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Et si le combat politique en Afrique se trompait de cible ?

<p>La fièvre politique de l’élection présidentielle de fin 2020 au Burkina Faso est retombée et chaque camp a fait ses comptes&period; L’euphorie des uns a tourné au désenchantement &semi; la formalité pour les autres a dépassé leurs espoirs et l’apprentissage pour d’autres encore leur fait nourrir des ambitions qu’il faudra que leurs ressources soient conséquentes pour supporter le temps nécessaire&period; Arithmétiquement&comma; il y a eu un gagnant et 12 perdants&comma; mais nous soutenons qu’il y a eu 13 perdants &colon; les 12 personnes physiques et le Burkina Faso&period; Lorsque celui-ci&comma; qui aurait pu réunir les 100&percnt; à travers un plan national de développement consensuel&comma; doit se contenter de 57&comma;87&percnt;&comma; il enregistre un manque-à-gagner&period; Et cela&comma; si l’on considère seulement le point de vue quantitatif&period; Du point de vue qualitatif&comma; le manque-à-gagner existe aussi&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Car&comma; aucun parti politique ne peut soutenir avoir et les meilleurs programmes dans tous les domaines et les meilleures compétences pour occuper tous les postes&period; Une fraction du peuple&comma; même d’une écrasante majorité&comma; ne peut plus être le peuple&comma; et elle peut même être en erreur par rapport à la minorité&period; Dès lors&comma; il nous paraît excessif de définir la démocratie comme étant « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple »&comma; sinon par convention&period; Le multipartisme indo-européen apparaît clairement comme l’expression d’un rapport de force entre des classes sociales ou politiques pour se disputer des parts du &OpenCurlyDoubleQuote;gâteau”&period; Non seulement les Africains n’ont pas encore de gâteau à partager mais à produire&comma; ils ont aussi fait l’expérience de la gestion collégiale de la chose publique dans leurs sociétés traditionnelles&period; Passéisme ou utopie &quest; Le philosophe français&comma; Michel Onfray rappelle que chez Proudhon&comma; &OpenCurlyDoubleQuote;l’utopie est une idée passée qui a de l’avenir” et il l’actualise&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Par ailleurs&comma; comment ne pas être dérouté lorsque l’on entend d’éminents intellectuels fervents apologistes de l’utopie tels que l’économiste Jean-Joseph Boillot&comma; lui-aussi français&comma; se rassurer d’observer en Afrique la &OpenCurlyDoubleQuote;non rupture avec le passé”&comma; quand la majorité de l’élite africaine renie ce passé &semi; et le même de citer Karl Mannheim&comma; pour qui&comma; &OpenCurlyDoubleQuote;…une société sans utopie est une société sans dessein”&period; Plus concrètement&comma; remarquons que l’exécutif fédéral suisse fonctionne selon le principe de la collégialité&comma; consacré par la constitution&period; Alors&comma; si nous osions&comma; nous demanderions à nos bien-pensants de la politique au Burkina Faso en particulier&comma; d’accepter de questionner&comma; avec impartialité&comma; la modernité et la tradition pour faire un tri&comma; en toute connaissance de cause&period; Tout n’est certes pas positif dans la tradition&comma; mais tout n’y est pas négatif &semi; et il en est tout autant de la modernité&comma; dont de nouveaux penseurs &lpar;J&period;-J&period; Boillot cité plus haut par exemple&rpar; disent de l’idéologie &lpar;le capitalisme&rpar;&comma; qu’elle est devenue &OpenCurlyDoubleQuote;réactionnaire… &semi; et ce qui permet le dépassement de cette idéologie&comma; c’est l’utopie&period;” Et c’est pour ce système décadant que les Africains rivalisent pour être&comma; qui le meilleur élève&comma; qui le bon élève&period; Ils se font enferrer dans la pensée unique institutionnelle d’un système dont de nouveaux courants d’avant-garde poussent les sociétés capitalistes fallacieusement requalifiées de libérales&comma; à sortir&period; Cela étant posé&comma; venons-en aux faits&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Du Parti unique à la pensée unique<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>L’échec relatif du bloc communiste a fait croire à l’autre qu’« il n’y a pas de développement sans démocratie ni de démocratie sans développement »&comma; mais la Chine est un contre-pied parfait de cet axiome&period; Il suffirait d’un texte &lpar;une constitution&rpar; à la Chine pour en faire un Etat