Dans le cadre de la mise en œuvre du projet Covid-19 Reponse Rice seeds (CORIS), il est attendu 5 tonnes de semences pré base, 200 tonnes de semences de base et 6.000 tonnes de semences certifiées. Pour atteindre les objectifs escomptés, Bagrépole a mis à la disposition de l’INERA, une superficie de 74,5 hectares à la plaine rizicole de Bagré, pour la production des semences améliorées. A ce stade, les producteurs apprécient les variétés proposées au regard des rendements, ce qui rassure les responsables que les objectifs seront atteints.
Mamboné Balkissa, dans son champ de KBR6
Mercredi 9 juin 2021, il est 10h et nous sommes à la plaine rizicole de Bagré. C’est parti pour une visite guidée dans des champs de producteurs qui s’étendent à perte de vue. Dans ces champs, les producteurs ont utilisés les variétés améliorées du riz de l’INERA, dans le cadre du projet CORIS. La plupart des sites de production sont au stade de maturation et certains producteurs ont même commencé les récoltes. Faucilles en main, jeunes, femmes coupent le riz à la tige et les déposent en tas. La moisson sera bonne et la joie se lie sur les visages des producteurs. Sur le premier site, c’est madame Mamboné Balkissa qui nous accueil. Dans son champ d’une superficie d’un hectare, le riz est au stade de maturation. « J’ai utilisé le KBR 6 (semence améliorée de l’INERA) et c’est très bon. Vraiment je suis contente d’avoir utilisé cette variété. Nous avons suivi les conseils des spécialistes et nous sommes vraiment contentes. Je lance un appel à tous les agriculteurs d’utiliser cette variété de riz. D’ici là, nous allons commencer les récoltes », a expliqué toute souriante madame Mamboné avec ses jumeaux en mains.
Abdoulaye Sorgho, producteur de la variété du KBR2
Après la maman des jumeaux, c’est Abdoulaye Sorgho qui nous reçoit dans son champ. Là aussi, c’est la même physionomie. Mais monsieur Sorgho a utilisé la variété du KBR 2 qu’il apprécie déjà. « Après avoir semé, Dr Traoré nous a conseillé de mettre un pied de riz dans chaque trou. On a suivi ses conseils et aujourd’hui le résultat est satisfaisant. Avec cette variété la durée de la récolte n’est pas longue. Je suis content d’utiliser cette variété de semence, elle est vraiment bien. Pour ceux qui n’utilisent pas encore cette variété nous les invitons à nous rejoindre », conseille monsieur Sorgho.
A côté de Monsieur Sorgho se trouve le champ du jeune Abdoul Aziz Ouelgo. Il a utilisé le KBR 4 sur une superficie de 1 hectare et attend une production d’au moins 6 tonnes. « En comparaison avec les variétés qu’on utilisait avant, je peux dire que KBR est meilleure. Quand les autres producteurs passent dans mon champ, ils sont fiers de mon riz et ils me demandent c’est quelle variété j’ai utilisé et je dis KBR4. Je sais que l’année prochaine tout le monde va suivre mes pas » a-t-il dit.
Ousmane Mondéré utilise le FKR61
En plus des variétés du KBR, d’autres variétés sont utilisées par les producteurs. Ousmane Mondéré utilise le FKR 61, l’une des trouvailles de l’INERA. A ce stade de la production, il est sûr de faire une bonne récolte grâce à la semence utilisée. « Ça fait plus de 18 ans que je cultive le riz. Avec les anciennes variétés j’utilisais une grande quantité pour semer. Mais avec 15 kg de FKR 61, nous pouvons l’utiliser sur un hectare et il y aura du reste même. J’utilise cette semence et je suis satisfait du rendement. On nous a dit de mettre un pied dans chaque trou et c’est ce qu’on fait. Au paravent, avec les autres semences le rendement n’était pas pareil mais avec FKR 61 nous sommes satisfaits. Nous remercions vraiment l’INERA de nous avoir donné cette semence. Qu’il continu de nous aider afin que nous puissions atteindre l’autosuffisance alimentaire », a laissé entendre monsieur Mondéré.
11 variétés de riz de l’INERA utilisées par les producteurs
Dr Edgard Traoré, généticien à l’INERA est fier au regard de physionomie des champs
Au cours de cette visite guidée, outre la satisfaction des producteurs, la joie se lisait aussi sur les visages des techniciens, et de ceux qui ont proposés les différentes variétés améliorées du riz aux producteurs. Parmi eux, Dr Edgard Traoré, généticien à l’INERA. « Au regard des différentes physionomies des champs, nous sommes fiers », a soutenu Dr Edgard Traoré. A l’en croire, dans le cadre du projet CORIS, ce sont 11 variétés de semences améliorées du riz de l’INERA qui ont été utilisées sur les 74,5 hectares offerts par Bagrépole. Si les différentes variétés font la fierté des producteurs, force est de constater que c’est le fruit d’un travail de longue haleine. Les FKR (Farakoba riz) explique Dr Traoré, ont été développés par des ainés notamment Dr Moussa Sié. « Nous nous sommes appuyés sur les travaux de nos aînés pour développer d’autres variétés de riz à savoir les KBR (Kamboincin riz 2, 4, 6, 8) », a précisé le généticien. Comme avantage, Dr Traoré rassure que les KBR ont un cycle court qui varie entre 105 et 110 jours ainsi qu’une bonne qualité des graines et le producteur peut récolter entre 6 à 7 tonnes à l’hectare.
« Il faut vulgariser les variétés améliorées du riz »
Vue d’un champ de KBR6
« Nous avons un challenge de 1 million de tonnes de pady en 2021 et cela passe par des semences de qualité », a rappelé Dr Edgar Traoré. Au regard de la qualité des champs visités, l’on peut dire qu’il n’y a aucun doute sur la qualité des semences. Cependant, il faut un travail de communication et de sensibilisation afin que l’ensemble des producteurs du Burkina s’approprient les variétés améliorées du riz développées par les chercheurs de l’INERA. C’est d’ailleurs le souhait le plus ardent de Dr Edgard Traoré. « Bagré c’est un départ. Il y a déjà l’engouement des producteurs autour des variétés. Nous souhaitons que les producteurs du Sourou, de Bama et bien d’autres localités s’approprient aussi ces semences améliorées », a-t-il souhaité.
Les chercheurs burkinabè font des efforts pour mettre à la disposition des producteurs des semences qui s’adaptent aux contraintes de chaque localité. Avec les variétés améliorées du riz, il y a espoir qu’un jour le Burkina pourra satisfaire la demande en riz au plan national.
M’pempé Bernard HIEN
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