaient les mêmes pour tous les membres du gouvernement&period; Mais actuellement&comma; il y a une différence &colon; les ministres d’Etat ont une indemnité légèrement supérieure à celle des autres ministres&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Mais cette différence est mince&period; En revanche&comma; il existe bien une hiérarchie au sein des départements entre le ministre et son ministre délégué ou son secrétaire d’Etat&period; Le ministre délégué ou le secrétaire d’Etat dépendent du titulaire&period; Il ne s’agit pas seulement de préséance&period; Je dois vous donner une dernière précision&period; Il n’existe pas de ministère d’Etat &semi; il n’y a que des ministres d’Etat&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Voulez-vous dire que ce titre est vide &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Naturellement ce titre n’est pas vide&period; Loin de là&period; C’est un titre de prestige éminent&comma; qui est très recherché par les hommes politiques&period; Il doit sa force&comma; sur le plan politique&comma; au niveau de l’étiquette des titres des hautes fonctions politiques&comma; et de la haute considération&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Le ministre d’Etat peut être le titre donné à un membre éminent du gouvernement&comma; qui a en charge un département stratégique sur le plan de l’action gouvernementale&period; Mais le ministre d’Etat peut être sous portefeuille&period; Par ailleurs&comma; sans s’occuper d’un secteur ou d’un secteur des politiques publiques&comma; il peut être placé auprès du chef de l’Etat ou du Premier ministre&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>On ne comprend pas toujours cette histoire et ces dénominations de ministre délégué et de secrétaire d’Etat&period; Expliquez-nous&period;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>&lpar;Rires&rpar;&period; Ça fait rire pour de grands intellectuels comme vous &excl; Ecoutez&period; Tout dépend des systèmes de structuration organique et d’administration des Etats au sommet&period;<br class&equals;"autobr"><br &sol;>&NewLine;La Présidence&comma; le Premier ministère&comma; les départements ministériel peuvent avoir un ou plusieurs sous-secteurs&period; Si le chef de l’Etat et le Premier ministre considèrent qu’un sous-secteur est spécifique et mérite un traitement particulier&comma; le président nomme un ministre délégué ou un secrétaire d’Etat qui en sera chargé&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Les ministres délégués et les secrétaires d’Etat peuvent être placés auprès du président du Faso&comma; du Premier ministre ou d’un ministre&period; Le choix entre ministre délégué et ministre dépend de la seule décision du président du Faso&period; Le ministre délégué ou le secrétaire d’Etat est dit « autonome » s’il n’est pas rattaché à un ministère&comma; au Premier ministère ou à la Présidence&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Le gouvernent actuel comporte des ministres délégués au nombre de sept&period; Le premier gouvernement burkinabè a été celui de Daniel Ouézzin Coulibaly&comma; nommé le 18 mai 1957&period; Sous Ouézzin Coulibaly&comma; aucun gouvernement ne comportait de secrétaire d’Etat ou de ministre délégué&period; C’est le Président Maurice Yaméogo qui a complexifié la nomenclature gouvernementale en Haute-Volta&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Le gouvernement du 1e mai 1959 était composé de seize membres&comma; dont cinq secrétaires d’Etat &colon; Michel Lajus&comma; un Français &semi; Denis Yaméogo &semi; Tiémoko Kaboré &semi; Daouda Diallo et Rimbalté Palenfo&period; Les trois premiers étaient placés auprès de la présidence du Conseil&period; Ils s’occupaient de la Coordination interministérielle&comma; de la Justice et des Anciens combattants&period; Le gouvernement du 2 mai 1961 comportait dix membres&comma; dont un haut-commissaire à la jeunesse et au Sport&comma; Michel Tougouma&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Et le titre de ministre délégué &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Le titre de ministre délégué est apparu pour la première fois dans un gouvernement burkinabè le 27 février 1963&comma; avec Dénis Yaméogo&comma; nommé ministre délégué auprès du président du Conseil des ministres&comma; le chef de l’Etat&comma; Maurice Yaméogo &semi; Sibiri Salembéré l’a rejoint avec le même titre dans le gouvernement du 3 mai 1963&period; Il n’y a pas de différence substantielle entre un secrétaire d’Etat et un ministre délégué&period; Les