démocratique au sens commun&comma; alors que l’Etat « de droit » avec ses institutions républicaines n’a pas suffi à faire émerger un seul pays africain en trente ans&period; C’est pourquoi nous pensons qu’une troisième voie est impérative en Afrique &colon; ni totalitarisme&comma; ni libéralisme débridé&comma; avec des valeurs endogènes&period; Le triomphe du bloc occidental sur le bloc communiste a substitué une pensée unique à une autre&comma; mais il nous apparaît que tout développement s’inscrit dans le temps et un espace culturel donné&period; Eluder cette dernière dimension pour inscrire le développement de l’Afrique exclusivement dans le temps&comma; ce ne serait pas seulement faire du développement &OpenCurlyDoubleQuote;hors sol”&comma; ce serait également faire de l’Afrique un OGM &lpar;organisme génétiquement modifié&rpar;&comma; puisqu’elle aurait perdu son ADN&comma; c’est-à-dire sa culture&period; Nous tentons de démontrer dans le développement qui suit&comma; l’irrationnalité du modèle occidental en Afrique et les bases objectives sur lesquelles les Africains auraient pu construire un modèle alternatif&comma; tout à fait compétitif&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Les bases irrationnelles des clivages politiques en Afrique<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Sauf preuve du contraire&comma; les institutions prennent naissance avec une sociologie&comma; une histoire et même une psychologie&comma; propres à des peuples ayant une même communauté de destin&period; C’est ainsi que le système politique voulu comme modèle universel a tenu lieu de compromis dans les sociétés où a sévi l’exploitation de l’homme par l’homme à travers l’esclavagisme&comma; le féodalisme et le capitalisme&period; Ces systèmes&comma; en épousant les clivages sociologiques&comma; créeront les conditions d’émergence des clivages idéologiques par la lutte des classes qui trouvera son épilogue avec les partis politiques&period; Ainsi&comma; l’anarchisme&comma; le communisme et le socialisme sont nés parce que le capitalisme existait&period; En question&comma; la répartition des plus-values du capital&period; Les nuances de toutes ces idéologies sont apparues à la faveur de la mobilité sociale&period; Pour atteindre ce nouvel ordre politique&comma; dit démocratique&comma; des batailles de rues et par les armes auront été nécessaires&period; Néanmoins&comma; chaque peuple a construit sur la base commune ses nouvelles institutions&comma; celles-ci ayant été déterminées par la manière spécifique dont les contradictions internes ont été résolues &colon; les modèles allemand&comma; britannique&comma; français&comma; suisse… sont différents les uns des autres&period; Chacun se satisfait de son modèle&comma; dès lors que le but visé est le même&period; Il y a néanmoins des invariants communs à ces sociétés et qui ont fait leur réussite&period; Ce sont&comma; en deçà des libertés&comma; une organisation rigoureuse que sous-tend la rationalité&comma; un savoir-être enseigné dans la famille nucléaire&comma; l’école obligatoire et effective qui assigne à la discipline&period; A partir de là&comma; la loi prend le relais dans le monde du travail&comma; la société et le cercle du pouvoir administratif et politique &colon; quelle que soit sa position dans la société&comma; son idéologie&comma; l’individu se soumet à la loi&period; Le respect de celle-ci y a été et est encore &OpenCurlyDoubleQuote;le plus petit commun dénominateur”&period; Ses transgressions sont fatalement sanctionnées par l’appareil judiciaire&period; L’individu est aussi conscient de ses devoirs que de ses droits&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong> Qu’en est-il de l’Afrique au sud du Sahara &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>En Afrique traditionnelle<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Les clivages traditionnels étaient les castes&comma; mais elles ne se sont pas traduites par l’exploitation d’une caste inférieure par une caste supérieure&period; La propriété des moyens de production &lpar;capital-terre et travail&rpar; a été collective&period; Ces sociétés étaient égalitaristes&comma; mais statiques &colon; tous pour un&comma; un pour tous&comma; tel fut leur modus vivendi&period; La parole&comma; considérée comme sacrée&comma; n’avait pas plus de valeur dans la bouche d’un &OpenCurlyDoubleQuote;noble” par rapport à celle d’un &OpenCurlyDoubleQuote;roturier”&comma; dès lors que