L’Alternative Patriotique Panafricaine/Burkindi (APP/Burkindi) a animé le samedi 5 juin 2021 à Ouagadougou, une conférence sur la situation nationale et la vie du parti. Au cours de cette sortie, Dr Adama Coulibaly, président du parti, et ses camarades ont dépeint un contexte national à la charge des dirigeants actuels. Sur la question de la réconciliation nationale par exemple, le parti dit rester vigilant vis-à-vis des dirigeants, « qui ont partagé 25 ans de pouvoir avec Blaise Compaoré et dont le passage au MPP ne dédouane pas du passif ». Nous vous proposons la déclaration liminaire de ladite conférence.
Mesdames, messieurs les journalistes,
Merci de votre présence à cette conférence de presse.
Le 02 juin 2021, marque le troisième anniversaire de la naissance de notre parti, l’Alternative Patriotique Panafricaine / Burkindi (APP/Burkindi).
Nous avons décidé de célébrer cet anniversaire en réunissant les représentants des structures du parti pour analyser la situation du Faso, la vie du parti et prendre des engagements patriotiques en conséquence.
I. De la situation nationale
Après scandale électoral du 22 Novembre 2020 marqué par la fraude et la corruption électorale à grande échelle, le pouvoir MPP demeure égal à lui-même, figé dans l’incapacité à offrir aux Burkinabè une quiétude et un espoir de progrès social et économique véritable.
1.1. La crise sécuritaire demeure une tragédie nationale et Sahélienne, en dépit de la création du G5 Sahel de la présence militaire de pays étrangers. A Solhan dans le Yagha dans la nuit d’hier vendredi à ce samedi 5 juin, au moins une centaine de nos compatriotes viennent de tomber encore une fois sous les balles assassines de terroristes sans foi ni loi, avec de nombreux blessés.
Nous déplorons cette guerre injuste qui s’abat sur nos vaillantes populations qui peinent à survivre. Nous saluons les efforts faits pour sortir de ce bourbier en particulier à travers le courage et la détermination de nos FDS qui paient un lourd tribut pour défendre l’intégrité de notre patrie et la vie de nos populations.
Toutefois, il faut déplorer des insuffisances parfois lourdes :
les dérives communautaires et parfois des massacres de masses restés jusque-là impunis, ce qui nous éloigne des objectifs de la réconciliation véritable (Yirgou, etc…)
Le manque de reconstruction d’une armée nationale solide et performante après la déconfiture de notre armée provoquée par l’ancien régime du CDP.
Le refus de doter l’armée de moyens véritables (moyens logistiques et financiers) pour lui permettre d’être à la hauteur.
Par insuffisance de moyens logistiques, de soutien et de courage politique de la part de nos gouvernants, nos FDS n’arrivent pas encore vaincre l’hydre terroriste.
Le quotidien de nos braves populations reste toujours rythmé par des attaques et des harcèlements de la part de groupuscules terroristes. L’Etat semble avoir signé forfait dans certaines localités du nord et de l’est du pays encore sous couvre-feu, où des groupes armés assiègent des villages entiers pendant des heures sans qu’aucun secours véritable ne vienne mettre fin à leur calvaire (cas de Kodgel avec près 30 victimes, Koumbri….).
1.2. A propos du foncier
L’accaparement des terres constaté sous le régime Compaoré se poursuit avec plus d’avidité. Les paysans n’ont pas manqué de marteler ce point au Président de la république à la dernière rencontre lors de la journée nationale du paysan.
Selon le rapport d’enquête parlementaire commandité par l’Assemblée nationale en 2016, pour seulement 15 communes investiguées la commission relève que plus de de 105.408 parcelles ont été irrégulièrement attribuées ou illégalement occupées. Des parcelles ont été attribuées comme récompense à des amis politiques, des réserves administratives à des structures privées sans un déclassement préalable…
On est passé de 9 sociétés immobilières en 2014 à plus de 200 sociétés aujourd’hui. Les lotissements sont bloqués pour les populations alors que les sociétés immobilières se sont transformées en sociétés de ventes de terrains nouvellement lotis.
Dans les zones rurales et péri-urbaines, une certaine élite dépossède les pauvres paysans de leurs terres ; et tout cela dans un silence visiblement complice de nos dirigeants qui apparaissent visiblement en réalité à la manœuvre.