secrétaires d’Etat et les ministres délégués exercent leurs compétences&comma; selon les cas&comma; par délégation du président du Faso&comma; du Premier ministre ou du ministre auprès duquel ils sont placés&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Strictement parlant&comma; les ministres délégués jouissent d’une délégation plus large et plus prononcée que celle que détiennent les secrétaires d’Etat&period; En principe&comma; la délégation dont jouit un secrétaire d’Etat s’analyse d’abord comme une délégation de signature&period; Le ministre délégué bénéficie d’une plus grande autonomie d’action que le secrétaire d’Etat&period; Mais il faut noter qu’au départ&comma; on ne plaçait de ministre délégué qu’auprès du Premier ministre&period; Ils ne sont pas placés auprès du Président du Faso&comma; du Premier ministre ou d’un ministre&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Le modèle d’administration que je vous explique&comma; n’est cependant pas le même dans d’autres systèmes&period; Il faut donc faire très attention&period; Par exemple&comma; en Grande Bretagne et dans les pays anglophones en général&comma; c’est le titre de « secrétaire d’Etat » qui est valorisé&period; Il désigne les ministres titulaires des départements ministériels&period; Le terme « ministre d’Etat » en Grande-Bretagne est l’équivalent des secrétaires d’Etat ou des ministres délégués dans notre système&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Peut-on concevoir un gouvernement dans lequel on ne retrouve aucun ministre d’Etat &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Absolument&period; Il y a eu plein de gouvernements au Burkina et dans d’autres pays&comma; dans lesquels on ne trouve pas de ministre d’Etat&period; Mais il n’y a aucune règle dans ce domaine &semi; on peut avoir un gouvernement sans ministre d’Etat&comma; ou au contraire&comma; un autre avec plusieurs ministres d’Etat&period;<&sol;p>&NewLine;<p>On a même connu ces dernières années&comma; en Côte d’Ivoire&comma; une innovation avec des « ministres d’Etat à la présidence » et des « ministres d’Etat au gouvernement »&period; A Abidjan&comma; le Protocole d’Etat en tient compte dans l’ordre des préséances&comma; les premiers passant avant les ministres d’Etat du gouvernement&period;<&sol;p>&NewLine;<p><span class&equals;"spip&lowbar;document&lowbar;117374 spip&lowbar;documents spip&lowbar;documents&lowbar;center"><br &sol;>&NewLine;<img src&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;local&sol;cache-vignettes&sol;L600xH450&sol;226cbe1c-ee9c-4bb2-9833-50ae8a977a01-dae1c&period;jpg&quest;1611788224" width&equals;"600" height&equals;"450" alt&equals;""><&sol;span><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Sur quelles considérations ou critères se base-t-on pour nommer un ministre d’Etat &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Il n’existe pas de critères à proprement parler dans ce domaine&comma; qui relève de la science de l’administration&comma; mais des axes de la pratique&period; Le premier axe&comma; c’est que le chef d’Etat et le Premier ministre estiment&comma; à la formation du gouvernement&comma; qu’une question est tellement importante qu’il faut que celui ou celle qui la prend en charge&comma; porte le titre de ministre d’Etat&period;<&sol;p>&NewLine;<p>On l’a vu sous François Mitterrand en France au milieu des années 1980&comma; où Lionel Jospin est devenu ministre d’Etat&comma; ministre de l’Education nationale&period; Pour François Mitterrand&comma; le secteur de l’Education était un domaine stratégique&comma; et donc nécessitait un traitement spécial avec sa traduction institutionnelle&period; Au Burkina Faso&comma; quand Hermann Yaméogo est devenu ministre de l’Intégration africaine en 1992&comma; dans le premier gouvernement de la IVe République&comma; on n’était pas loin de ce genre de considération&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Le Burkina Faso venait d’entamer son renouveau démocratique&comma; et Blaise Compaoré amorçait la montée en puissance diplomatique du pays sur la scène interafricaine&period; Le deuxième axe est purement politique&period; Dans les gouvernements d’alliance&comma; de coalition&comma; ou même simplement à composantes politiques différentiées&comma; chacune des composantes peut disposer d’un ministère d’Etat&comma; toujours selon l’appréciation du Président&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Le troisième critère s’identifie à des considérations purement personnelles et souvent subjectives &colon; notoriété de la personnalité&comma; rayonnement personnel&comma; compagnonnage politique ou historique avec le président du Faso… Entre les trois séries de considération&comma; il existe une palette infinie d’autres critères&comma; dont l’appréciation de la pertinence revient au seul président du Faso&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Avec ces considérations sus-évoquées&comma; un ministre comme celui des Affaires étrangères ne devrait-il pas&comma; d’office&comma; être revêtu du titre de ministre d’Etat &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Pourquoi &quest; Non&period; Il n’y a pas de normalité dans ce domaine&period; Donner le titre de ministre d’Etat ou tout autre titre de distinction à une personnalité&comma; relève du pouvoir discrétionnaire du président du Faso&comma; auquel le Premier ministre soumet des propositions pour former le gouvernement&period; Il n’y a donc pas de secteur dans lequel le titre de ministre d’Etat serait de droit&period; Mais&comma; il est vrai que dans de nombreux pays&comma; les ministres chargés des affaires internationales sont nommés ministres d’Etat&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Cela étant&comma; le ministère des Affaires étrangères n’est pas un ministère comme les autres&period; Il est unique en son genre&period; En droit international et dans la diplomatie&comma; le ministre des Affaires étrangères est une institution internationale en soi&period; Même les chefs d’Etat n’ont pas un tel statut ou privilège&period; Les titres qu’on donne au ministre des Affaires étrangères à l’intérieur&comma; dans l’Etat du for&comma; n’ont aucun effet à l’extérieur et à l’ONU&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Qu’on donne à Alpha Barry le titre de ministre d’Etat ou non&comma; il vient avant tous les autres aux Nations Unies et dans les affaires internationales &semi; il n’a pas besoin d’être ministre d’Etat pour cela&period; Le reste&comma; c’est de la cuisine interne&period; Naturellement&comma; un tel titre rehausserait encore plus sa visibilité sociale et politique dans l’ordre national&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Qu’est-ce qui différencie tant le ministre des Affaires étrangères des autres ministres &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Ce serait long à expliquer&period; Il y a beaucoup de choses&period; Il est le seul ministre dont le statut échappe en partie aux critères de l’ordre interne à l’Etat&period; Une fois nommé&comma; il devient le chef de la diplomatie&period; Ce n’est pas le président du Faso qui est le chef de la diplomatie burkinabè&comma; c’est bien lui&period; Aujourd’hui&comma; tous les ministères ont une dimension internationale&comma; mais lui seul ne s’occupe que d’affaires internationales&period; C’est donc lui qui cordonne toutes les interventions extérieures des autorités burkinabè&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Il lui revient ainsi de donner de la cohérence et de la cohésion à l’action internationale de notre pays&period; Alors que les services extérieurs des autres départements ministériels sont repartis sur le territoire national&comma; dans les départements&comma; les provinces et les régions&comma; tous les services extérieurs du ministère des Affaires étrangères sont placés dans la sphère internationale&comma; à l’étranger&period; Ce sont les ambassades&comma; les postes consulaires et les représentations permanentes auprès des organisations internationales&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Vous ne le savez certainement pas&comma; mais jusqu’à la fin des années soixante et le milieu des années soixante-dix&comma; en Haute-Volta&comma; seul le ministère des Affaires étrangères avait un secrétaire général&period; Il avait un statut fixé par décret&period; C’est quelque chose que les gens ne savent pas&period; Soit dit en passant&comma; à part quelques départements ministériels&comma; en France&comma; il n’y a pas de secrétaires généraux dans les ministères&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Interview réalisée par O&period;L&period;O<br class&equals;"autobr"><br &sol;>&NewLine;Lefaso&period;net<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<&sol;div>&NewLine;<p>Source &colon; <a href&equals;"http&colon;&sol;&sol;lefaso&period;net&sol;spip&period;php&quest;article102301" target&equals;"&lowbar;blank" rel&equals;"noopener noreferrer">lefaso&period;net<&sol;a><&sol;p>&NewLine;<p>Faso24<&sol;p>&NewLine;

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