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Procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons : Le ouf de soulagement de Mousbila Sankara et Fidèle Toé

Les témoins cités dans le cadre du procès de l’assassinat du père de la révolution et de ses douze compagnons ont poursuivi leurs dépositions à la barre du tribunal militaire ce 30 novembre 2021. Il s’agit entre autres des témoins Mousbila Sankara et Fidèle Toé

L’ex ambassadeur du Burkina Faso en Libye,  le témoin Mousbila Sankara,  après sa déposition le 29 novembre 2021 a été rappelé à la barre,  ce 30 novembre 2021 pour  répondre aux questions du parquet militaire et des avocats des différentes parties. Mais que le témoin puisse prendre la parole, le président du tribunal, Urbain Méda a rassuré le témoin que sa déposition a permis d’appréhender  l’ambiance suite aux évènements du 15 octobre 1987. Et surtout d’avoir  une idée  sur  les tortures.

Des avocats de la partie civile©infoh24

L’ancien diplomate du Burkina Faso en Libye, Mousbila Sankara, dans ses réponses ne concevait pas que Blaise Compaoré pouvait tuer Thomas Sankara pour le pouvoir. «De par ma connaissance du milieu et des personnes, je ne vois pas Blaise Compaoré tuer Thomas. Mais Blaise Compaoré a fabriqué des monstres qui l’ont dévoré. Les deux monstres auxquels il fait allusion, sont entre autres Hyacinthe Kafando d’un côté et Gilbert Diendéré de l’autre côté. Et  Chacun voulait montrer à Blaise qu’il était le plus fidèle des fidèles, le plus actif, si bien qu’entre les deux, il avait des divergences » a-t-il déclaré à la barre.

En effet, selon le témoin Mousbila Sankara, le 1er septembre 1987, Blaise Compaoré a participé  à Tripoli à une fête libyenne dont le Burkina Faso était le pays invité d’honneur. A cette occasion, Blaise Compaoré et lui ont discuté sur la situation qui régnait à cause des tracts orduriers qui circulaient. Blaise a dit lors de leur discussion qu’ « ils ont choisi (Blaise Compaoré et Thomas Sankara) de ne pas en parler pour ne pas donner du crédit à ceux qui l’écrivent. Et quand il allait rentrer de ses congés en octobre, ils allaient trouver une occasion pour revoir cette situation » a souligné Blaise Compaoré.

Le témoin Mousbila Sankara©infoh24

Le témoin Mousbila Sankara, de par son analyse a déduit que le coup d’État a été perpétré par des éléments du Centre national d’entraînement commando (CNEC).  Et c’est Hyacinthe Kafando qui a perpétré le coup et Blaise Compaoré l’aurait assumé. Pire, ce serait même les évènements à la Brigade d’intervention aéroportée (BIA) de Koudougou, qui auraient sauvé Blaise Compaoré de la situation. « Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando avaient tous eu peur de Gilbert Diendéré. C’est d’ailleurs parce qu’il voyait Gilbert Diendéré monter en puissance, que Hyacinthe Kafando a fui le pays avant de revenir à la faveur de la fameuse journée nationale du pardon » ajoute-t-il.

D’où cette conclusion, du témoin, le responsable de l’assassinat du père de la révolution burkinabè, est l’ancien lieutenant Gilbert Diendéré, qui du fait de sa puissance à l’époque, pouvait empêcher le drame mais ne l’a pas fait.

La détérioration des relations en 1987 entre le Burkina Faso et la Libye a-t-il contribué à cette catastrophe ?

A en croire l’ancien ambassadeur du Burkina Faso en Libye, en 1987, les relations entre le Burkina Faso et la Libye n’étaient pas au beau fixe. Et les points de désaccord entre le président Thomas Sankara et le guide libyen étaient divers. Et comme exemple de cette divergence, il prend le cas Charles Taylor. «Quand Charles Taylor a été expulsé du Ghana et qu’il s’était réfugié au Burkina Faso, Kadhafi a voulu qu’on lui accorde le statut d’exilé politique. Thomas Sankara a refusé. Sankara a dit qu’on va lui donner une table pour qu’il vende des lunettes comme le font les Sénégalais et autres ». Toujours sur la question libyenne, les avocats de la partie civile ont voulu creuser au fond à travers  des questions concernant la visite de Blaise Compaoré en Libye quelques jours après l’assassinat de Thomas Sankara. Mousbila Sankara a refusé de répondre à la question en évoquant le principe de la souveraineté des Etats.

