Vengeance personnelle : Vite, désarmons cette bombe !

C’est difficile de perdre un être cher. Surtout, lorsque c’est devant ses yeux. Et encore plus, quand l’auteur de cette perte déchirante est en face de soi. Le sentiment le plus immédiat, c’est la haine. Libéré, tel un feu de brousse, ses ravages peuvent devenir incontrôlables et entraîner une cascade de réactions dommageables.

Un enfant est renversé par un véhicule 4X4 à Banlo, dans le Sud-Ouest. Ce 27 août 2021, les occupants, des travailleurs du CCVA, étaient  de retour d’une mission. Leurs familles les attendaient à la maison. La mère de l’enfant imaginait aussi sans doute quel plat elle allait préparer le soir, pour son rejeton bien aimé.

Hélas ! Elle ne le reverra plus par le fait d’un accident. Mais un acte par définition non prévu, non prémédité et assurément, non voulu. Qui se lèverait le matin, à moins d’être suicidaire, et rêver faire un accident ? Qui plus est, tuer par son fait, un enfant, alors que soi-même en a ou souhaiterait en avoir ? Ceci est impensable !

Mais voilà ! Le 4X4 a malheureusement heurté cet enfant chéri par ses parents et devant les yeux sans doute horrifiés des trois agents du CCVA. Dans leur subconscient s’est déjà installé ce remord qui pourrait les hanter et les traumatiser jusqu’à la fin de leur vie. La plus grande punition qui existe, avant même celle des Hommes.

Lyncher pour un acte accidentel

Mais au lieu que la Justice de ces Hommes se manifesta par les mécanismes mis en place pour sauvegarder la cohésion sociale, des habitants du  Poni ont décidé de se laisser aller à une haine aveugle, ce sentiment qui libère le côté obscur et bestial de l’être humain.

Les trois agents ont été lynchés. Sans état d’âme. Les auteurs ont-ils eu le sentiment d’avoir été vengés ? Avaient-ils l’esprit apaisé après cet acte ? Les parents de l’enfant ont-ils eu le cœur en paix après que d’autres vies aient été arrachées aux enfants d’autres parents ? Aux parents d’autres enfants ? Pas si sûr !

Quoi qu’il en soit, le sentiment général qui a enveloppé le Burkina Faso, c’est celui du choc et de la désolation. Nulle part un sentiment de paix ou de cœur apaisé. Mais pensons-nous que c’est seulement à Bourou Bouroum que nous devons darder nos condamnations ? Combien de véhicules avons-nous brûlés après des accidents ?

Dans un Burkina Faso assailli de toutes parts, y compris le Sud-Ouest aux dernières nouvelles, par les groupes armés terroristes, il faudra travailler à moins déchirer le tissu social déjà largement lacéré. Lorsque notre territoire est infesté d’engins explosifs improvisés, évitons de jouer avec des dynamites. Cette suggestion ne s’adresse pas seulement à Bouroum Bouroum. Mais à chacun de nous.

Faso7

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