Le jeudi 29 janvier, Burkina 24 a interviewé Hippolyte Ouangrawa alias M’Babouanga sur la question de la vie des comédiens. Directeur, de la troupe théâtrale dénommée « théâtre de l’espoir », M’Babouanga a voué sa vie à l’évolution de la culture burkinabè. Cet homme de culture est né en 1956 et a trois enfants. Que devient son projet Laadowood ? Réponse dans cette interview.
Burkina 24: Petit rappel historique. Pourquoi avez-vous choisi « M’Babouanga » comme surnom?
H. Ouangrawa : C’est lors d’une série radiophonique sur la planification familiale. Il fallait trouver un nom pour que chaque personne puisse s’identifier. Et Ils ont dit que ça allait être compliqué. C’est pourquoi, ils ont décidé de prendre le nom « bouanga » qui a des problèmes à la maison, des problèmes dans la famille, mais qui est toujours souriant, serviable et prêt à servir.
Burkina 24: Qu’est-ce qui vous a motivé à faire la comédie ?
H. Ouangrawa : Je ne sais pas. Je suis venu dans la comédie dès mon jeune âge. J’aimais le cinéma, j’aimais vraiment faire rire. J’aimais beaucoup aussi raconter des blagues, des histoires. En plus, il fallait trouver maintenant des voies et moyens pour continuer ce que j’aime. Prosper Compaoré qui est mon cousin, m’a dit « aller tu viens faire le théâtre” et voilà le théâtre est né.
Burkina 24: La comédie nourrit-elle son homme ?
H. Ouangrawa : Je vais te laisser voir ce que j’ai fait. Par la grâce de Dieu, je ne me plains pas. Mes enfants ont ce qu’ils ont, ce qu’ils veulent, mangent bien. Mais on continue de prier Dieu car le théâtre, c’est difficile de nourrir son homme. Mais si tu donnes vraiment ton amour, ton savoir-faire, tout ton être, je pense que Dieu te donne les moyens de satisfaire tes besoins.
Burkina 24: Est-ce votre seule source de revenus?
H.Ouangrawa : Bien-sûr.
Burkina 24: Avez-vous des périodes mortes ?
H. Ouangrawa : Bien-sûr ! Par exemple il y a des périodes, on peut faire un mois, deux mois sans spectacle et c’est difficile à vivre. Mais néanmoins Dieu nous donne chaque fois quelque chose à faire pour pouvoir vivre. Je prends le cas du covid-19, ce sont des moments où il faut quand-même plusieurs personnes pour se rassembler, regarder le spectacle c’est ça notre hic.
Ce n’est pas seulement Babouanga, ou le Théâtre de l’espoir seul qui subit, mais c’est partout dans le monde. Mais on peut dire que Dieu nous donne la santé pour que ce mal puisse quitter afin qu’on puisse communiquer, faire rire, partager les joies, le bonheur par le rire.
Burkina 24: Comment occupez-vous ces temps morts?
H.Ouangrawa : Les temps de loisirs c’est simple. Je joue aux boules. Je joue au damier et surtout le baby-foot que j’aime très bien. Tout ce qui est jeux de société, j’admire et j’occupe beaucoup de mon temps derrière ces jeux pour être moi même.
Burkina 24 : Ne vous sentez-vous pas en déphasage avec les nouvelles formes humoristiques de plus en plus en vogue ?
H.Ouangrawa : Non. Le théâtre c’est une transposition de la vie. Tu ne vas jamais voir un véhicule marcher en arrière parce qu’il y a longtemps qu’il roulait vers l’avant. Au contraire, ils viennent demander conseils. C’est un jeu d’acteur, et toute pratique de l’art est très bien.
Que ce soit le clown, que ce soit le Rap, que ce soit la chanson, que ce soit tout ce qui est art, j’aime mais je préfèrerai faire le théâtre. Vous voyez qu’il y a beaucoup de différences entre théâtre conventionnel, le théâtre interactif. Il y a plusieurs sortes de théâtres et le théâtre que moi j’aime beaucoup, c’est le théâtre forum. Il est un théâtre interactif, un théâtre d’échange, de prise de conscience, de changement de comportement.
Burkina 24 : Quelles ont été les périodes difficiles dans votre carrière ?
H. Ouangrawa : Pour moi, il n’y a jamais eu de périodes difficiles, tout ce qui vient est bon. Les difficultés, il faut les traverser. C’est pendant les périodes dures que tu montres ta valeur. Mais ne pas être au-delà de ce que tu as, ne pas forcer car tout vient à qui sait attendre.
Burkina 24 : Est-ce que le gouvernement a déjà pensé à vous ?
H. Ouangrawa : Non. Par contre, s’il pense à moi je serai heureux. Compte tenu du fait que je ne suis pas le seul burkinabè, si un artiste a son projet qu’il présente. Si ce projet plait au gouvernement, s’il peut le financé, il le fait. C’est à travers tes œuvres qu’on on peut te soutenir.
Burkina 24 : Où en êtes-vous avec votre projet Laadowood ?
H.Ouangrawa : Vous savez, le covid-19 est venu vraiment nous frapper et comme il y a beaucoup de gens qui veulent m’aider et que la maladie est là, c’est difficile. Chaque personne n’arrive pas à joindre le bout.
Mais j’ai confiance, je suis sûr, comme j’ai dit au premier jour, j’ai mis ce projet entre les mains de Dieu qui a fait le ciel et de la terre, que Laadowood verra le jour pour le plus grand bonheur des Burkinabè et surtout pour la génération future.
Burkina 24 : Au vu de la floraison des jeunes humoristes, l’humour a t- il de l’avenir au Burkina ?
H.Ouangrawa : Je pratique moins l’humour, mais, on a besoin de l’humour pour partager le rire, pour faire effacer tout ce qui est amertume en soi. L’humour c’est quelque chose qui est très bon, et c’est un art à part entière qui amène les gens à se distraire, à rire, sans fin et comme disait quelqu’un « Quand on voit quelqu’un qui vieillit, il faut voir que ce sont les problèmes qui le font vieillir, mais le rire ne fait que rajeunir ». Oui! Le rire fait rajeunir mais la tristesse, les amertumes ne font que faire vieillir. L’humour apporte vraiment le bonheur dans les foyers, donc a un avenir certain.
Burkina 24 : Quels conseils pour la jeunesse ?
H. Ouangrawa : La jeunesse veut aller tout de suite et maintenant dans l’art, or l’art prend le temps pour fleurir en la personne. Ne soyez pas pressé. Mettez votre confiance, votre temps pour perfectionner l’art que vous avez pour qu’il puisse venir un jour vous nourrir.
Propos recueillis par Joël THIOMBIANO (stagiaire)
Burkina24
Source : Burkina24.com
Faso24
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