La crise née de la mise en place du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne cache-t-elle pas en réalité une classe politique, dans sa grande majorité, paumée, désormais dépourvue d’ingéniosité et incapable de répondre aux aspirations de son peuple ?
On crée ainsi des problèmes autour d’acquis de clans et d’individus, qu’on veut consolider. Une crise de confort pour cette partie d’acteurs politiques, Burkinabè privilégiés, alors que le peuple, lui, mène une bataille pour sa survie. Ce qui se traduit aussi par une gouvernance par les mensonges, intrigues, menaces et intimidations.
La conception sectariste du dialogue politique, l’actualité autour de la marche de l’opposition et les propos de certains responsables politiques ont fini par convaincre même les plus sceptiques qu’une certaine génération, riche d’une trentenaire de règne sur la vie politique nationale, n’est devenue aujourd’hui qu’un fardeau pour le pays. Toute cette crise dans la mise en place de la CENI n’est en réalité que la conséquence de cette partie de politiques qui n’ont plus rien à donner que de servir les manipulations.
Un chef coutumier récusé d’être politique sur un terrain de la société civile…et tout est bloqué ! Comme on le constate, même le dialogue politique qui a soulevé des montagnes (tenue sans incidents d’élections couplées dans un contexte pourtant très difficile) n’a pas pu baliser ce détail, à même d’éviter ce spectacle hideux qui n’honore pas. Le drame, c’est que cette crise porte un coup à la crédibilité d’une soupape de la société, à savoir les autorités morales (les propos exprimées sur les réseaux sociaux à l’égard de ces leaders coutumiers en disent long).
Et pour rallonger cet épisode de crise, une tierce partie (l’opposition non affiliée, l’ONA) semble entrer en jeu, en attaquant la constitution même de la CENI par la composante CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso).
« Nous ne sommes pas d’accord pour les commissaires du CFOP-BF, parce qu’ils doivent représenter l’opposition tout entière. Le ministre (de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, ndlr) a envoyé la lettre au CFOP-BF, ce qui est normal, mais le CFOP-BF, lui, ne devait pas se limiter au cadre de concertation, qui est privé, et à partir de ce moment, on n’est pas dans la loi. Le CFOP-BF, sachant qu’il y a une autre entité de l’opposition en dehors de son cadre de concertation qui s’organise, aurait pu la concerter dans la désignation des commissaires », confie une source proche de l’opposition non-affiliée (ONA). Cette dernière a précisé qu’un recours en référé a été déposé (vendredi 16 juillet) devant le président du tribunal administratif.
Selon ses explications, il s’agit d’une demande en annulation du décret de nomination des commissaires et de la lettre du CFOP-BF transmettant la liste de ses commissaires au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Ainsi ont-ils réussi à faire détourner le regard des Burkinabè de la préoccupation sécuritaire à ces querelles de confort pour cette minorité qui ne cherche qu’à garantir ses acquis et privilèges !
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
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