Cette attitude du témoin met le président du tribunal Urbain Méda en colère. Et il  a mis en garde ceux qui passent à la barre et qui font de la rétention d’informations.

Cette attitude  a été considérée par le président comme étant de la rétention d’informations. Il a saisi l’occasion pour appeler tous les autres témoins à l’ordre. «Je ne veux pas de la rétention d’informations. Le procès Thomas Sankara, c’est ici. On voit des gens accorder des interviews aux presses internationales et nationales et lorsqu’on leur donne l’occasion de parler, ils font de la rétention d’informations » a formulé le président de la Chambre du tribunal militaire, Urbain Méda.

Le tribunal©infoh24

Il a poursuivi en évoquant  la possibilité d’engager des poursuites contre les personnes qui tenteront de s’adonner à de la rétention d’informations. « On a vu des gens accorder des interviews à des médias internationaux, et une fois ici, ils jouent aux Alzheimer. On ne va plus permettre ça » prévient-il. Et de poursuivre, « c’est ici que le procès se passe ». Cette mise en garde a porté fruit car elle a fait évoluer la position du témoin Mousbila Sankara concernant  les questions liées à la Libye.

En effet, selon Mousbila Sankara, Thomas Sankara avait décliné une fois une invitation du guide libyen à participer à une fête en Libye avec le Burkina Faso comme pays invité d’honneur. « Sankara a refusé de partir. C’est Blaise qui est venu. En tout cas, il a été bien reçu avec tous les honneurs. Entre Blaise Compaoré et Kadhafi, les choses marchaient bien » a-t-il conclu.

Toujours dans cette séance de réponse aux questions des avocats, un fait retient l’attention dans la salle lorsque Mousbila Sankara s’est rendu compte qu’une pièce qu’il estime utile et qu’il avait transmis au juge d’instruction ne se trouvait pas dans le dossier. Le témoin a émis un cri plein d’émotion en se tenant la tête entre les mains. « Je suis inquiet » et dans la salle, on sentait le bruit des mouches. Mais  le juge Urbain Méda a demandé au parquet de retrouver la pièce en question si toutefois elle avait été effectivement transmise au juge d’instruction par le témoin.

Fidèle Toé à la barre du tribunal

Après Mousbila Sankara, c’était au tour de l’ancien ministre du Travail et de la Fonction publique du Conseil national de la révolution (CNR), Fidèle Toé.  D’entrée, l’ancien ministre de Thomas Sankara soutient  qu’il ne saurait parler du 15 octobre 1987 sans au préalable évoquer ce qui s’était passé le 14 octobre 1987, lors du conseil de ministres. « Le 14 octobre, on a eu un conseil de ministres à l’issue duquel j’étais personnellement content parce que je me suis dit que le président (Thomas Sankara) a crevé l’abcès. La création de la Force d’intervention et de transport du ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (FITMATS) venait d’être entérinée. Et quand les ministres rangeaient leurs papiers et s’apprêtaient à sortir, Thomas Sankara nous a interpellés en nous demandant pourquoi nous n’avons pas posé de questions sur la situation nationale » raconte-t-il.

Le témoin, Fidèle Toé©infoh24

En effet, pour  Fidèle Toé, il nous a rassurés que tout était entré à l’ordre. Thomas Sankara aurait même reconnu ce jour ouvertement qu’il y avait des bisbilles entre eux, et qu’ils s’étaient parlé. Le 15 octobre, au matin, l’ex camarade d’école primaire de Thomas Sankara, déclare avoir appelé au conseil de l’Entente pour parler avec le président sur certains points concernant son département. « Sa secrétaire Berthe Oubda  me décroche, en me disant que le président  Thomas Sankara était à sa résidence et qu’elle devait le rencontrer  à 10h et  donc elle allait lui transmettre mes points. Vers 15h55 et 16h, j’ai encore appelé pour savoir ce qu’il en était. C’est là qu’elle m’a passé le président qui me dit de passer à 18h pour qu’on en parle » explique-t-il.

Il aurait passé la nuit du 15 octobre 1987 chez un ami dans le quartier Gounghin et le lendemain, chez un ami nigérien. Le 23 octobre 1987, est la date à laquelle il est arrivé au Ghana avant de se retrouver au Congo. « Au Ghana, j’ai entendu beaucoup de choses. Les autorités ghanéennes m’ont bien accueilli. Elles m’ont confié qu’elles avaient prévenu Thomas Sankara et lui avaient même préparé une villa pour l’accueillir » soutient-t-il.

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