tous deux étaient des initiés&comma; contrairement à l’Europe ancienne&period; Le savoir-être était inculqué avec le savoir-faire tout le long de la hiérarchie sociale&comma; et les transgressions des usages et des coutumes étaient invariablement sanctionnées&period; Celles-ci pouvaient coûter la vie à un chef ou un roi&period; Des espaces de communication et de transmission intergénérationnelle des savoirs étaient aménagés &colon; le jeune adulte&comma; initié et responsable dès lors qu’il fût dans les liens du mariage&comma; siégeait avec les personnes âgées&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>En Afrique contemporaine<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>A la lecture de ce qui précède&comma; force est de reconnaître que le système politique européen en général&comma; français en particulier&comma; n’a aucun fondement sociologique&comma; historique et encore moins psychologique en Afrique subsaharienne précoloniale&period; Aussi&comma; pouvons-nous en déduire que les partis politiques sont ici des créations ex nihilo&comma; puisque sans relation de cause à effet avec les rapports de production ou de classes&period; La force de la société traditionnelle africaine sur le plan social est devenue une faiblesse dans le contexte dynamique des sociétés modernes&comma; faute d’avoir été adoptée pour être adaptée par les élites&comma; dans le dessein d’une société novatrice&period; « Nous pouvons intellectuellement construire une nouvelle Afrique &quest; » &lpar;Joseph KI Zerbo&comma; in A quand l’Afrique&rpar;&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>L’état des lieux &colon; une singularité sur le plan économique et sociétal<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Les rapports de production mettent en présence et pour l’essentiel les anciennes puissances coloniales et leurs ex-colonies&period; La colonisation a revêtu une triple dimension &colon; politique&comma; économique et culturelle&period; Dans l’espace de la Françafrique&comma; les indépendances n’y ont rien changé&comma; en raison d’accords dits de coopération en 11 points&comma; qui vidaient les indépendances de toute substance&period; Ils ont constitué un véritable corset de fer qui a contenu le développement des ex-colonies dans des limites étroites&period; Les subsides servis à travers l’aide publique au développement contribuent à masquer la réalité&period; Même si certaines clauses sont devenues caduques&comma; non seulement les plus déterminantes demeurent &lpar;la monnaie et la langue&rpar;&comma; mais elles ont toutes produit&comma; en une soixantaine d’années&comma; des effets difficilement réversibles&period; Alors&comma; en quoi les idéologies &lpar;libéralisme&comma; socialisme&comma; communisme et leurs nuances&rpar; sont-elles des réponses pertinentes à la problématique de la dépendance dans l’indépendance &quest;<&sol;p>&NewLine;<p>L’affiliation de personnes comme d’organisations de la société civile à des sociétés secrètes ou à des organisations-mères occidentales n’ont en rien protégé&comma; a fortiori promu les intérêts de l’Afrique &semi; bien au contraire&comma; elle a fait des premières des complices passives de la spoliation des Etats&comma; pour généralement des promotions sociales individuelles&period; Comme dans les pays développés&comma; la société africaine dite moderne s’est nucléarisée&comma; la transmission des connaissances également&comma; dans un système éducatif sélectif&period; Toutefois&comma; si les structures normatives sont redoutablement efficaces en Europe ou en Asie&comma; c’est loin d’être le cas dans les pays sous-développés d’Afrique &colon; le fait que la majorité ait échappé à l’école&comma; censée former à la discipline et à la rationalité&comma; et la permissivité inadéquate de l’éducation dans des familles nucléaires ou nombreuses&comma; par impuissance&comma; sont sans doute les premières sources de l’incivisme &lpar;&OpenCurlyDoubleQuote;le plus grand commun multiple”&rpar;&period; Les taux d’achèvement à tous les niveaux d’études sont dérisoires&period; Ceux qui en sont exclus sont livrés à eux-mêmes&comma; exposés à être des hors-la-loi&comma; ceux qui sont détenteurs d’un pouvoir politique et&sol;ou économique se veulent au-dessus des autres et des lois &lpar;donc eux aussi hors-la-loi&rpar;&comma; représentatives pourtant de l’autorité de l’Etat&period; Héritière de l’élasticité traditionnelle du temps&comma; la société africaine moderne