Tous les partis politiques ont fait usage de plusieurs formes de corruption, mais l’argent représente 60 %. C’est le bilan que dresse le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), ce 11 février 2021 , à Ouagadougou, au cours d’un déjeuner de presse, après une étude sur la corruption en période électorale. Il s’agit d’un rapport sur l’observation de la fraude et de la corruption électorales lors des élections couplées du 22 novembre 2020.
Pour le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo, l’objectif du rapport est de porter à la connaissance de l’opinion, les irrégularités constatées lors des élections couplées présidentielle et législatives de 2020. Ceci sur la base des formes de corruption, et faire des recommandations pour limiter les dégâts de la corruption sur le processus démocratique burkinabè.
Le poids de l’argent constaté lors des élections couplées de 2020
Plusieurs irrégularités ont été constatées lors de l’observation des élections. Le REN-LAC a mobilisé 44 Observateurs, qui ont observé 54 bureaux de vote sur l’étendue du territoire national. Les observateurs ont relevé l’indisponibilité du matériel dans certains endroits. Certains représentants des partis politiques n’étaient pas dans les bureaux de vote, sauf les candidats MPP, CDP, UPC.
Les observateurs ont constaté la distribution d’argent dans plusieurs localités. L’argent représente 60% des formes de corruption. Contre d’autres formes de corruption, notamment des dons en nature (21%) , distribution de carburant (9%) distribution de tee-shirt avec ou sans l’effigie du parti (5%).
Le MPP en tête de la corruption
Le MPP représente 46.9% de cas de corruption. Donc en tête de la corruption pendant les élections de 2020. Suivi du CDP, de l’UPC et des autres partis. Sur les 206 cas de corruption électorale observés, cela concerne en majorité de la distribution d’argent.
Pour le REN-LAC :« Tous les moyens ont été utilisés pour avoir l’électorat. Il s’agit aussi des campagnes électorales déguisées avant le début légal, à travers des cartes d’identités subventionnées, ce qui constitue la violation du code électoral. Mais aussi de affiches faites de façon désordonnée. Il y a aussi le manque de transparence dans le recrutement des agents électoraux. Le droit de vote de certains citoyens remis en cause dans certains endroits, à travers le non affichage des listes électorales, l’ouverture tardive des bureaux de vote, la fusion des bureaux de vote sans informer les électeurs ».
Recommandations
« Notre objectif n’est pas de qualifier de la crédibilité. C’est à chacun de tirer les conséquences. Ce sont les faits qu’on a donnés. Voilà ce qu’on a vu. Nous demandons aux populations d’apprécier. Nous pensons qu’il ne faut pas coupler la pauvreté à la corruption. Les distributions de billets de banque que j’ai vues, ce n’était pas les populations les plus pauvres. Certains volent et pensent que c’est leur argent . Mais c’est peine perdue. Prendre 5000 frs CFA contre 5 ans de mandat, c’est peine perdue » alerte Sagado Nacanabo
Il faut repenser le mécanisme de financement des partis politiques, adopter une loi sur le financement privés, rendre publics les rapports sur l’utilisation des fonds publics, proposer une loi sur le plafonnement des dépenses publiques, renforcer la formation des agents électoraux.
Selon Sagado Nacanabo, « les partis politiques nous ont dit que la corruption électorale n’est pas une mauvaise chose. Ils disent que s’ils ne corrompent pas, c’est parce qu’ils n’ont pas de moyen. Les gens nous ont dit que s’ils gagnent l’argent, ils vont faire la corruption pour gagner les élections ».
La subvention des CNIB est une corruption. Ce sont des subventions faites pour les voter, sinon les subventions allaient continuer. Si les gens subventionnent les CNiB pour voter, pose la question de la citoyenneté. », Sagado Nacanabo, secrétaire exécutif du REN-LAC
E.K.S
Lefaso.net
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