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Salaires des membres du gouvernement : « Nos gouvernants apparaissent aujourd’hui comme des acteurs qui ne respectent pas la loi », Dr Daouda Diallo

Alors que le gouvernement étend l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) aux primes et indemnités des fonctionnaires du public, des ministres perçoivent une rémunération salariale mensuelle plus élevée que ce à quoi ils ont droit. En tout cas, du point de vue du décret 2008 portant rémunération du Premier ministre, des présidents d’institutions et des membres du gouvernement.

De l’analyse du Centre d’information, de formation et d’études sur le budget, il ressort que de 2016 à 2020, les ministres des gouvernements issus du premier mandat du Président du Faso, Roch Kaboré, se sont servis environ 2 090 741 505 FCFA du budget de l’Etat. Des syndicalistes suivent avec dépit et colère cette situation. Dans le micro-trottoir que Lefaso.net a réalisé, ils ont toutefois exigé le respect de cette loi.

Dr Daouda Diallo, défenseur des droits humains

J’ai suivi avec une grande attention le rapport du CIFOEB qui est revenu sur les salaires des membres du gouvernement, et les anomalies qui entourent ces salaires. Ce que je retiens, c’est que les salaires des membres du gouvernement ne sont pas en conformité avec la loi en vigueur.

De telle sorte que nos gouvernants apparaissent aujourd’hui, comme des acteurs qui ne respectent pas la loi. Pourtant cela ne devrait pas être le cas parce qu’ils sont chargés de veiller au respect de la loi et à son application sur le terrain. Je trouve que ce n’est pas intéressant pour des responsables d’un gouvernement. Il serait bien qu’ils relisent la loi pour être en conformité avec ce qu’ils perçoivent en termes de spéculation et en termes de salaire.

Amadou Traoré, secrétaire général adjoint de l’Union locale du Kadiogo de la CGT-B

Je ne dirai pas de réduire les salaires des membres du gouvernement parce que je sais qu’ils ont des charges très élevées, des exigences beaucoup intenses. Mais il faut légiférer sur cette question et travailler à ce qu’elle soit en conformité avec la loi et également donner le bon exemple depuis le haut. Cela va contribuer à réconcilier les gouvernants et les gouvernés.

Amadou Traoré, secrétaire général adjoint de l’Union locale du Kadiogo de la CGT-B

Concernant les salaires des ministres, si l’on s’appuie sur l’analyse du CIFOEB, c’est un acte gravissime. Au moment où le gouvernement parlait de la remise à plat des salaires, nous avons demandé à ce qu’on rassemble tout ce qu’il y a comme richesse dans notre pays y compris les salaires des ministres et du président pour voir comment équilibrer les salaires.

Malheureusement, notre proposition a été mal vue. Pourtant, nous avons fait ressortir que le gouvernement ne respectait pas les textes qui prévoyaient la fixation de leurs salaires. Par ailleurs, lorsque nous avons engagé une lutte contre la question de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS), le ministre de l’Economie, en son temps, Rosine Coulibaly, a fait savoir qu’une loi a été votée donc il faut l’appliquer.

Yedan Safantié, retraité

Mais pourquoi, le gouvernement à son tour, peine à appliquer le décret 2008 ? S’ils (les membres du gouvernement) veulent réellement montré qu’ils sont des vrais citoyens burkinabè et qu’ils veulent le bien du Burkina Faso, qu’ils lèvent leur humilité pour se mettre à la disposition de la justice. Nous verrons maintenant qui se bat pour le bien-être du peuple. Si aujourd’hui, le CIFOEB montre ses informations, nous nous ne pouvons qu’être heureux.

Yedan Safantié, retraité

Ce que j’ai appris est grave. Pourtant, il y a une loi qui fixe les salaires des ministres. On vient de sauter les verrous et c’est ce qui fait mal. Pendant ce temps, on élargie les impôts et l’IUTS sur des travailleurs. On a chassé l’ancien président Blaise Compaoré pour rien. C’est ôte-toi de là pour que je m’y mets. C’est tout. Le gouvernement actuel est plus budgétivore que Blaise Compaoré. Personne ne peut me convaincre du contraire.

Propos recueillis par Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

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