Politique

Burkina Faso : Le chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo, est-il mal parti avec son navire ?

A peine officiellement installé (5 mars 2021) à la tête du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF), Eddie Komboïgo converge des charges dans la conduite de l’institution. Saura-t-il bien convaincre ses collaborateurs pour faire chemin ensemble ? En tout cas, ses débuts semblent donner des ingrédients à ceux qui sont méfiants vis-à-vis du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso.

Des éléments à sa charge, et dernier en date, la nomination « au mépris » des autres membres de l’institution (CFOP-BF), de deux commissaires de l’opposition à la Commission électorale nationale indépendante (voir compte-rendu du Conseil des ministres de mercredi 7 avril 2021).

Tout est parti de cette révélation de Dr Ablassé Ouédraogo, président de Le Faso autrement (membre du CFOP-BF) qui, au cours de l’émission « dimanche politique » de la radio Oméga, ce dimanche 11 avril 2021, déplorait le fait qu’Eddie Komboïgo ait procédé à la désignation des deux commissaires de l’opposition à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sans égard pour les membres de l’institution.

Des éléments qui viennent dans un contexte où, quelques jours plutôt, ce sont les opposants Dr Aristide Ouédraogo, président du parti Front patriotique pour le renouveau (FPR), et Me Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) qui se démarquaient clairement du CFOP-BF, avec à demi-mot, un déficit de confiance vis-à-vis de l’institution à incarner réellement sa vocation et à porter les aspirations de l’opposition.

Bien avant cet épisode, ce sont des grincements de dents dans son propre parti politique, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) qui se sont faits entendre (et qui continuent toujours) au sujet de la mise en place de son équipe du CFOP-BF. Certains de ses camarades lui en veulent de faire dans le népotisme (des promotions par accointance).

Sur cette affaire précise de nomination de commissaires à la CENI, c’est à la fois de l’incompréhension et de la frustration au sein de l’institution (du moins, chez les membres que nous avons contactés).

« Même pour la première rencontre du comité de suivi du Dialogue politique avec le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (elle a eu lieu le 23 mars 2021, ndlr), nous n’avons pas été informés », relève un des responsables des partis affiliés au CFOP-BF. Contacté au téléphone sur le sujet, ce dernier va se lâcher plus loin : « Si à un moment donné, tu refuses de t’affilier et que tu te positionnes comme non-affilié, les gens ne comprendront pas. Vous êtes dedans (au CFOP-BF, ndlr), les gens pensent que vous êtes informés de certaines situations, pourtant, rien. Vous ne pouvez pas non plus sortir publiquement pour dire que vous n’avez pas été informés de ceci ou cela. Ce n’est pas du tout intéressant. Du coup, on se demande finalement c’est quoi au juste, la politique dans ce pays ». L’interlocuteur apprend, mais sans plus de détails, qu’il y a des réalités au sein du CFOP-BF que l’opinion ne comprend pas.

Un autre responsable contacté par le même canal et sur la même préoccupation, consolide les propos de Dr Ablassé Ouédraogo. « Personne n’a été consultée. Mercredi, autour de 10 h, certaines informations faisaient déjà état de ce qu’il y a un projet qui a été introduit en Conseil des ministres pour la nomination de deux personnes qui vont représenter les commissaires de l’opposition. Effectivement, avec le compte-rendu du Conseil des ministres, on s’est retrouvé face au fait accompli », détaille ce responsable.

Il va plus loin en relevant : « Alors qu’à la dernière réunion, on lui (Eddie Komboïgo) a signifié cela (il n’était pas là, il a désigné son vice-président Salif Sawadogo pour présider la réunion), en relevant le fait que nous ne voulons plus être mis face au fait accompli, comme ce qui s’est passé avec le comité de suivi du Dialogue politique. Nous avons dit à M. Sawadogo de lui dire qu’on doit se concerter avant de prendre toute décision qui concerne toute l’opposition ».

Egalement abordé sur le sujet, ce proche d’Eddie Komboïgo s’est simplement contenté de propos laconiques : « Je ne peux rien dire là-dessus. Mais espérons que les choses changent, ça sera mieux pour nous tous ».

Contrairement à ce dernier, un autre membre du bureau exécutif national du CDP a clairement mis en doute la capacité d’Eddie Komboïgo à fédérer les énergies au sein du CFOP-BF. « Il y a trop d’arrogance dans sa démarche. Evidemment, il pense que son argent peut tout faire, mais c’est une mauvaise appréciation. Il n’écoute personne d’autre que ses ‘’griots » », confie cette source.

Des informations laissent croire que les jours à venir seront houleux au CFOP-BF, avec le risque d’un clash, si des aspects de la gestion ne sont pas « reconsidérés » par le porte-parole de l’institution sise au quartier zone du bois de la capitale.

Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net

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