Au-delà de l’indignation
Les attaques terroristes qui connaissent une certaine recrudescence ces derniers temps au Burkina Faso, au Mali et au Niger, au-delà de l’indignation et de l’incompréhension qu’elles suscitent, imposent aussi que l’on se pose certaines questions raisonnables. La lutte contre l’hydre terroriste est l’apanage de tous les citoyens à travers leur collaboration, dit-on. La dimension militaire de la lutte a impérativement besoin de l’appui nécessaire des populations civiles. Mais au regard de l’ampleur des attaques et de la capacité de nuisance des forces du mal, l’on peut s’interroger légitimement sur la portée de la collaboration entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les populations. Comment des terroristes arrivent-ils à acquérir autant de motos avec lesquelles ils se déplacent par vagues pour perpétrer leurs attaques ?
Qui leur fournit le carburant qui alimente ces engins ? Où trouvent-ils de quoi se nourrir et se vêtir ? Comment se soignent-ils ? Autant de questions qui illustrent bien les limites de cette collaboration essentielle pour anéantir la nébuleuse terroriste. Quand les terroristes sèment la mort dans les rangs des FDS et au sein de la population, notre indignation est sans limite. Nous sommes perplexes, perdus dans les supputations. L’on se demande en permanence ce que nos Etats ont bien mérité pour être la cible des terroristes. Autant nous déplorons la chronique macabre entretenue par les différents groupes terroristes qui écument la sous-région, autant nous devons nous interroger sur nos propres responsabilités dans le malheur qui nous frappe.
Si les ennemis arrivent à se mobiliser contre nos Etats, c’est tout simplement parce qu’ils bénéficient de complicités internes au sein de la population pour alimenter leur projet funeste. L’on sait que les terroristes vivent du butin de leurs pillages et vols, mais cette seule source ne saurait leur permettre de mener des attaques d’envergure et régulières.
Il s’impose donc la nécessité de se solidariser derrière les FDS qui, aux prix de leurs vies, défendent nos territoires. Cela passe par un tarissement des sources qui apportent le nécessaire aux terroristes. Tant que les terroristes auront des facilités pour acheter des motos, se procurer du carburant ou se ravitailler en provisions au sein de la population, il va de soi qu’ils auront toujours la possibilité d’agir en toute impunité. C’est donc individuellement et collectivement que nous pouvons soutenir de façon conséquente ce combat de longue haleine.
Il faut œuvrer à couper les ponts avec ces gens qui ont pris les armes contre leurs propres frères et leurs pays pour des mobiles qui ne se justifient pas. Ceux qui, pour des raisons mercantiles ou autres, apportent un soutien aux terroristes, se mettent eux-mêmes en danger, d’autant plus qu’ils n’épargnent personne dans leur volonté de faire couler le sang. C’est parce que nous avons des pays qui tiennent tant bien que mal que nous avons le temps de nous opposer pour des intérêts futiles. Le pathétique spectacle d’Afghans qui font le pied de grue à l’aéroport de Kaboul pour fuir leur pays, depuis la prise de pouvoir par les Talibans, enseigne à souhait que nul n’a d’avenir dans un pays pris en otage par des radicaux d’une autre époque. Nous n’avons d’autre choix que de faire front commun contre le terrorisme. Même si la tentation est grande de sombrer dans le désespoir, il faut s’en abstenir. Nous devons sortir de nos petits calculs égoïstes pour soutenir la lutte contre l’obscurantisme. Il est plus qu’urgent de se remettre en cause pour voir en toute lucidité ce qui nous est commun et vital : la sécurité de nos de Etats.
Karim BADOLO
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