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<p><strong>Dans un communiqué en date du 17 août 2021, le procureur militaire informait l&rsquo;opinion de l&rsquo;ouverture le 11 octobre prochain du procès des personnes mises en accusation dans l&rsquo;assassinat du président de la révolution Thomas Sankara et ses douze compagnons. Trente-quatre ans après l&rsquo;assassinat du père de la révolution, les choses semblent être en bonne voie pour une manifestation de la vérité et de la justice. De ce procès, citoyens lambda, acteurs de la société civile et judiciaires ont des attentes différentes. Nous avons rendu notre micro à certains d&rsquo;entre eux. Lisez plutôt. </strong></p>
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<p><strong>Luc Damiba, secrétaire général du Comité international du mémorial Thomas Sankara :</strong> Nous accueillons cette annonce de la date du procès avec enthousiasme, en se disant enfin le temps de la justice après 34 ans. Nous pensons que chacun doit aujourd&rsquo;hui répondre de ses actes. Que la justice soit dite de façon correcte dans un Etat de droit comme on le dit.</p>
<p>C&rsquo;est aussi une bonne chose pour les familles des victimes, parce que ça fait autant d&rsquo;années d&rsquo;attente sans pouvoir faire le deuil. Ce procès représente pour nous une première étape de réhabilitation de la mémoire de Thomas Sankara, parce que faire justice fait partie d&rsquo;une reconnaissance quelconque et importante, surtout du système moderne de réparation.</p>
<p>Faire justice c&rsquo;est aussi permettre à ce que les familles puissent enfin faire le deuil et enterrer dignement leurs morts, parce que vous imaginez que depuis 34 ans, il y a eu un cimetière où les gens avaient été enterrés, après ce cimetière n&rsquo;existe plus, et après cela les corps sont encore en suspens en attendant la justice.</p>
<p>Nous pensons également que c&rsquo;est une libération d&rsquo;une certaine manière, de tous ceux qui sont accusés dans ce procès, car il leur permettra de se justifier, de s&rsquo;expliquer et dire ce qui s&rsquo;est passé. Et pour nous cette vérité est libératrice. <br />
Le mémorial Thomas Sankara espère de ce procès, d&rsquo;abord la version historique, pour que dans l&rsquo;histoire que nous allons établir sur le mémorial, que l&rsquo;on puisse savoir exactement quelle est la vérité historique. Nous aurons les archives du procès pour pouvoir dire qu&rsquo;il a permis d&rsquo;établir telle ou telle vérité. C&rsquo;est déjà une part de gagner pour un mémorial, de savoir qu&rsquo;il y a quelque chose qui a été documenté historiquement.</p>
<p><strong>Lire aussi</strong> <span><a href="https://lefaso.net/spip.php?article106929" class="spip_out">Assassinat de Thomas Sankara : Le procès s&rsquo;ouvre le 11 octobre 2021</a><span></span></span></p>
<p>Tant qu&rsquo;il n&rsquo;y avait pas de procès, nous sommes dans une phase de suspicion et les gens ne peuvent pas parler avec conviction. Mais à partir du procès, le projet du mémorial peut écrire avec conviction et raconter aux jeunes et aux visiteurs ce qui s&rsquo;est passé le 15 octobre 1987. Donc pour nous c&rsquo;est un rétablissement de la vérité telle qu&rsquo;elle s&rsquo;est déroulée dans les événements du 15 octobre 1987 et suivants. L&rsquo;opinion sera éclairée de ce qui n&rsquo;est pas encore connu.</p>
<p>Le procès peut réserver des surprises mais vu les témoignages et l&rsquo;intérêt des médias sur le dossier Sankara, on peut dire que 90% des choses que l&rsquo;on raconte déjà sur Sankara et l&rsquo;histoire de son assassinat sont déjà connus. Peut-être que 10% seront des révélations pour nous autres, mais pour l&rsquo;opinion, ce sera une satisfaction du fait qu&rsquo;il y a eu justice. Peu importe le verdict ou le nombre de condamnations qui vont être prononcées, il y aura au moins la justice et la vérité.</p>
<p>Luc Damiba, secrétaire général du Comité international du mémorial Thomas Sankara</p>
<p>Et pour nous c&rsquo;est un pas important et il ne faut pas le négliger, surtout si les protagonistes acceptent collaborer et ne pas se murer dans le silence comme on l&rsquo;a vu avec certains, durant le procès du putsch de 2015. Nous pensons que les gens doivent parler ne serait-ce que pour l&rsquo;histoire et les générations à venir. Surtout qu&rsquo;il y aura un engouement médiatique, nous pensons qu&rsquo;il faut dire la vérité et ne pas mentir.</p>
<p><strong>Me Ollo Larousse Hien, avocat de la défense : </strong> Je suis un des avocats de la défense, mais jusqu&rsquo;à l&rsquo;heure où je parle, je n&rsquo;ai pas reçu de notification de date d&rsquo;audience. Et comme ce n&rsquo;est pas sur les réseaux sociaux que je dois l&rsquo;apprendre, je considère que la date n&rsquo;est pas connue.</p>
<p>En ce qui concerne les enjeux de ce procès, ils sont importants. C&rsquo;est un procès qui, s&rsquo;il a lieu, sera très attendu par tous ceux qui ont connu Thomas Sankara sur le plan national et international. Cependant, avec des acteurs importants du dossier non présents, je me demande si à la fin, le peuple ne va pas rester sur sa soif de vérité. <br /> Je n&rsquo;ai aucune appréhension sur le déroulement du procès qui doit tout simplement être conforme aux règles de la matière pénale. Le procès Thomas Sankara dans ce contexte d&rsquo;insécurité n&rsquo;aura de côté positif que s&rsquo;il permet d&rsquo;aller rapidement à la réconciliation.</p>
<p><strong>Propos recueillis par Armelle Ouédraogo<br />
Lefaso.net</strong></p>
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