Issaka Sawadogo, maire de Pensa : « La prison m’a fait du bien »
Pensa est une commune rurale de la province du Sanmatenga. Elle est située à 90 km de Kaya. Plusieurs attaques ont ciblé cette commune, notamment le saccage de la gendarmerie et de la mairie le 14 mai 2021. Issaka Sawadogo, le maire, nous retrace la situation sécuritaire et humanitaire que rencontrent les habitants de sa commune. Il revient également sur son séjour de cinquante jours en prison.
Il y a onze mois que Souleymane Zabré, ancien maire de Pensa, a été abattu par des hommes armés sur l’axe Pensa-Barsalogho. Le 3 août 2020, Issaka Sawadogo a été porté à la tête de la commune en remplacement du défunt maire. Aussitôt porté à la tête du Conseil, il est conduit en prison où il a passé cinquante jours de détention.
Issaka Sawadogo, le plus jeune maire du Sanmatenga, retient les bienfaits de la prison. « Je remercie les vrais acteurs qui m’ont permis d’aller en prison. Elle m’a fait un grand bien. J’ai pu rédiger mon mémoire de fin de cycle. »
Selon Issaka Sawadogo, les raisons de son passage en prison restent politiques. Il déclare : « En politique tous les coups sont possibles. On a profité de ma naïveté pour me jeter en prison ». Le bourgmestre dit être passé en prison sans aucune preuve matérielle. « On m’a reproché d’avoir utilisé de fausses procurations lors d’une session invalidée pour déficit de quorum. Nous avons demandé à voir la procuration mais jusqu’à maintenant, aucune preuve nous a été présentée », fait-il savoir.
Tous les villages de Pensa sont touchés par l’insécurité
La commune traverse une situation délétère due à l’insécurité, selon Issaka Sawadogo. « Tous les villages de Pensa se sont vidés de leur population. Il ne se passe pas un seul jour que nous ne soyons alertés. De forêt en forêt, les terroristes se promènent jour et nuit. Il est difficile de rentrer ou de sortir de Pensa », relate le maire Sawadogo.
Il nous manque de l’assistance, sinon les VDP font leur travail
Les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) font un travail excellent, selon M. Sawadogo. Aussi, les forces de défense et de sécurité jouent un grand rôle dans ce grand combat. « De Pelouté à Wapassi, nous avons perdu six volontaires pour la défense de la patrie », informe-t-il. Selon le maire, l’axe Barsalogho-Pensa est une zone rouge qui coupe l’accès de sa population avec la ville de Kaya.
Une crise humanitaire qui demande beaucoup de moyens
« A Kaya, nous avons deux sites officiels qui regroupent plus de 8 000 déplacés internes. A Pensa, nous enregistrons 31 200 déplacés venus de Foubé, Pelouté et d’autres villes », foi du bourgmestre. « Une population très résiliente et l’intégration entre elle est au beau fixe. Ce qui reste, c’est la décentralisation de l’aide humanitaire. Tout est presque centralisé à Kaya », fait savoir le maire Sawadogo.
Le maire crie au secours
Issaka Sawadogo demande l’appui du gouvernement. « Nous demandons une sécurisation de l’axe Barsalogho-Pensa », interpelle-t-il. De son avis, l’Etat devrait accentuer l’accompagnement de l’aide humanitaire. « Il ne se passe pas un seul jour sans que nous n’apprenions des déplacements massifs internes. Nous demandons l’appui conséquent des partenaires », appelle-t-il ainsi au secours.
Rappelons que la commune de Pensa n’arrive pas à tenir la totalité de ses sessions à cause de l’insécurité.
Gérard BEOGO