n’a pas fait de celui-ci un des critères de mesure de l’efficacité et du sens de la rigueur&period; De sorte que le citadin est encore&comma; 61 ans après le top départ de son émancipation&comma; en flottaison entre société traditionnelle et société moderne&comma; dans l’impunité totale &colon; il échappe&comma; et à la sanction de la tradition&comma; et à celle de la modernité au sens plénier de l’Etat de droit&period;<&sol;p>&NewLine;<p>A telle enseigne qu’au Burkina Faso en particulier&comma; la société est quasiment hors de contrôle de l’Etat&period; Et il ne compte que 20 millions d’habitants&comma; par rapport aux 40 millions à venir à l’horizon 2050&period; Les savoirs-être et faire sont dissociés&period; Les premiers n’existent même plus&period; Sur la seule base des seconds&comma; les jeunes croient en savoir assez pour ne plus avoir besoin des anciens&comma; quand ce ne sont pas ces derniers qui s’auto-marginalisent au motif que &OpenCurlyDoubleQuote;nous&comma; nous avons fait notre temps&comma; à vous &lpar;jeunes&rpar; de faire le vôtre”&period; Comme si chaque génération devait inventer ses propres paradigmes&comma; en rupture avec les précédents&comma; jugés à chaque fois dépassés et contre-indiqués pour le futur &semi; et que les vérités n’étaient pas intemporelles&period; Au complexe légendaire d’infériorité du Noir africain vis-à-vis de l’Occidental&comma; il tend ainsi à s’ajouter un complexe de l’âge&period; Mais si les personnes âgées devaient se retrouver entre elles sinon isolées du fait de l’individualisme lui aussi importé par l’élite&comma; où la communication intergénérationnelle traditionnelle se prolongerait-elle&comma; en sachant que les compétences scientifiques et techniques n’épuisent pas les questions existentielles de l’être humain &quest; Et même sur le plan des compétences techniques &excl;<&sol;p>&NewLine;<p>C’est l’Afrique qui en compte le moins &lpar;beaucoup s’expatrient&rpar; et c’est elle qui&comma; par mimétisme&comma; s’offre le luxe de mettre à la retraite à 55 ou 60-65 ans&comma; ceux qui sont parvenus au sommet de leur art&period; Qu’ils sortent des effectifs du statut général&comma; c’est dans la règle de la bonne gestion &semi; mais l’administration peut leur ménager un statut particulier avec un rôle d’encadrement sinon d’actifs dans la formation et l’enseignement&comma; et le conseil&period; Pascal Bruckner dit que &OpenCurlyDoubleQuote;mettre les gens à la retraite à 60 ans c’est commettre un crime contre l’esprit”&period; Enfin&comma; que vaut le savoir&comma; s’il est juste bon aux individus pour gagner leur pain quotidien&comma; et insuffisant pour en faire des hommes et des femmes bâtisseurs de sociétés harmonieuses et riches dans toutes les dimensions &quest; Là où tout est encore à construire&comma; le plus important n’est pas le temps que chacun a consommé de vie&comma; mais l’ampleur de la tâche à accomplir&comma; sauf à primer les individus sur l’Etat&period; Nulle part ailleurs au monde&comma; des peuples ne se trouvent dans un rapport analogue à celui qui existe entre les Etats africains et les grandes puissances&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Les premiers ne peuvent se dire indépendants&comma; lorsque les leviers de leur développement sont tenus par les seconds&period; De celui qui obtient 10&percnt; d’une ressource et celui qui dispose des 90&percnt;&comma; lequel est le vrai propriétaire &quest; Que soixante années après avoir proclamé leurs indépendances&comma; avec les richesses naturelles dont le continent regorgeait et les intelligences qui ont été formées&comma; les Etats africains soient encore aussi sous-développés&comma; cela ne peut que laisser pantois&period; Tous les autres sont à leur chevet&period; Joseph Ki Zerbo a dit « le développement sera endogène ou ne sera pas » &lpar;in Repères&rpar;&comma; et qu’« en Afrique&comma; il est en quelque sorte trop tard pour constituer des classes… » &lpar;in A quand l’Afrique&comma; op&period; cit&period;&rpar;&period; Nous travestissons peut-être sa pensée en établissant entre ces deux assertions un lien qui les sort de leurs contextes respectifs&comma; mais dans notre raisonnement une logique sous-tend les deux&period; Si&comma; pour les besoins de la cause&comma; nous disons plutôt « développement autocentré » &lpar;la cible&rpar;&comma; celui-ci est-il possible avec des forces &lpar;les moyens&rpar; centrifuges&period; Ces moyens sont encore plus importants que des