Burkina Faso : Les Pays-Bas financent un projet d’environ six milliards FCFA pour les filles et femmes
Promouvoir l’accès des filles et des femmes burkinabè de 15 à 35 ans à un système éducatif et de formation professionnelle de qualité, tel est l’objectif recherché par le consortium d’ONG internationales dont Solidar Suisse en est le leader. Intitulé « Promotion de l’accès des filles à un système éducatif et de formation professionnelle de qualité » (PROMESSE-FP), le projet à hauteur de six milliards FCFA environ a été lancé ce vendredi 9 juillet 2021 à Ouagadougou, sous la présidence de Salifo Tiemtoré, ministre en charge de la Jeunesse. Le présent projet couvre les régions du Nord, Centre-Nord, de l’Est et du Sahel.
Selon le tableau de bord statistique 2018 du ministère de la Jeunesse, de la Promotion de l’entrepreneuriat et de l’Emploi, les femmes ont moins accès aux emplois comparativement aux hommes au Burkina. En effet, les études menées sur la période 2014 à 2018 ont révélé qu’elles occupent 43,3% des emplois contre 56,7% pour les hommes.
Face à cette situation, le consortium d’ONG internationales (Solidar Suisse, Educo et Aflatoun international), avec le soutien de ses partenaires, se propose d’améliorer l’employabilité de 15 625 filles et femmes et leur accès à des revenus décents. Cela à travers une offre de formation professionnelle, d’éducation financière, de formation en entrepreneuriat, de leadership et d’utilisation des TIC grâce au projet PROMESSE-FP financé par l’ambassade du royaume des Pays-Bas.
« A cause de la situation sécuritaire, ma famille et moi avons quitté Barsalogho pour Kaya … », a confié Aimé W. Ouédraogo, l’une des bénéficiaires du projet PROMESSE-FP
Un projet sur lequel les bénéficiaires fondent leurs espoirs. « A cause de la situation sécuritaire, ma famille et moi avons quitté Barsalogho pour Kaya depuis le 1er février 2019. Je suis contente d’être devant vous ce matin pour dire merci au nom des bénéficiaires du projet PROMESSE-FP […], ce projet en faveur des filles et des femmes des régions du Sahel, du Centre-Nord, du Nord et de l’Est. Je suis très contente d’une part, parce que de nombreuses familles comme nous ont été accueillies par la population qui nous aide à nous sentir comme si nous étions chez nous.
Si en plus de cela l’ambassade des Pays-Bas et le consortium pensent à nous, en résorbant nos difficultés d’avoir du travail ainsi qu’au problème de grossesses non désirées pour nous aider à avoir une bonne formation et un bon travail, nous ne pouvons qu’être les plus heureuses […] », a confié Aimé W. Ouédraogo, la représentante des bénéficiaires.
« C’est l’absence de développement qui entraîne souvent des frustrées à s’engager dans des actions terroristes », a constaté le ministre de la Jeunesse, Salifo Tiemtoré
Pour le ministre en charge de la Jeunesse, Salifo Tiemtoré, ce projet vient à point nommé en ce sens qu’il contribuera à réduire le nombre de jeunes recrutés par les terroristes. « S’ils ont eu une éducation, c’est clair qu’ils n’iront pas dans ce sens-là. C’est l’absence de développement qui crée souvent ce sentiment de ‟laisser pour compteˮ qui emmène également ces personnes frustrées à s’engager dans des actions terroristes et je pense que ce projet va contribuer à freiner cela », a-t-il apprécié.
Si de nos jours les données sur les taux bruts d’accès à l’éducation montrent un accès presque égalitaire entre les filles et les garçons au primaire, il est à noter que le nombre de filles se réduit considérablement au fur et à mesure, en remontant vers le cycle secondaire. Ce qui mérite des actions pertinentes et significatives pour le maintien des filles à l’école, selon le chargé d’affaires de l’ambassade du royaume des Pays-Bas, Maarten Rusch.
Aussi, les multiples problèmes de santé auxquels sont confrontés les adolescents souvent dus à une mauvaise gestion de leur santé sexuelle et reproductive (marquée entre autres par une fécondité élevée, des avortements clandestins, des grossesses non désirées en milieu scolaire) constituent un des obstacles à leur épanouissement.
« Il est à noter que le nombre de filles se réduit considérablement au fur et à mesure, en remontant vers le cycle secondaire. », a souligné le chargé d’affaires de l’ambassade du royaume des Pays-Bas, Maarten Rusch.
Pour l’atteinte des objectifs fixés, des actions devront être menées sur le terrain et pour ce faire, le consortium entend travailler avec des partenaires locaux des régions concernées par ledit projet.
« On mettra en place des clubs mixtes de filles et de garçons pour améliorer leurs compétences en gestion de santé sexuelle et reproductive dans les établissements du post-primaire et du secondaire tout en sensibilisant leurs pères. Cela dans l’objectif de briser une certaine barrière. Il y a aussi la formation professionnelle à laquelle peu de filles y ont accès, il s’agira de leur offrir des formations adaptées afin qu’elles aient le courage d’entreprendre […] », a expliqué Sandrine Rosenberger, chargée de programme de Solidar Suisse pour le Burkina Faso.
En vue d’y remédier, PROMESSE-FP a pour but de favoriser une meilleure gestion de la santé sexuelle et reproductive de 28 000 filles et 42 000 garçons de 200 établissements du post-primaire et du secondaire d’ici à 2024.
Pour la réussite de sa mise en œuvre et l’adhésion des différentes parties prenantes, PROMESSE-FP a été présenté à l’assistance afin de recueillir leurs suggestions et recommandations lors d’un panel initié à cet effet.
« On mettra en place des clubs mixtes de filles et de garçons pour améliorer leurs compétences en gestion de santé sexuelle et reproductive », a expliqué Sandrine Rosenberger, chargée de programme de Solidar Suisse pour le Burkina Faso
Les quatre (4) principaux axes de l’exécution de PROMESSE-FP sont :
l’amélioration des compétences des sortants du système éducatif ;
la mise en œuvre d’approches innovantes et efficaces de formation professionnelle ;
la promotion de cadre de collaboration avec le secteur privé pour favoriser l’accès des filles et des femmes à des revenus décents ;
la promotion de la santé sexuelle et reproductive y compris les violences basées sur le genre, les mariages précoces … dans le cadre de l’éducation des filles.
D’une durée de 44 mois soit environ quatre ans, le projet PROMESSE-FP va directement au total toucher 121 083 personnes dont 43 625 filles de 15 ans à 35 ans, 42 000 garçons de 15 à 18 ans du post-primaire et du secondaire, 1306 enseignants, 160 agents de santé et 33 992 hommes des villages de la zone d’intervention. En outre, 42 379 personnes déplacées internes bénéficieront de l’action.
Hamed NANEMA
Lefaso.net