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Déclaration de politique : Qu’est-ce que Christophe Dabiré va servir aux Burkinabè ?

Le Premier ministre Christophe Dabiré sera demain jeudi 4 février 2021 à l’Assemblée nationale. Le chef du gouvernement va livrer sa déclaration de politique générale comme l’exige l’article 63 de la Constitution.

En 2019, Christophe Dabiré avait bâti sa politique sur cinq axes majeurs : le devoir de relever les défis sécuritaires, l’exigence de pallier l’effritement de la cohésion sociale, l’obligation d’instaurer une gouvernance plus vertueuse, la nécessité de renforcer le développement du capital humain et la volonté de dynamiser l’économie nationale.

Cette politique a convaincu les députés qui l’ont approuvé et l’investi dans ses fonctions de Premier ministre. Devant la représentation nationale ce jour, Christophe Dabiré avait l’air ému au point de finir en larmes. Il n’avait pas pu prononcer les derniers mots de son discours…

Christophe Dabiré a-t-il été à la hauteur de sa politique ? Plus ou moins. Il est évident que l’année 2019 s’est achevée dans une certaine accalmie, pour ce qui concerne les défis sécuritaires, et 2020 a été encore plus calme par rapport à cette question. Pour ce qui concerne la cohésion sociale, beaucoup restent à faire à ce niveau. La fracture sociale s’approfondit.

Des communautés sont toujours marginalisées et stigmatisées. Des communautés religieuse et coutumière vont jusqu’à s’affronter. C’était le cas à Gaoua dans le Sud-Ouest en avril 2020 suite à l’exhumation d’un corps. Quant à la gouvernance, elle est loin d’être vertueuse. Beaucoup de scandales financiers continuent de mettre en cause des hauts responsables sans que cela ne soit suivi de sanctions.

En ce qui concerne la dynamisation l’économie, l’excuse parfaite c’est l’avènement de la pandémie du Covid-19. L’impact a été « la réduction du taux de croissance de 6,3% à 2% en 2020 ; la baisse des recettes publiques estimée à 306 milliards de FCFA, soit un déficit budgétaire de 5% ; le ralentissement général des activités économiques, tous secteurs confondus avec pour conséquence des tensions de trésorerie de l’Etat ».

Quelles politiques pour 2021 ?

Qu’est-ce que Christophe Dabiré va servir aux Burkinabè cette fois-ci ? Bien évidemment, il ne va pas sortir du cadre des 10 chantiers du programme 2021-2025 du président Roch Kaboré. Sans aucun doute, il y aura au menu la question de la sécurité. L’épineux problème qui est à l’origine de milliers de morts et plus d’un million de déplacés internes. « Gagner le pari de la sécurité et de la stabilité du pays », c’est d’ailleurs le premier chantier du programme quinquennal du président Kaboré. Les Burkinabè aspirent vraiment à la sécurité. Quand pour venir dans la capitale, certains sont obligés de « voyager » par d’autres pays voisins pour regagner Ouagadougou, il faut comprendre que le problème est très sérieux.

Mais comment parvenir à rétablir la sérénité ? Difficile d’y répondre. Avec Zéphirin Diabré comme ministre d’Etat auprès du président du Faso, on se demande comment les deux vont aborder cette question. Sachant qu’ils ont des positions divergentes là-dessus. Le président Kaboré est opposé à la négociation avec les terroristes pendant que Zéphirin Diabré y est favorable, convaincu que « le fusil seul ne peut pas lutter contre le terrorisme. »

Nul besoin de dire que Christophe Dabiré fera de la réconciliation nationale une des priorités de sa politique. C’est d’ailleurs le deuxième chantier du président Kaboré à savoir, « réconcilier les Burkinabè, consolider la paix et la cohésion sociale. » Ce qui se décline bien évidemment à travers la création du ministère d’Etat, ministère auprès du président du Faso chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale qui échoit à Zéphirin Diabré.

Ce dernier est chargé de l’élaboration, de la mise en œuvre et du suivi d’une stratégie de réconciliation nationale de concert avec tous les acteurs mais aussi de la conception et l’élaboration d’une politique nationale de cohésion sociale, etc. Pour mémoire, le premier semestre de cette année 2021, c’est le délai souhaité du président Kaboré pour régler la question de la réconciliation nationale, surtout le retour de ceux qui sont hors du pays, notamment Blaise Compaoré.

La lutte contre le Covid-19 s’impose à Christophe Dabiré comme une priorité. Il lui faut trouver les éléments de réponses efficaces sans compromettre l’économie déjà fragile. C’est lui qui préside le comité national de riposte. Il doit se mettre à l’évidence que la gestion actuelle de la pandémie frôle la catastrophe. Avec l’arrivée de nouveaux variants et la recrudescence d’une deuxième vague beaucoup plus sévère, la question mérite une attention particulière.

Il y a bien d’autres priorités comme celle de la gouvernance vertueuse. Le rapport 2019 de la Cour des comptes laisse entrevoir un laisser-aller dans la gestion des deniers publics. Quand des ministres perçoivent des frais de missions sans pièces justificatives, quand on constate des décaissements irréguliers de sommes d’argent, etc., cela démontre de la légèreté avec laquelle l’argent public est géré.

Et c’est aussi la porte ouverte à tous les maux : vol, corruption, gabegie. Peut-on efficacement relancer une économie nationale, réconcilier les Burkinabè, construire une nation solidaire dans de telles conditions ? Pas évident monsieur le Premier ministre.

Lefaso.net

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