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Gouvernance des entreprises burkinabè : « L’innovation permet de distinguer le leader du suiveur », dixit Tertius Zongo, président de l’AIGLE

A l’occasion de la cérémonie d’inauguration de l’Académie internationale pour la gouvernance et le leadership économique (AIGLE), intervenue ce jeudi 3 juin 2021 à Ouagadougou, l’ancien Premier ministre du Burkina Faso, Tertius Zongo, président de cette nouvelle académie, a fait une brève communication. Le thème a porté sur « Etre leader dans le monde économique au Burkina Faso ». Pour disséquer cette problématique, le « Keynote Speaker » a expliqué le concept de leader, comment développer sa capacité pour être leader, et quels sont les obstacles à l’innovation qui transforme en leader.

Plus de 80% des entreprises qui sont créées sont des entreprises familiales. Cela veut dire que moins de 20% sont créées sous la forme de personnes morales. Plus de 50% de ces entreprises évoluent dans le secteur du commerce, au moins 30% dans le secteur de service, 12% dans l’industrie prenant en compte l’industrie extractive, et 7% dans le secteur de l’artisanat. Voilà exposée la cartographie du monde économique au Burkina par le « Keynote Speaker », Tertius Zongo, lors de sa communication à la cérémonie d’inauguration de l’Académie internationale pour la gouvernance et le leadership économique (AIGLE).

D’après lui, il y a une difficulté d’ascension et de survie des entreprises qui perdent leur fondateur. En effet, lorsque le fondateur meurt, tous les fleurons qu’on voit perdent quelques feuilles ou perdent tout ; rarement on voit de nouvelles feuilles pousser. L’autre constat, c’est que les entreprises qui ont une certaine taille sont trop dépendantes des marchés publics.

« Vous ne pouvez pas influencer si vous n’avez pas de respect pour les valeurs cardinales de la citoyenneté »

Une des caractéristiques communes aux entreprises burkinabè, c’est qu’il y a toujours un cumul de la propriété et de la gestion de l’entreprise. « Même dans les entreprises où il y a un semblant de séparation entre la direction et l’entreprise, le contrôle qui devrait être fait ne tient pas la route. Du favoritisme à certains endroits, de l’intolérance à d’autres endroits. Tous les employés ne sont pas traités sur le même pied », a décrié l’ancien Premier ministre. Il a fait savoir tout de même que malgré tout, il y a des efforts de modernisation avec l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans les entreprises.

De la conception du mot leader

Citant John Maxwell, grand expert en leadership, M. Zongo a indiqué qu’être un leader, c’est influencer. « Si nous partons de cette définition, il est très clair qu’être leader dans le monde économique, c’est être une entreprise qui influence le milieu des affaires », a-t-il déduit. Pour lui, le leadership se mesure par le fait que des gens vous suivent et apprennent à votre école. Par conséquent, on peut être un leader dans nos pratiques de gestion, sur les produits que nous offrons, sur la manière d’offrir nos services à la clientèle, etc. « Malheureusement, c’est tout le contraire de ce que nous voyons très souvent. C’est plutôt l’esprit de vouloir dominer, de vouloir écraser, quelquefois en passant par des pratiques anormales », a-t-il regretté.


Du développement de sa capacité à être un leader

Si être leader c’est influencer, Tertius Zongo déclare que l’une des clés de l’influence, c’est l’innovation. Paraphrasant le regretté Steeve Jobs, ex-co-fondateur d’Apple, il soutient que l’innovation permet de distinguer le leader du suiveur. Ainsi, sur cette base, on peut convenir qu’on ne peut pas influencer si on n’innove pas, si on n’a ni vision, ni démarche stratégique. « Pour être leader, il faut non seulement démontrer des résultats mais aussi avoir des relations avec des gens qu’on met en confiance et à qui on fait sentir qu’ils sont utiles. Vous ne pouvez pas influencer si vous n’avez pas de respect pour les valeurs cardinales de la citoyenneté », a-t-il mentionné. Ces valeurs cardinales, a énuméré Tertius Zongo, sont la civilité, le civisme et la solidarité. « Celui qui croit qu’il peut réussir seul sans les autres, n’a pas le mental de leader », a-t-il terminé sur ce point.

Quels sont les obstacles à l’innovation ?

A en croire le président de l’AIGLE, le premier obstacle, c’est l’inertie du fait qu’arrivées à un certain niveau, les entreprises ne veulent plus prendre de risques. Elles estiment parfois avoir trop à perdre et perdent du coup leur influence. Le deuxième point évoqué, c’est que les entreprises qui innovent savent qu’il faut parfois sacrifier le veau sacré pour pousser plus haut les limites de l’influence. Le troisième point, c’est la culture de la peur de l’échec ou de la réprimande.

Les participants applaudissant la communication de Tertius Zongo.

A ce sujet, il a démontré que si les employés ont peur d’être sanctionnés à cause de leurs erreurs, ils n’essayeront pas des choses nouvelles. Ces entreprises adhèrent à la philosophie selon laquelle le problème ce n’est pas l’erreur, mais plutôt la répétition des mêmes erreurs. Le quatrième point, c’est l’excès de confiance et d’arrogance. Si la confiance en soi est essentielle, l’excès de confiance en soi peut vous aveugler au point de ne pas voir les changements qui s’opèrent autour vous.

Il s’agit d’ailleurs du premier facteur d’échec. Le dernier point, c’est la gestion rigide de son entreprise. « On ne devrait pas avoir un regard toujours focalisé sur les résultats. Dans nos cultures, c’est très souvent la tête qui décide et le bas exécute, si bien que les idées ne remontent pas. Dans les entreprises qui sont performantes, on note que bien souvent, les innovations viennent de la base. Parce que la base est celle qui est en contact avec les réalités, d’où la mise en place d’un mécanisme de remontée des informations de base vers le sommet, afin de prendre des mesures adaptées », a-t-il conseillé.

Obissa Juste MIEN
Lefaso.net

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