Concours de la fonction publique : Jean-christ, 7 mois et sa mère à la recherche du saint graal
Quitter Koupéla ,Cinkansé, Koupelgo, Garango pour venir concourir à la fonction publique dans le centre unique de Tenkodogo, chef-lieu de la région de l’Est. Dormir sombrement dans les salles de classes, cuisiner en plein air, se coucher à même le plancher et faire face aux moustiques. Tel est le quotidien de plusieurs candidats venus des provinces lointaines, partis à la recherche du saint graal « Rentrer à la fonction publique quel qu’en soit le prix à payer ». L’InfoH24.Info à la rencontre de Jean-christ, 7 mois, sa mère, viviane Béré, 26 ans, ses nièces et ses cousines venus de Koupéla à la cueillette d’un concours d’entrée en agriculture.
Cathédrale de Sainte Marie-reine de Tenkodogo, mercredi 18 aout2021. Des têtes courbées et des genoux fléchis. C’est le premier constat que laissent voir les chrétiens pieux lorsqu’on jette un coup d’œil vers la grotte mariale et l’oratoire. Un lieu symbolique et sacré pour les paroissiens de la paroisse Saint François-Xavier de Tenkodogo. De part et d’autre de l’édifice religieux, toujours en réfection pour commémorer les 100 ans de sa construction par des prêtres africains, à l’horizon 2020, laisse admirer son architecture unique assis sur un projet de pavage en cours dans cette zone, « à plus de 65% de musulmans », selon les propos de Mgr Prosper Kontiebo, ordinaire des lieux.
Les candidates au concours de la fonction publique qui vivent à la belle étoile
Mais, ce qui frappe à l’œil lorsqu’on y projette un regard, c’est bien ces deux bâtiments scolaires pointés à l’horizon sud. Surtout ces vélos parqués à la devanture desdits bâtiments sur lesquels sont couverts des pagnes aux couleurs diverses. Ce qui donne l’impression d’une usine de fabrication de pagne en séchage. Toutefois, lorsqu’on s’ approche, on aperçoit des marmites sur des foyers métalliques remplis de charbon de bois en feu, des assiettes dispersées et des individus assis en groupes. A l’intérieur des salles, d’autres sont assis sur la natte, alors que certains munis de document scolaire y lisent.
Et là, se dissipe toute idée de fabrication de pagnes pour laisser place aux apprenants attroupés. C’est Justine Silga, âgée de 24 ans qui situe le contexte : « Nous sommes là pour les concours, on vient de Koupéla, on a déjà composé pour certains programmes, mais c’est difficile. J’ai déjà composé en génie civil, en agriculture ; mais j’ai déposé les dossiers pour concourir en 12 concours professionnels ».
Viviane Béré et son fils espèrent décrocher un concours en cette session
Au milieu de ces candidats présents à l’école catholique de Tenkodogo, s’y trouve Jean-christ, 7 mois, supposé candidat hors du commun dans les mains de sa mère, Viviane Béré, 26 ans. Venue de Koupéla comme plusieurs candidats de la masse, la mère de Jean-christ est à la conquête du concours d’entrée en Agriculture pour prendre soin de lui. Né, plusieurs mois plutôt, alors que sa mère était sur les bancs scolaires, Jean-christ a accompagné sa mère à Tenkodogo pour chercher l’entrée aux concours de la fonction publique. Mais son problème, confie sa mère Viviane « Il tète tout temps, même quand je veux bosser et lorsqu’il finit, il sautille seulement ». Et comme pour confirmer les dires de sa mère, Jean-christ a lâché le sein de sa mère pour pavaner dans les bras des camarades de celle-ci assise sur le même banc. « Un garçon turbulent et sympa », lâche Justine Silga. Pour prouver ses talents de grand amuseur, Jean-christ va finir par se rapprocher du journaliste de L’InfoH24.Info, avec un grand sourire. Mais sera détaché de là, par la force, puisque Jean-Christ en pleur, ne voulait pas s’éloigner du journaliste venu pour le reportage. Sa mère très impressionnée par les actions de son fils confiera au journaliste « mon enfant vous aime, il vous prend pour son père ».
En dehors de sa turbulence, Jean-Christ n’hésite pas à salir les pagnes et les couvertures de sa mère, qui doit les laver tous les soirs et les sécher sur leurs vélos. Vénus de Koupéla, ces jeunes ont pédalé des heures pour rejoindre Tenkodogo. N’ayant aucune connaissance auprès de laquelle s’abriter, ils ont élu domicile dans la cour de l’Eglise Catholique de Tenkodogo. « Des bâtiments sont là, ils n’ont qu’à loger, c’est gratuit, c’est ce qu’on fait chaque année », confie Mgr Prosper Kontiebo, évêque de Tenkodogo.
Les conditions de vie ne sont pas facile
Outre l’école catholique de la cathédrale affectée au profit des candidats au concours de la fonction publique, l’Eglise a également mis le centre Gogaré (un centre d’étude pour élève et étudiant) au profit des candidats. C’est là que Marcelin Bambara venu de Koupéla se trouve et concourt à la fonction publique. Mais aussi, Marie- Madeleine Silga, 25 ans, également de Koupela . Cette dernière ne se reconnait pas dans les sujets proposés, du fait qu’elle a quitté les classes depuis plusieurs années. Sur les dix concours proposés, elle vise le concours des sages-femmes.
Mélaine Salembéré, venue de Koupéla pour concourir en génie civil, espère ne pas rentrer bredouille, à cause des difficultés de la vie et des conditions difficiles dans lesquelles, elle concourt. Yemtema Koaré, 23 ans, venu de Cikansé espère rentrer au concours d’élevage ou d’assistant des eaux et forêts. Pour lui, c’est une question de chance et de malchance, parce que victime de la complexité du concours de test de niveau et de Psychotechnique.
Pour son Co-chambrier, Dominique Damiba, venu de Koupéla, pour concourir pour le niveau de 3eme en technicien supérieur d’agriculture. Pour lui, ce n’est pas un examen pour s’assurer admis. Au bout de ses trois jours de présence à Tenkodogo, Damiba et ses six camarades ont quitté les siens pour arracher comme Jean-christ le saint graal de l’année 2021.
La tenue des concours a permis aux candidats de rapprocher
Comme les autres concourants, Jean-christ et sa mère espèrent cueillir le saint graal de 2021, qui est l’entrée triomphale au concours de la fonction publique. En attendant, la proclamation des résultats, Jean-christ et les siens venus de Koupéla, ont du braver les difficultés pour les résultats, une preuve de courage et de détermination.
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