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Retour de la formation militaire au Service national pour le développement : Quel apport à la lutte contre le terrorisme ?

Le dernier Conseil des ministres du vendredi 29 janvier 2021 a adopté une réforme du service national pour le développement qui comprend une formation militaire de 90 jours. Le porte-parole du gouvernement présente cela comme un moyen de lutte contre l’incivisme et la promotion du patriotisme. Qu’est ce qui justifie cette réforme et quels sont les objectifs du SND en lien avec la lutte contre le terrorisme ?

Le Service national pour le développement (SND) est une réforme du Service national populaire (Sernapo) qui comprenait une formation militaire et lui-même a pour ancêtre la contingence spéciale qui était un recrutement de jeunes scolarisés aptes au service militaire qui étaient formés militairement comme les autres recrues et reversés dans le corps des réservistes.

Le Service national populaire(Sernapo) avait été créé pour allonger le temps d’accès à un emploi pour les diplômés sans emploi à la recherche de travail. Pendant un an, ils devaient rendre au pays un travail non rémunéré, ce qui leur donnait un parchemin obligatoire pour postuler aux emplois publics. Ils percevaient un pécule payé par l’État. Si l’appelé travaillait dans le secteur privé, son employeur versait le salaire à l’État.

Un des objectifs principaux du Sernapo était d’avoir du personnel pour enseigner dans les écoles primaires et les lycées. La révolution avait encouragé les populations à construire des écoles. Cette décision a eu un engouement dans les communautés qui ont construit les écoles et le gouvernement n’arrivait pas à fournir des enseignants pour toutes les écoles. Ainsi, les appelés du Sernapo palliaient le manque d’enseignants. C’étaient des enseignants qui n’avaient pas une formation pédagogique qui étaient envoyés dans les salles de classe.

En transformant le Sernapo en SND, celui-ci est devenu beaucoup plus un service national de la tranche rurale de la jeunesse, formant aux petits métiers. L’attestation du SND est tombée en désuétude et l’on pouvait accéder à des emplois publics et privés sans cela.

Comme on le voit cette introduction de la formation militaire est un retour aux sources. Est-ce le contexte sécuritaire qui l’exige ? Cette formation de 90 jours contre 15 jours pour les volontaires de défense, doit correspondre à un objectif plus important. Quelle est l’utilisation future de ces personnes formées ? Le compte rendu du Conseil des ministres ne permet pas de savoir que cette réforme dans l’esprit du gouvernement est liée au contexte actuel.

Quand on parle de formation militaire, l’opinion dresse l’oreille car la question militaire est de celles qui vont déterminer l’existence de notre État, confronté qu’il est à des volontés multiples de le désintégrer. La survie du pays et la reconquête des parties du territoire que nous ne contrôlons plus dépendent pour une large mesure de l’armée.

Le peuple en armes pour défendre le pays ?

Ceux qui essaient de former militairement le plus de personnes aptes au métier des armes pensent que c’est la nation en armes ou le peuple en armes qui est la méthode la plus apte à défendre l’intégrité du pays. Plus la nation est mobilisée, plus elle peut aider l’armée de professionnels.

Le service militaire sert aussi à diffuser et consolider le sentiment national auprès des jeunes de diverses régions et ethnies du pays si le recrutement veille à respecter les différentes composantes du pays. Ces personnes formées au métier des armes doivent servir l’armée après, elles sont mobilisées d’abord en temps de guerre et peuvent en temps de paix aider l’armée dans certaines missions. Ce n’est pas regarder trop les films de penser que des personnes inaptes au service militaire peuvent aider l’armée en informatique et autres nouvelles technologies.

Le SND est un service qui dépend du ministère de la Défense et cette réforme se fait sans une réflexion approfondie sur l’utilisation des ressources dont l’armée dispose. Lors de la première guerre de notre pays contre le Mali, l’armée a fait appel aux militaires retraités et le pays a pu conserver la bande de l’Agacher qui était l’objet du conflit. Avec la politisation extrême de l’armée et des départs à la retraite dans des conditions peu orthodoxes, il n’est pas évident que le rappel des anciens frères d’armes plaisent à tout le monde, c’est peut-être pourquoi l’option des volontaires de la défense a été préférée.

L’armée est l’institution qui porte le fardeau de la paix, mais celle-ci incombe à toute la nation. Aussi pour préserver la paix et le pays il faut le concours de tous. Quel sera l’apport des futurs appelés formés militairement ?

Sana Guy

Lefaso.net

Source : lefaso.net

Faso24

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