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Burkina : Le Cadre de dialogue politique, un sectarisme politique ?

Un nouvel épisode du dialogue politique s’ouvre du 17 au 19 juin 2021 avec sur la table des partis affiliés au Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF) et ceux membres de l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP), la situation sécuritaire et un projet de relecture à minima du Code électoral dans la perspective des élections locales de mai 2022.

Comme on peut le constater, et étonnement pour certains, la réconciliation nationale ne figure pas parmi les préoccupations du cadre de dialogue politique. Bien plus que cette question, que nous soulevons juste au passage, là où l’intention se braque, c’est la composition même de ce cadre de dialogue et l’objet qu’il doit connaître.

En effet, dans un contexte électoral qui ouvre, depuis 2015, les portes des compétitions électorales aux entités autres que celles politiques (au sens strict du terme), il est bien curieux de constater que le dialogue politique se borne aux deux blocs à savoir, le CFOP-BF et l’APMP, alors que les mouvements d’indépendants (organisations à caractère civil) sont parties prenantes aux joutes.

Pourquoi ces deux entités, APMP et CFOP-BF, devraient-elles décider pour toutes les autres (partis non affiliés aux deux cadres précédemment cités), pourtant reconnues par la loi comme telles et acceptées comme parties prenantes aux élections électorales ?

Opposer un raisonnement selon lequel, la loi ne reconnaît pas une troisième voie (en dehors de la majorité et du CFOP-BF) est un débat qui frise l’argument de la force. D’où tient-on ce genre de raisonnements dans un contexte où le gouvernement pour, dit-on, préserver l’intérêt général, dicte la conduite à tenir face à une décision de justice (l’affaire Pazani) ? Peut-on s’adosser à un tel argumentaire dans une situation où l’on tente de faire croire que les mauvais arrangements valent mieux que de bons procès (Zéphirin Diabré retire, pompeusement, sa plainte, spectaculairement déposée à la gendarmerie, contre Simon Compaoré dans l’affaire ‘’tranquilos ») ?

Ce retrait se veut un tempo donné au processus de réconciliation nationale, justifie-t-on ! Pourquoi alors, au nom de cette quête de l’idéal commun, ne peut-on pas associer, tout simplement, toutes les entités à un cadre qui va décider de l’avenir des acteurs politiques (pour ne pas dire l’avenir du pays) ? Que perdent, ou de quoi ont peur l’APMP et le CFOP-BF, d’associer les autres ? Il faut éviter de créer des bruits inutilement dans une situation où les énergies doivent être focalisées sur les questions essentielles. Dans le contexte actuel, l’on devra savoir poser des actes qui unissent et non s’adonner à ce qui sème davantage de distance entre Burkinabè.

Autre temps, autre mœurs ! Tout plaide aujourd’hui pour une ouverture du cadre de dialogue politique à toutes les entités aux compétitions électorales. Admettre des candidatures indépendantes et limiter ce cadre de dialogue aux seuls CFOP-BF et APMP ressemble à du sectarisme politique et ne saurait se défendre comme démarche pertinente. A moins que toutes les autres en marge ne soient des appendices des partis politiques membres du CFOP-BF et de l’APMP ! Si non, la prise en compte des autres, jusque-là mis à l’écart, ne devra pas souffrir de calculs.

Cela apparaît important en ce sens que l’on devra sérieusement œuvrer à éviter les violences (jamais égalées en la matière) enregistrées aux municipales de mai 2016. Or, celles à venir (mai 2022) se pointent dans un contexte hostile du fait non seulement de l’insécurité, mais également des difficultés des partis politiques à mettre de l’ordre et à instaurer la discipline dans leurs propres rangs.

D’ailleurs, passé cet épisode de dialogue politique, chaque parti politique se devra de s’investir à l’interne pour suffisamment sensibiliser ses militants sur les enjeux des élections de mai 2022, pour ne pas que ce soit un moment qui va rajouter de nouvelles équations aux problèmes des Burkinabè.

Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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