Ceci est une déclaration de l’association Nabouyizanga pour le développement intégré (ANDI) à propos du statut du Mogho Naaba.
Chers journalistes,
Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous tenons à vous dire merci d’avoir répondu à notre invitation. Nous savons à quel point votre travail n’est pas de tout repos et nous vous félicitons pour les efforts que vous faites au quotidien pour tenir nos populations informées.
Notre rencontre d’aujourd’hui sera on ne peut plus brève. En effet, nous allons nous contenter de vous livrer le contenu de notre déclaration. Il n’y aura donc pas de questions-réponses et nous nous en excusons. Nous espérons néanmoins que vous comprendrez nos motivations car nous ne voulons pas ouvrir un débat sur sa Majesté le Mogho Naaba, une personnalité à qui nous vouons un immense respect, une personnalité qui sera au cœur de notre démarche.
Chers journalistes,
Au Burkina Faso, longtemps avant la création de la Haute Volta en 1919, plusieurs royaumes, dans l’histoire de chefferie traditionnelle mossi, se sont succédé à partir du 13e siècle jusqu’à l’arrivée des Français en 1896. Les premiers royaumes mossis se sont constitués entre le 11e et le 12e siècle. Il s’agit du Gourma, du Mamprousi, du Dagomba, du Yatenga, du royaume de Boussouma et du plus influent royaume de Ouagadougou dirigé par le Mogho Naaba Kouda, à la fois roi et magicien, descendant de la princesse Kouda Yennenga, mère mythique du peuple mossi.
Si l’on se réfère au livre « Histoire traditionnelle des mossi de Ouagadougou » (paru en 1963) de Yamba Tiendrébéogo dit Naaba Abgha, la durée des règnes des Mogho Naaba n’est connue d’une façon précise que depuis 1897, année de l’arrivée des Français. Il précise néanmoins que le Bend Naaba et les griots de la Cour sont détenteurs d’une tradition qui indique à une année près la durée du règne de chaque Mogho Naaba, la généalogie impériale étant énoncée chaque matin par les sons des tambours dès que le roi paraît pour effectuer sa première sortie.
Ainsi, toujours selon ledit document, 37 rois se sont succédé depuis Naaba Ouédraogo, fondateur de la chefferie mossi indépendante vers 1132. Le Mogho Naaba Baogho est ainsi le 37e roi des Mossis. Il a succédé à son père, le Mogho Naaba Kougri, décédé le 8 décembre 1982.
Bien que ces chefs traditionnels n’aient plus de réels pouvoirs, ils conservent une certaine importance sur la scène politique. Si l’on prend le seul cas de Naaba Baongho II, il a contribué à la résolution de plusieurs crises dont l’exemple le plus illustratif est son intervention dans la crise politique qui a secoué le Burkina Faso après le coup d’État de l’ex-RSP (Régiment de Sécurité Présidentielle) le 16 septembre 2015. Beaucoup estiment qu’il a « usé de tous ses talents de réconciliateur pour renouer le dialogue entre les frères d’arme ».
Sa Majesté Baongho II, Grand-croix de l’ordre national (plus haute distinction) depuis le 4 décembre 2015, a d’ailleurs reçu le prix Macky Sall pour le dialogue en Afrique en 2017, décerné par le Centre indépendant de recherches et d’initiatives pour le dialogue (CIRID), pour son rôle clé dans le retour du pouvoir civil dans le pays après le putsch. Notons qu’il est aussi, ambassadeur du Progrès Africain en 2012, lauréat du prix CIVIPAX (Citoyens du monde pour la paix) en 2007 et Grand officier de l’International Military Sport Council. Honoré par l’Universal Peace Federation en novembre 2008 et détenteur du Certificat honorifique du COPTAC en 2017, ce chef coutumier dont la renommée dépasse désormais les frontières du Burkina, a toujours fait preuve de sagesse, de respectabilité et d’honorabilité depuis le début de son règne le 21 décembre 1982.
Chers journalistes,
Au regard de tous ces éléments, nous souhaitons qu’il soit accordé au 37e empereur des mossis l’immunité et l’inviolabilité de son palais.
L’immunité, selon le dictionnaire, est une prérogative accordée par la loi à une catégorie de personnes. Nous voudrions donc que les autorités compétentes fassent cette faveur à sa Majesté le Mogho Naaba Baongho, pour services rendus à la nation, une immunité à l’image de celle dont bénéficient les parlementaires. En effet, la loi N°021-2000/AN portant statut du député, dispose, en son article 17, que « sauf cas de flagrant délit, aucun député ne peut être poursuivi ou arrêté en matière correctionnelle ou criminelle qu’avec l’autorisation d’au moins un tiers des membres de l’Assemblée nationale pendant les sessions, ou du bureau de l’Assemblée nationale en dehors des sessions ». Il serait, de notre point de vue, appréciable que le Garant du patrimoine culturel Moaga puisse jouir d’un tel privilège, au regard des médiations qu’il mène, lui qui, selon un écrit du CIRID est « résolument engagé dans la résolution des crises allant de celle des ménages à celle de la nation burkinabè toute entière, s’autosaisissant parfois de questions qui pourraient mettre à feu et à sang la vie de la Nation ». Le même article le décrit comme une personne de grande écoute : « Le dialogue constant est son arme. Personne ouverte et très discrète, Sa Majesté s’est clairement démarquée de la politique. Sa sagesse et sa pondération font de lui un être « model » dont la résolution ultime est de contribuer à faire de son pays une nation prospère et radieuse ». Son importance au sein de la société n’est donc plus à démontrer.
Pour en revenir maintenant à l’inviolabilité, ce terme se définit comme étant le caractère propre de ce qui est inviolable, de ce qu’on ne peut ni enfreindre, ni atteindre, ni aliéner. Il s’agit d’une protection juridique à l’égard de biens, de personnes et/ou de lieux. Comme nous le savons tous, les ambassades sont inviolables en ce sens que personne n’a le droit d’y entrer sans l’accord du chef de la mission diplomatique de l’Etat accréditant. En effet, l’inviolabilité des missions est garantie par l’article 22 de la Convention de Vienne de 1961.
Chers journalistes,
Il ne s’agit pas ici de laisser complètement les mains libres au chef suprême des mossis car, nous le savons, des personnes mal intentionnées pourraient se mettre sous son couvert pour commettre quelques exactions qui vont porter atteinte à son image, comme on a déjà pu le constater au sein de certaines chefferies coutumières. C’est pourquoi nous pensons qu’une commission pourrait être mise en place pour réfléchir sur la question et faire des propositions qui vont obtenir l’assentiment des autorités et du principal concerné, en l’occurrence le Mogho Naaba.
Pour terminer, nous voulons vous faire savoir que ces deux protections lui permettront d’agir dans la légalité républicaine et à terme le Burkina sera perçu, aux yeux du monde, comme un pays qui accorde une place importante aux droits humains, en l’occurrence le respect de la vie et de la dignité humaines, un pays où le dialogue représente le socle de la cohésion sociale, surtout en cette période trouble que vit notre nation. En effet, ne dit-on pas que l’arme la plus puissante c’est le dialogue ? Telle est en tout cas notre conviction.
Merci pour votre attention et bon retour chez vous.
Inoussa Ouédraogo, président de l’association Nabouyizanga pour le développement intégré (ANDI)
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