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Burkina Faso : Cap sur l’autonomie énergétique à l’horizon 2025

Le ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières est déterminé à parvenir à une auto-suffisance énergétique du Burkina, avec en ligne de mire, le solaire. C’est dans cette détermination que le premier responsable en charge de la question, Dr Bachir Ismaël Ouédraogo, a défendu devant l’Assemblée nationale trois projets de loi visant à renforcer l’offre énergétique (solaire en particulier) au Burkina. C’était ce mardi 13 avril 2021 à l’issue de laquelle présentation, les textes ont été adoptés à l’unanimité des 123 députés votant.

Le premier projet porte sur le programme de financement de la politique de développement du commerce régional de l’énergie en Afrique de l’Ouest-Burkina Faso. Il est financé par la Banque mondiale à plus de 35 milliards FCFA.

Selon le premier responsable du département, Dr Bachir Ismaël Ouédraogo, c’est un projet de centrales à vocation sous-régionale.

« Dans le cadre du WAPP (système d’échanges d’énergie ouest africain), le Burkina Faso a été identifié comme le pays qui a le meilleur ensoleillement en Afrique de l’Ouest. Faisant du Burkina un potentiel en matière d’énergie solaire. C’est dans ce cadre que la Banque mondiale et la CEDEAO ont décidé d’accompagner le Burkina Faso avec 300 mégawatts solaires à vocation sous-régionale », situe le ministre.

Quant aux deux autres projets de loi, ils sont relatifs au financement du programme « Yeleen » (lumière, en langue bambara), financé à 92 milliards FCFA par la Banque africaine de développement, l’Agence française de développement et l’Etat burkinabè, et qui couvre la période allant de 2017 à 2025.

Par-là, le gouvernement et ses partenaires visent à augmenter l’offre énergétique, à réduire la dépendance énergétique du Burkina et à faire baisser le coût de production de l’électricité.

Les députés, qui ont salué les efforts déployés pour satisfaire les populations, adoptent unanimement les textes.

Ces initiatives vont donc consister en la réalisation de centrales solaires photovoltaïques dans les régions du Sahel (Dori), de l’Est (Diapaga), du Centre (Ouagadougou) et du Sud-Ouest (Gaoua), en la densification et en l’extension des réseaux électriques de distribution MT/BT au profit, principalement, des régions du Sahel, Nord, Centre-Nord, de l’Est et des zones périphériques ou péri-urbaines de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.

De ses explications et réactions aux préoccupations des députés, le ministre Bachir Ismaël Ouédraogo a dressé une cartographie expresse de la situation énergétique au Burkina, les efforts consentis depuis 2016 avant de s’attarder sur la vision du président du Faso (portée par son département) pour ce secteur stratégique pour le développement socio-économique.


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Ainsi apprend-on qu’à ce jour, plus de 60% de la consommation en électricité du Burkina est importée de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Si fait que dès qu’il y a coupure dans l’un des pays, le Burkina est directement touché. Une autre difficulté relevée par le ministre Bachir Ismaël Ouédraogo est relative à la vétusté du matériel. Or, le temps minimum pour renouveler l’équipement est d’au moins cinq ans, dit-il.

« J’ai effectué une visite récemment en Côte d’Ivoire et au Ghana ; parce que depuis le début de l’année, la nuit, la Côte d’Ivoire ne nous fournit que 30 mégawatts et 50 mégawatts la journée, alors que nous avons signé pour au moins 90 mégawatts avec la Côte d’Ivoire. Mais la nuit, au moment où nous avons le plus besoin d’électricité avec la Côte d’Ivoire, nous n’avons que 30 mégawatts. Nous nous sommes plaints, depuis trois ans, nous n’avons en moyenne qu’environ 56 mégawatts avec la Côte d’Ivoire pour un minimum de 90 mégawatts », a révélé le ministre Bachir Ismaël Ouédraogo, pour qui le Burkina est pourtant le meilleur payeur de la sous-région en matière d’électricité. Une situation qui interpelle le pays à miser davantage pour une autonomie énergétique.

Le Président de l’Assemblée nationale, Bala Alassane Sakandé, scrutant les projets.

D’ailleurs, s’appuyant sur les différents projets, le ministre a affirmé qu’en 2025, le Burkina Faso va exporter de l’énergie. Cependant précise-t-il qu’exporter n’implique pas que toutes les populations du pays soient à l’abri du besoin ; les pays fournisseurs d’électricité (Ghana, Côte d’Ivoire) au Burkina n’ayant pas fait le plein pour leurs populations. « Mais ils (ces pays sus-cités) nous fournissent de l’électricité », présente Dr Bachir Ismaël Ouédraogo, revenant sur l’esprit du développement du commerce régional de l’énergie en Afrique de l’Ouest et l’avantage pour le Burkina de se positionner déjà comme pays exportateur en matière d’énergie solaire.

« Cela va aussi permettre de réduire le coût du kilowattheure. (…). Nous sommes en train de travailler à tendre vers l’auto-suffisance et la sécurisation énergétiques », rassure-t-il, se réjouissant que l’Assemblée nationale ait donc donné quitus pour ces projets, notamment celui de centrales solaires avec « Yeleen ».

Ce projet comporte un volet stockage, relève-t-il. « Ça (stockage), c’est une première dans la sous-région, parce que nous allons avoir autour de dix mégawatheures de stockage avec des batteries et je pense que ça conforte le Burkina dans sa position de leader et d’innovation », convainc-t-il, précisant que ces projets vont bénéficier à l’ensemble des populations du Burkina, car le jus produit va être injecté dans le réseau national. A l’en croire, des mécanismes sont également en train d’être développés pour la sécurité énergétique.

Selon Dr Bachir Ismaël Ouédraogo, l’objectif du gouvernement, c’est de passer de 45% des populations qui ont accès à l’énergie en 2020 à 75% en général en 2025 et en milieu rural, de 25 à 50%.

Après plus de cinq heures d’échanges à l’hémicycle, l’ensemble des projets a convaincu les députés, qui les ont adoptés à l’unanimité des 123 votants. Les représentants du peuple estiment ainsi que ces projets contribueront à renforcer l’offre énergétique au Burkina et à réduire également le coût de l’électricité pour les populations.

O.L

Lefaso.net

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