C’est devant des guichets vides que les usagers de la Direction générale des Transports terrestres et maritimes (DGTTM) se sont retrouvés ce matin, mardi 27 avril 2021. Motif, les agents observent une grève du 27 au 29 avril pour exiger la satisfaction de leur plateforme revendicative.
A la DGTTM (Direction générale des Transports terrestres et maritimes, une des directions générales les plus sollicitées du ministère), sise côté sud à quelques encablures du rond-point des Nations-unies, les « démarcheurs », ordinairement occupés à intercepter et aider les usagers, se tournent les pouces et pestent contre cette situation. « Ça ne nous arrange pas, il faut que les autorités arrangent leur problème pour éviter ce genre de situations, car tout le monde en souffre », lance un des démarcheurs, assis devant un des guichets.
En effet, sur appel de la coordination des sous-sections du Syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés (SYTTPBHA) du ministère des Infrastructures et du Désenclavement et du ministère des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, les travailleurs fonctionnaires et contractuels du ministère en charge des Transports observent un arrêt de travail de 72 heures, allant du mardi 27 au jeudi 29 avril 2021. A Ouagadougou, c’est la Bourse du travail qui fait office de bureau pour nombre de travailleurs, entre concertations pour les responsables syndicaux et échanges décontractés et par petits groupes pour les autres.
- Cette photo des guichets vides a été prise autour de 11h30
« Nous tenons d’abord à nous excuser auprès des populations, en particulier les usagers du ministère des Transports…, pour les désagréments liés à cette situation. Il faut dire que c’est à notre corps défendant que nous avons décrété ces 72 heures de grève », a campé d’entrée de jeu, le porte-parole des sous-sections des ministères des Infrastructures et des Transports, Boukari Savadogo.
Selon l’interlocuteur, la grève, qui concerne toute l’étendue du territoire national, est bien suivie par les travailleurs du département des Transports. Elle vise à exiger du gouvernement, la satisfaction de leur plateforme revendicative qui comporte treize points. Il s’agit, en premier lieu, du respect des libertés démocratiques et syndicales (le syndicat dit constater que depuis un moment, il y a une tendance de remise en cause des libertés syndicales Libertés syndicales : Des organisations syndicales dénoncent les agissements du gouvernement).
Secundo, l’intégration à la fonction publique des 23 contractuels conformément au conseil des ministres du 10 mars 2021. « A la DGTTM, un certain nombre d’agents étaient sous contrat et payés à travers le Fonds d’équipement. On a suspendu le Fonds d’équipement dans le cadre (dit-on) d’une réforme générale. Nous demandons qu’on rétablisse ce Fonds, parce que sa suspension (depuis 2018) a plongé la DGTTM dans une situation difficile (la DGTTM ayant une prestation un peu spécifique, on ne peut pas à chaque fois suivre les procédures pour payer par exemple des papiers rames, de l’encre… ; on ne peut pas dire à un usager qu’il n’y a pas d’encre et que par conséquent, on ne peut pas produire un permis de conduire ou une carte grise) », détaille M. Savadogo.
- Le porte-parole, Boukari Savadogo, regrette que les travailleurs se soient vus contraints à la grève.
Des difficultés dans la production des permis de conduire et des cartes grises
Par le troisième point, le syndicat demande un audit du projet de modernisation et de sécurisation des titres de transports qui permettra une meilleure réorientation afin d’assurer sa viabilité et son efficacité. Selon les explications, le taux d’exécution de ce projet passé en mode PPP (partenariat public-privé) n’est pas reluisant. En clair, « le nombre de permis de conduire et de cartes grises produits pendant la période concernée n’a pas atteint même la moitié. Nous avons donc demandé, en tant que syndicat responsable, à ce qu’il y ait un audit pour, quand même, déceler les problèmes que vit le projet et afin de trouver des solutions ; parce que l’échéance, c’est janvier 2022 ».
Quarto, la régularisation de la situation du personnel affecté comme agent de caisse à la direction générale des transports terrestres et maritimes et dans les directions régionales des transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière.
Le cinquième point de la plateforme est relative à l’opérationnalisation de l’arrêté du 12 mars 2020 portant modalités d’octroi et de répartition de la prime de motivation allouée aux agents des transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière avec rappel de 2019 et 2020. Le syndicat dit constater que sur ce point également, le gouvernement traîne les pas.
- « Pour qui connaît le ministère des transports, c’est la première fois qu’une grève est autant suivie », a murmuré un des cadres de l’institution.
Les grévistes demandent également la définition de critères clairs et transparents dans la sélection des examinateurs de permis de conduire, et en lien avec ce point, l’opérationnalisation de l’arrêté conjoint ministère des Transports, de la Mobilité urbaine et de la sécurité routière-ministère de l’Économie, des Finances et du Développement du 20 février 2020 portant institution et modalités d’allocation d’une indemnité aux examinateurs du permis de conduire avec paiement immédiat des arriérés. « Les examinateurs au niveau des permis du conduire, lorsqu’ils prennent un candidat à l’examen, ils doivent être payés. Ces examinateurs traînent pourtant des arriérés depuis 2019 ; ce qui n’est pas compréhensible à partir du moment où les candidats paient pour l’examen », apprend Boukari Savadogo, ajoutant que l’autre point de ce volet est lié aux critères de choix des examinateurs (ils sont parfois incriminés).
La plateforme de la coordination des sous-sections du SYTTPBHA, c’est aussi l’exigence du rétablissement du Fonds d’équipement de la DGTTM pour lui permettre d’assurer son fonctionnement normal. Il y est aussi demandé le respect des conclusions des travaux du comité portant relecture de l’arrêté du 29 juillet 2019 portant modalités de gestion du carburant au sein du ministère.
Dans le dixième point, le syndicat demande l’arrêt du processus de privatisation des postes de pesage de l’Office national de la sécurité routière (ONASER) ; la responsabilisation des opérateurs de pesée conformément à leurs attributions et leur affectation effective dans les postes de pesage et le recrutement d’autres opérateurs de pesée.
Quant au treizième point, il concerne l’opérationnalisation de l’arrêté portant indemnités de missions à l’intérieur du pays applicables aux agents publics de l’Etat au profit des travailleurs de l’ONASER.
Le syndicat qui reconnaît avoir eu des échanges avec l’autorité, et sans présumer d’une quelconque mauvaise foi, regrette cependant que les lignes n’aient pas bougé. « Il n’y a pas de propositions concrètes, pas de promesses fermes », résume le porte-parole des sous-sections des ministère des Infrastructures et des Transports, Boukari Savadogo.
Au secrétariat général du ministère en charge des Transports, l’on dit constater la grève. « On constate seulement, c’est tout ! Nous-mêmes, nous sommes dehors pour essayer de faire le point. Dans ça on va dire quoi ? On constate qu’il y en a qui sont là, il y en a qui ne sont pas là. C’est comme cela, on fait le point », se réserve-t-on.
O.L
Lefaso.net
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