C’est dans ce contexte que le ministère de l’urbanisme, de l’habitat et de la ville entreprend la relecture de la loi N°057-2008/AN portant promotion immobilière au Burkina Faso. Wait and see !
Proposition : création d’une base publique de données informatisée du foncier.
Qui a combien de parcelles ? Et de superficies de terrain ? Quelle éthique peut-on recommander en la matière ?
1.3. La crise scolaire
L’école de notre pays a connu une exacerbation de sa crise latente depuis toujours, à l’image de la crise universitaire. Cette crise s’est exacerbée depuis plusieurs mois suite à des reformes que les autorités tentent de faire passer au forceps au mépris du dialogue et du respect des partenaires. Cette crise a malheureusement entraîné la mort d’une élève à Kongoussi et d’un élève de 6e à Ouaga, et occasionné de nombreux blessés à travers le pays. Notre parti présente ses sincères condoléances aux familles éplorées et souhaite prompt rétablissement aux blessés. Aujourd’hui, a un pas des examens scolaires le plus grand lycée de notre pays est fermé jusqu’à nouvel ordre laissant ainsi des milliers d’élèves dans l’incertitude. Cette crise vient démontrer si besoin en était encore le mépris du pouvoir MPP par rapport aux préoccupations des populations. Sinon, comment comprendre que pour des reformes censées être au profit des mêmes acteurs, on en arrive à une telle escalade lorsque des voix discordantes s’élèvent ? Pourquoi mettre les charrues avant les bœufs ? Où se trouve donc l’urgence ?
1.4. De la réconciliation nationale
La réconciliation nationale est indispensable, sinon vitale pour notre pays. Cette question est complexe et aggravée par les types de gouvernances successives que notre pays a connues au sommet de son exécutif. Cette gouvernance gabégique, népotiste, clientéliste ne permet pas l’expression d’un bon vivre ensemble. De plus, la caporalisation de la justice par les pouvoirs successifs du CDP et du MPP ne permet pas de résoudre les dossiers de crimes de sang, de crimes économiques, de corruption, etc.
A notre avis, la démarche de la réconciliation doit passer par une bonne définition de la réconciliation actuelle : qui veut-on réconcilier ? Pour quels crimes ? Comment réconcilier ? Doit-on sacrifier la vérité et la justice à l’autel de la réconciliation ? Si non, que faire ? La réponse à ces questions pourrait rassurer les populations qui attendent de façon intéressée, mais dubitatives la recette de la réconciliation proposée par les acteurs actuels aux affaires et constitue un passage obligé pour un vivre ensemble harmonieux retrouvé et un Burkina moins divisé et plus unis pour faire face aux défis majeurs qui se présentent à lui.
L’APP/Burkindi voit en la création d’un ministère dédié à cette réconciliation comme un pas important vers le rapprochement des filles et des fils de notre pays que des politiques criminelles sur un fond de terrorisme depuis ces 5 dernières années ont divisées pour des intérêts purement mesquins. Mais qu’on ne se méprenne pas. La réconciliation nationale attendue par notre peuple ne saurait s’apparenter à des négociations politiciennes souterraines entre anciens alliés complices. Elle devra passer par le triptyque vérité – justice puis réconciliation. Et tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes de sang ou de crimes économiques devront répondre de leurs actes et faire preuve de repenti sincère. Qu’ils soient de l’ancien régime ou encore aux commandes dans le régime actuel. C’est seulement à ce prix que les cœurs pourront s’apaiser et les Burkinabè pourront se remettre ensemble à la tâche de construction de la nation.
Nos propositions :
Première étape : les crimes politiques, de sang et économiques : à résoudre efficacement et prioritairement :
Cas Thomas Sankara et de ses camarades tombés le 15 Octobre 1987
Cas de Dabo Boukary, étudiant en 7ème année de Médecine tué en mai
1990
Cas de François Ouédraogo dans la mort de David Ouédraogo
Cas des blessés insurgés en 2014
Jugement du dernier gouvernement de Blaise Compaoré
Etc.
En deuxième lieu : les autres dérives politico-administratives et les conflits
sociaux.
Enfin, proposer une charte nationale du vivre-ensemble.
