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Législatives 2020 au Burkina : « Nous avons perdu une bataille, mais nous n’avons pas perdu la guerre », clame Adama Kanazoé de l’AJIR

Le président de l’Alliance des jeunes pour l’indépendance et la république (AJIR), Adama Kanazoé, était à Bobo-Dioulasso ce dimanche 7 février 2021, sur invitation de la coordination provinciale du Houet du parti. Il a saisi l’occasion pour rencontrer les militants et sympathisants dudit parti pour des échanges francs. Selon lui, il a été question de réitérer ses remerciements à tous les militants qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, au succès de la participation du parti aux élections couplées du 22 novembre 2020. Dans cette interview qu’il nous a accordée, Adama Kanazoé nous livre son expérience vécue lors de ces élections.

Lefaso.net : Vous êtes à Bobo-Dioulasso aujourd’hui, est-ce qu’on peut connaître le motif de votre séjour ?

Adama Kanazoé : Je suis à Bobo-Dioulasso à l’invitation de la coordination du Houet du parti AJIR. Coordination qui est dirigée par le camarade Sanfo Ibrahim qui a souhaité, en cette journée, remercier tous les militants qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, au succès de la participation du parti aux élections couplées du 22 novembre 2020.

Certes, nous n’avons pas remporté de postes de député, mais ce sont plus de 2 000 voix engrangées dans le Houet, et c’est un rang de huitième sur 71 partis. Pour nous, ça reste un résultat très honorable. C’est un résultat qui mérite que nous puissions dire merci à tous ceux qui ont contribué à son atteinte. Et surtout, leur dire que les élections municipales approchent et qu’il faut doubler d’effort.

Il ne faut pas baisser les bras. Nous avons perdu une bataille mais nous n’avons pas perdu la guerre. Le chemin est encore long. Nous sommes un jeune parti avec une croissance et un état médiatique assez poussé. Mais nous avons encore une grosse marge de manœuvre qui ferra de nous un parti qui va compter au Burkina Faso. Je suis venu donc traduire à l’ensemble des camarades venus des différentes communes du Houet, notre reconnaissance. Et ces derniers ont également exprimé leur satisfecit quant à ce que le parti a déjà réalisé. Et ils ont réaffirmé leur engagement ferme à redoubler d’effort pour que le parti ait du succès aux prochaines élections municipales et que dans cinq ans, nous ayons des postes de députés.

Vous l’avez dit, l’AJIR est un jeune parti. Quelle est donc l’expérience que vous tirez de ces élections couplées passées, en tant que premier responsable du parti ?

Beaucoup d’enseignements ! Vous savez que notre parti a changé les paradigmes de la chose politique au Burkina Faso. Contrairement aux pratiques qu’on a connues dans le temps, notre parti s’est évertué à former des femmes et des jeunes, à faire en sorte que chacun et chacune puisse avoir un métier qui lui permet de se prendre en charge.

Pour nous, l’achat de consciences n’est pas une solution durable. La solution durable, c’est d’apprendre aux gens des métiers et faire en sorte qu’ils puissent être capables par eux-mêmes de se prendre en charge. Ce travail a été fait, nous avons formé plus de 100 000 femmes, nous avons formé des jeunes au permis de conduire, nous avons distribué plus de 500 000 masques dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Nous avons fait ce que jamais personne n’a fait en politique au Burkina Faso. Je pense que c’est une approche nouvelle et peut-être que les populations ne l’ont pas saisie tout de suite. Même aujourd’hui, nous avons des retours, des personnes qui continuent de nous remercier pour ce qu’on a fait et elles continuent de nous solliciter dans notre approche politique. Et tout cela va contribuer, d’une façon ou d’une autre, à nous positionner là où notre place véritablement se situe.

Quelles sont les perspectives pour que le parti puisse mieux se positionner ?

A très court terme, il s’agit des élections municipales. Il est question pour le parti d’engranger le maximum de conseillers municipaux et d’essayer d’obtenir des postes de maire notamment. Après, le parti aura un congrès dans deux ans. Et ce congrès va donner de nouvelles orientations pour faire en sorte que le parti se renforce davantage et que nous puissions affronter 2025 avec plus de punch.

Le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, a suggéré la limitation des partis politiques au Burkina Faso. Quel est votre point de vue sur la question ?

Le président a juste levé un lièvre. C’est une question qui taraude l’esprit de tout le monde. Comme on le dit, tout le monde connaît le nom de la grand-mère mais on l’appelle « Yaaba ». C’est clair qu’il faut envisager une forme de restructuration de cette sphère politique. Est-ce-que cela passe par une limitation ou par des éléments un peu plus contraignants, pour rester dans un cadre républicain ? Ce sont des réflexions à mener et il appartiendra à l’ensemble des acteurs politiques, à l’opinion nationale, de pouvoir réfléchir là-dessus et de pouvoir trouver les pistes les meilleures.

Nous pensons que pendant les élections couplées, nous sommes l’un des rares partis qui sont allés en coalition avec d’autres partis politiques parce que nous sommes convaincus que l’union fait la force. Nous sommes convaincus que l’émiettement des voix fait le jeu des grands partis et non des petits partis. Et tant que les petits partis seront, chacun, dans son coin en train d’émietter les voix, nous allons toujours avoir des résultats très mitigés malheureusement.

Et cela a été constaté encore avec cette espèce de razzia que les grands partis ont faite sur les postes de députés. Nous devons faire en sorte de nous rapprocher. Nous n’avons pas très souvent des différences idéologiques. Très souvent, nous n’avons pas de différences fondamentales, il reste seulement des questions d’égos et de personnes qu’il va falloir que nous taisions pour pouvoir aller à l’essentiel. Nous devons aller vers des formations politiques plus costauds qui sont capables d’engranger des résultats plus importants.

Propos recueillis par Romuald Dofini

Lefaso.net

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