milliers de milliards&comma; surtout lorsque ceux-ci enrichissent plus personnellement que collectivement<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Les bases objectives d’un projet politique intra national et inter africain<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Les premiers contacts entre Africains et Européens se sont produits avec une brutalité inouïe par l’esclavage &semi; la colonisation a pris le relais en domestiquant celui-ci&period; La différence&comma; c’est que les sujets n’étaient pas appelés esclaves parce que non déportés et plus considérés comme des propriétés privées&period; L’exploitation était le fait d’un Etat colonial&period; Bien que les conditions de la colonisation fussent moins rudes ailleurs&comma; tel qu’en Asie et en Afrique du Nord&comma; des mouvements de luttes armées &lpar;ou non&rpar; y naquirent&comma; et les ruptures avec les puissances coloniales étaient radicales&period; Les peuples reconquéraient ainsi la maîtrise de leur destin&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>L’appât et le piège<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>La crainte d’un éveil des consciences en Afrique subsaharienne qui aboutirait aux mêmes conséquences hâtera par anticipation les indépendances&comma; en dépouillant toutefois celles-ci de tout contenu&comma; à travers&comma; dans le cas de l’Afrique francophone&comma; les accords cyniquement et fallacieusement appelés &OpenCurlyDoubleQuote;de coopération” &lpar;comme évoqué plus haut&rpar;&comma; d’ailleurs secrets&comma; à l’insu des peuples &semi; parce qu’ils étaient exclusivement à l’avantage de l’ancienne puissance coloniale&comma; et une véritable injure à l’intelligence humaine&period; Mais&comma; soif frénétique de succession au &OpenCurlyDoubleQuote;Blanc” oblige&period; Sinon&comma; où est la coopération&comma; a fortiori l’indépendance &colon; Lorsque des Etats dits indépendants&comma; après avoir été exploités gratuitement en matières premières et en main-d’œuvre&comma; se voient imposer le « remboursement » de prétendus « bénéfices de la colonisation »&comma; alors que les populations furent soumises aux travaux forcés ou « corvées » et à « l’impôt de capitation »&comma; dans des conditions considérées comme des traitements inhumains et dégradants&comma; quand ce n’était pas des crimes contre l’humanité &quest; De telles ignominies sur fond d’exploitation de l’homme par l’homme et des colons venus envahir et tirer profit par la violence et les humiliations&comma; lesquels méritaient d’être dédommagés &quest; Lorsqu’une décolonisation supposée maintient &colon; un système monétaire destiné principalement à garantir la fixité et le transfert sans limites des avoirs monétaires des personnes morales et physiques des citoyens d’une puissance&comma; ainsi que l’obligation d’utiliser la monnaie coloniale &semi; la confiscation automatique des réserves financières nationales &semi; l’exclusivité de la propriété des matières premières du sol et du sous-sol &lpar;sauf si celles-ci n’intéressent pas la puissance tutélaire&rpar;&comma; des exportations et importations&comma; des acquisitions de matériels et équipements militaires&comma; de la formation des officiers militaires &semi; le renoncement à toute autre alliance militaire sauf autorisation de la puissance colonisatrice&comma; l’obligation pour l’ex-colonie de s’allier en cas de guerre ou de crise mondiale &semi; la priorité aux intérêts et aux entreprises de ladite puissance dans les marchés et appels d’offre publics &semi; l’obligation de faire de la langue de la puissance coloniale la langue officielle avec à la base un système éducatif plus laveur de cerveaux et acculturant qu’émancipateur &quest; Où est-elle&comma; avons-nous demandé&comma; la coopération&comma; a fortiori l’indépendance &quest; Certes&comma; certaines clauses n’étaient plus compatibles avec la globalisation intervenue dans les années 1990&comma; notamment avec la création de l’Organisation mondiale du commerce &lpar;OMC&rpar; en 1995 &semi; et s’agissant particulièrement de la Haute-Volta devenue Burkina Faso en 1984&comma; dès 1960&comma; Maurice Yaméogo &lpar;son premier président&rpar; avait rejeté les accords en matière de défense&period; Cependant&comma; l’essentiel demeure&period; En effet&comma; de ce qui précède sur les conditions de la prétendue décolonisation&comma; deux remarques qui nous semblent majeures méritent d’être faites&comma; en matière monétaire