Mesdames et messieurs les journalistes,
La crise du COVID-19 a entraîné un impact socio-économique considérable avec la fermeture des frontières terrestres depuis plus d’un an avec comme corollaire le développement de réseaux parallèles plus coûteux pour nos populations. Le gouvernement avait annoncé le financement des mesures sociales, économiques et la prise en charge sanitaire à hauteur de presque 400 milliards de FCFA pour soutenir les populations et les entreprises : où en est-on de la mise en œuvre, les factures d’eau et d’électricité des ménages moyens ont-elles été vraiment prises en charge ? Qui sont les vrais bénéficiaires de ces financements ?
A ces maux, s’ajoutent la mal gouvernance devenue chronique, la corruption, l’impunité et l’incivisme. A l’évidence, les finances publiques de notre pays n’ont jamais été autant mal gérées. Dans le secteur du BTP, les pots de vin et les détournements érigés en normes se traduisent par la destruction d’infrastructures à peine réceptionnées à l’épreuve de la nature. On ne compte plus le nombre d’édifices qui s’écroulent (Tenkodogo, Banfora…..). Le dernier cas en date est le drame de Dandé ou un élève de la classe de CE2 a perdu la vie et une vingtaine d’autres blessés dans l’effondrement de leur classe alors qu’ils étaient en pleine activité pédagogique.
Propositions : créer une base de données des entrepreneurs ou un ordre des entrepreneurs en BTP avec une liste rouge et une liste verte.
II. De la vie du parti
Après sa première expérience électorale, notre parti se porte bien et même très bien. Il poursuit sa structuration à travers le pays, renforce le niveau de ses militants à travers des activités de formations et enregistre régulièrement de nouvelles adhésions.
Le pari réussi de cette rencontre nationale dans un contexte sanitaire et sécuritaire difficile et la richesse des débats qui ont été menés constituent un signe de vitalité de nos structures.
Sur l’échiquier politique, notre parti a opté pour l’opposition politique, car en vérité, tous les maux qui minent notre société posent tous des questions de gouvernance et de valeurs. Il entend, avec toutes les forces progressistes de l’intérieur comme de la diaspora, former un front large pour redonner espoir à notre peuple.
III. Quelle alternative ?
Au regard de la situation que vit notre pays, notre parti, l’APP / Burkindi,
condamne une fois de plus avec la plus grande énergie les attaques terroristes qui continue d’endeuiller nos populations ;
Condamne la répression sanglante des élèves qui ne demandent qu’à ce que leurs préoccupations soient prises en compte ;
Condamne et appelle à l’arrêt immédiat du bradage des terres dans notre pays au détriment des braves populations ;
Il propose :
(i) Le renforcement des équipements des FDS et le respect des engagements pris vis-à-vis des VDP,
(ii) Une refondation du système éducatif par la valorisation des différents ordres d’enseignement afin de permettre une insertion socio professionnelle harmonieuse de l’apprenant dans son milieu de vie et de promouvoir les valeurs cardinales de citoyenneté, de civisme, d’intégrité et de justice
Sociale,
(iii) La mise en place d’un cadastre foncier, le retrait pur et simple des terres illégalement acquises ainsi que la réparation de l’injustice immobilière à tous les niveaux,
(iv) La relance de l’économique post-covid-19 en concertation avec les acteurs du monde économique formel et non formel, et la prise en charge effective des factures d’eau et d’électricité, la baisse du prix du carburant, la mise en place rapide de mesures adaptées et la réouverture des frontières terrestres, la baisse des prix des vivres et denrées de base en ce début de la période de soudure…,
(v) Une bonne gestion de la question minière en faveur de l’économie nationale et au profit des populations.
L’APP/B invite ses militantes et militants à redoubler de courage et d’engagement dans la structuration du parti. Il les invite à resserrer les rangs et à se mettre en ordre de bataille en vue les élections de proximité qui s’annoncent.
Notre parti invite le peuple burkinabé à lui faire confiance et rejoindre ses rangs pour la poursuite du combat pour un Burkina Faso libre et prospère.
Vive l’APP/Burkindi
Vive le Burkina Faso
Na an laara an saara
Par le peuple, pour le peuple !
Je vous remercie
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