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Entrepreneuriat : Lassina Bani, un modèle de réussite dans la haute-couture burkinabè

La mode n’a plus de secret pour le styliste burkinabè, Lassina Bani dit Choco. Il évolue dans l’univers de la haute-couture et du stylisme depuis 1995. Après une courte période d’apprentissage, il a fini par se frayer un chemin. Aujourd’hui, Lassina Bani est propriétaire d’un atelier de couture dénommé « Bani’s couture », situé au secteur 16 de Bobo-Dioulasso.

Partir de rien dans l’univers de la mode pour devenir aujourd’hui un grand couturier dans la ville de Sya, Lassina Bani nous enseigne qu’avec « le courage et la persévérance on peut réaliser de grandes choses dans ce monde ». Sa créativité et son inspiration font qu’il est en train de tirer son épingle du jeu sur un marché de plus en plus concurrentiel. De la couture mixte, il est plus aujourd’hui dans la couture masculine. Des coupes modernes à partir de textiles africains, mais aussi des coupes traditionnelles faites avec des tissus originaux. Lassina Bani ne manque pas de projets et fait tout pour redynamiser la mode au Burkina Faso et particulièrement à Bobo-Dioulasso. Le samedi 1er mai 2021, nous lui avons rendu visite dans son atelier pour savoir davantage sur son travail.

Une création de Lassina Bani, un ensemble trois pièces

L’atelier de Lassina Bani est situé au secteur 16 de la ville de Bobo-Dioulasso, à la cité Can 98. Ce matin, Lassina Bani semble être bien occupé. Des va-et-vient interminables. Il passe auprès de chaque employé pour donner des consignes. Un geste qui semble être son quotidien depuis plus de 20 ans. 1995, c’est exactement l’année où Lassina Bani a embrassé le métier de la couture suite à la volonté de son père. Couturier et styliste de profession depuis plusieurs années déjà, sa passion pour son métier s’est affirmée et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Une chemise faite à base de tissu et du page koko donda

« Je suis rentré dans le métier de la couture véritablement en 1995 par imposition. Parce qu’au début, j’avais souhaité être mécanicien. Et comme à l’époque on avait une vielle machine à coudre déposée à la maison, le papa a vu que c’était déjà du matériel de travail pour moi et il m’a imposé la couture. Il savait ce qu’il faisait donc je ne m’y suis pas trop opposé. Et Dieu merci aujourd’hui ça va », a-t-il confié.

À l’en croire, son amour pour la couture a commencé à se manifester véritablement lorsqu’il était en classe de 3e. Son rêve était de devenir un couturier professionnel. Pour parvenir à cette fin, il va alors s’armer de courage, de détermination et surtout de volonté.

Un modèle de chemise fermée

C’est ce qui lui a permis de faire le tour de certains ateliers pour apprendre les fondamentaux de la couture. « J’ai beaucoup appris sur le tas. Je ne suis pas passé par une école de couture, ça été une auto-formation. Après mes trois ans avec mon patron, j’avais déjà acquis quelques bases. Ma chance c’est que j’ai commencé le métier juste après le BEPC, donc je me suis installé à mon propre compte directement et les choses sont allées très vite. Ma philosophie pour avancer, c’est de travailler et surtout d’y croire », relate Lassina Bani.

Un début « très difficile »

« Pour la majorité de ceux qui se sont lancés dans l’entrepreneuriat, surtout très jeune, le début n’a pas été facile. Soit vous êtes confrontés à un problème financier, soit vous êtes sous-estimés par votre entourage. Certaines personnes essaieront toujours de vous décourager, surtout qu’avant, ce métier n’était pas valorisé », a-t-il souligné. Les débuts de Lassina Bani, dans le milieu de la couture, n’ont pas été faciles. Victime de moquerie souvent, et avec le peu de moyen à sa disposition, il a dû se surpasser pour arriver là où il est aujourd’hui.

Pour Lassina Bani, le secret de la réussite c’est le courage et la persévérance

C’est à l’issue de ses formations sur le tas qu’il décide d’ouvrir son propre atelier. Aujourd’hui, Lassina Bani travaille avec plus d’une vingtaine de personnes avec qui il partage ses connaissances de près d’une vingtaine d’années d’exercice de la haute-couture et du stylisme. Comme tout grand styliste, M. Bani a sa particularité. « Nous utilisons toutes les matières transformables dans la couture. Et nous essayons de nous inspirer des pas de nos devanciers pour évoluer », a-t-il laissé entendre.

Une chemise confectionnée avec du pagne batik

L’œuvre humaine ne pouvant se réaliser sans difficultés, Lassina Bani en rencontre aussi dans l’exercice de son métier. « Notre difficulté majeure est surtout financière. Parce qu’en toute chose si vous avez les moyens à côté, cela peut beaucoup vous aider à avancer », a dit M. Bani. Mais qu’à cela ne tienne, son atelier fait son petit bonhomme de chemin. Mieux, il ambitionne d’étendre son atelier dans d’autres villes du pays, notamment à Ouagadougou où ses chefs-d’œuvre sont beaucoup plus sollicités.

Un complet modèle tunique jaune

« Tout métier nourrit son homme »

Vainqueur du trésor du Faso, catégorie meilleur couturier de la région des Hauts-Bassins en 2017, l’atelier Bani’s Design a eu à participer à plusieurs défilés de modes dont Bobo Fashion-Week de Bazemsé, le défilé de l’indépendance, lors de la commémoration du 11-décembre 2020 à Banfora, etc. Des distinctions qui honorent notre styliste. La renommée de son atelier de couture est établie. Notre couturier s’investit également dans la formation d’apprenants et apprenantes au métier de la couture et du stylisme dans son atelier. Une manière pour lui d’aider ses jeunes frères et sœurs.

Une chemise faite à base de tissu et du page koko donda

Pour ceux qui pensent que le métier ne nourrit pas son homme, Lassina Bani dit tout le contraire. C’est pourquoi, il invite ses frères et sœurs à embrasser ce métier car, selon lui, la couture fait des merveilles. « La couture n’est plus à l’étape embryonnaire. Elle a beaucoup évolué. C’est un métier qui ne salit pas et qui nourrit bien son homme. La couture m’a apporté beaucoup de bonnes choses et de bons rapports surtout. Aujourd’hui tous mes clients sont mes amis. C’est grâce à la couture que j’ai pu me réaliser et construire une famille. Le monde de la couture se porte bien actuellement. Avant les hommes ne s’habillaient pas. Mais aujourd’hui, c’est tout le contraire », a-t-il indiqué. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Romuald Dofini

Lefaso.net

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