En fin 2019 une affaire dite des sociétés de trading a éclaté au Burkina. Portée devant la Justice, celle-ci commandite une enquête pour juger de la solvabilité desdites sociétés. Le rapport de l’enquête, relayée par notre confrère L’économiste du Faso, montre que la plupart des sociétés sont déficitaires.
L’affaire avait éclaté suite à l’interpellation de ces sociétés de trading de suspendre les collectes de fonds auprès des citoyens contre des promesses d’intérêts au-dessus de 50%. L’affaire qui a été portée en Justice, poursuit son cours. Ces sociétés avaient d’ailleurs dénoncé une mainmise pour nuire à leurs activités. Chemin faisant, la justice a décidé d’aller en profondeur pour comprendre si ces sociétés ont quelque chose dans leurs comptes pour rembourser leurs clients. Elle a ainsi investi Wendkouni Michael Breba comme expert pour le faire.
Vérifier si les sommes collectées ont été effectivement investies sur des plateformes de trading et s’il n’y a pas des blocages au rapatriement des fonds. C’est la tâche à laquelle devait s’atteler Wendkouni Michael Breba, à la demande de la Justice burkinabè, le 20 juin 2020. Ces sociétés de trading sont Globumi, Barka finances international, Royal finances et le Club des jeunes entreprenants du Burkina Faso (CJEBF). L’économiste du Faso précise que pour Barka finance international, l’expert devait vérifier s’il y a effectivement des blocages dans le processus d’acquisition des machines de minage et si cette acquisition pouvait permettre à la société d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients.
A la clôture de l’enquête en août 2020, il ressort que ces sociétés ont pendant au moins trois ans récolté des dizaines de milliards de F CFA, sur le dos de leurs clients. Mais au regard de ce qui restait dans leurs comptes bancaires et de trading, la plupart de ces sociétés étaient insolvables. Ces sociétés et leurs responsables font l’objet d’une information judiciaire pour faits d’escroquerie, de complicité d’escroquerie aggravée, de délit d’apparence, de soustraction frauduleuse à l’impôt, de blanchiment de capitaux, de complicité de blanchiment et de tentative de blanchiment. Ci-dessous les conclusions de l’enquête relayées par L’économiste du Faso.
Globumi : Des comptes nationaux déficitaires de 112 millions de F CFA
Globumi a collecté plus de 20 milliards de F CFA auprès de ses clients. Elle est la société qui a le plus collecté de fonds. Mais l’expert a montré que la société et son responsable ne détiennent plus de fonds à l’international chez les brokers pour faire face au paiement des clients. Le patron avait ouvert des comptes à titre personnel auprès de trois courtiers dont IG et Hotferex, mais ces comptes sont inactifs depuis 2018.
En ce qui concerne son compte chez le Broker IG, clôturé en octobre 2018, près de 22 millions de dollars ont été déposés sur ce compte, entre décembre 2017 et septembre 2018. Sur la même période, le niveau d’évolution du compte a frôlé les 40 millions de dollars. Les problèmes ont commencé entre septembre et octobre 2018, avec des pertes de plus de 31 millions de dollars.
Les seuls comptes actifs hébergés chez Windsor brokers disposent d’un solde insignifiant de 780 euros et les comptes bancaires à Dubai ont environ 5000 dollars. Le compte de la société chez les banques nationales a des soldes négatifs et ceux des deux responsables des soldes positifs mais dérisoires. La balance des différents comptes de Globumi et de ses deux responsables auprès de six banques de la place affiche un solde négatif de plus de 112 millions de FCFA en août 2020.
Pour montrer sa bonne foi de pouvoir honorer ses engagements, par tout moyen légal, la société avait signé en août 2020 avec ses clients, un moratoire qui courait de janvier 2021 à décembre 2024. Un partenariat avec un autre Broker qui loue des comptes de trading devait permettre de se faire une nouvelle santé. Aujourd’hui, cette tentative semble ne pas avoir prospéré. Mais dans les coulisses, on apprend de certains investisseurs que des paiements sont programmés en mars.
Royal Finances : son responsable dans la nature
Royal Finances, contrairement à Globumi, avait sur son compte un solde positif de 423 millions FCFA et 250 000 F CFA sur le compte personnel de son premier responsable qui était porté disparu au moment de l’enquête. Son absence a compliqué les recherches à l’international, parce qu’aucune plateforme n’a reconnu cette société.
Barka finances : Aucun bureau pour la société qui doit livrer les machines de minage
Barka finances international a collecté près de 4 milliards de FCFA auprès de ses clients et disposait de compte de trading chez IQ Option et ICM Capital, dans lesquels elle a investi 35 millions F CFA. Dans les livres des banques au Burkina, le blocage des comptes a permis d’identifier un solde global de 87,7 millions de FCFA. Pour les machines de minage, dont l’usage devait permettre à Barka finances de générer des revenus, l’expert révèle que leur acquisition effective n’aurait pas permis à Barka finances d’honorer ses engagements à cause de ses charges d’exploitation.
Particulièrement pour ces machines, le rapport constate que la société qui devait livrer les machines existe, mais qu’aucun bureau physique n’existe et n’était pas accessible. Cependant, le rapport a épilogué sur la prétendue transaction d’un milliard de FCFA pour acquérir ces machines BTC. Barka aurait utilisé, selon lui, la méthode HAWALA via une société de la place. Une méthode sournoise qui ne laisse aucune traçabilité bancaire. Les risques pour cette méthode est l’escroquerie ou le blanchiment.
La CJEBF : Le broker exige un justificatif pour le rapatriement des fonds
Le Club des jeunes entreprenants du Burkina Faso (CJEBF) a mobilisé près de quatre milliards de F CFA auprès de ses clients. Au rapport, six milliards F CFA se trouvent sur le compte de trading de cette structure. L’expert estime alors qu’elle serait en mesure de faire face à ses engagements, si elle avait accès aux fonds. Chose qui lui est actuellement refusée par le Broker qui exige au préalable la clarification des accusations par les autorités burkinabè, notamment, sur le blanchiment de capitaux et sur le financement du terrorisme.
Synthèse d’Etienne Lankoandé
Lefaso.net
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