et de l’usage de la langue<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Une monnaie infantilisante<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>S’agissant de la monnaie&comma; la fixation sur la fixité d’une monnaie&comma; sous prétexte de stabilité et donc de prévisibilité&comma; n’est-elle pas comparable à un bébé qui se refuserait &lpar;ce qui ne s’est jamais vu&rpar; à imiter les adultes en tentant de se tenir debout&comma; de peur de tomber &quest; Simple coïncidence ou conséquence&comma; au rapport 2020 de la Banque Mondiale&comma; aucun des quatorze pays utilisateurs du FCFA ne figure dans le top 10 des économies africaines &excl; Pas même la Côte d’Ivoire&comma; avec ses 40&percnt; de la masse monétaire de l’Union économique et monétaire Ouest-Africaine et ses 70&percnt; de son PIB&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Chacune des économies du top 10 jouit d’une totale souveraineté en matière monétaire&period; Sachant que la meilleure garantie de stabilité d’une monnaie c’est le dynamisme de son économie avec une industrialisation conséquente où les prix sont&comma; au pire stables et jamais à la baisse&comma; pourquoi&comma; depuis 61 ans&comma; l’industrialisation de l’Afrique francophone est-elle si faible&comma; malgré l’abondance des matières premières &quest; Des pays asiatiques&comma; au même niveau de sous-développement que les pays les plus pauvres d’Afrique en 1960&comma; n’ont mis qu’une trentaine d’années pour forcer l’entrée dans le cercle fermé des pays industriels&period; Y a-t-il meilleure garantie que la volonté politique hardie d’industrialiser un pays pour l’accomplir &quest; Tous les arguments avancés &lpar;formation&comma; coûts des facteurs&comma; etc&period;&rpar; pour justifier cet immobilisme ne tiennent-ils pas à la même absence de volonté politique &quest; Ou&comma; considère-t-on&comma; de façon définitive&comma; que l’Afrique ne répond pas aux conditions de l’industrialisation &quest; La Corée du Sud et Taïwan doivent beaucoup aux Etats-Unis&comma; pour des raisons géostratégiques évidentes&period; Pourquoi la France n’en a-t-elle pas fait autant en Afrique &quest; C’est que ç’eût été comme de scier la branche sur laquelle elle était assise&comma; en termes d’immenses sources d’approvisionnement en matières premières et de débouchés d’exportation de ses produits finis&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Une langue assimilationniste<&sol;p>&NewLine;<p>La seconde remarque majeure est relative à l’obligation de faire de la langue française la langue officielle de l’ex-colonie&period; Elle procède de la volonté d’assimilation des peuples pour le rayonnement culturel de la France&period; Le ministre français Jean-Pierre Lemoyne a déclaré que &OpenCurlyDoubleQuote;le cœur de la francophonie bât en Afrique”&period;<&sol;p>&NewLine;<p>La langue est le premier signe de culture et de maturité d’un peuple&comma; et le dernier rempart dont il dispose contre son assimilation par un autre&period; L’argument selon lequel il y a des dizaines sinon des centaines de langues nationales ne vise rien d’autre que &OpenCurlyDoubleQuote;tuer” celles-ci au profit du français&period; Celui-ci n’est pas considéré juste comme un moyen d’acquisition des connaissances&comma; de communication inter-ethnique&comma; et dans le monde francophone&comma; il est aussi un moyen d’identification&comma; de sélection et de valorisation en société&period; Faire du français un passage obligé pour gagner sa vie&comma; comme si les dix doigts avaient besoin de cette langue pour œuvrer&comma; voici une des plus graves atteintes aux droits et à la dignité de l’homme&comma; puisque le droit au travail en est&period; Les Africains n’ont pas eu besoin d’être colonisés pour se nourrir&period; Si bien que seule la force des armes a pu les réduire en esclavage&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Conclusion<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Quel que soit le parti politique qui parviendra aux commandes d’un Etat en Afrique subsaharienne&comma; il sera confronté aux mêmes contraintes extérieures&period; Aussi&comma; le bon sens suggère-t-il que tous s’unissent&comma; dans un patriotisme solidaire &lpar;celui qui ne trahit ni la cause&comma; ni les autres&rpar;&comma; pour se rendre maîtres de leur destin&period; Les armes sont inappropriées lorsque la domination est subtile&period; Aussi&comma; la pire de toutes les faiblesses est la faiblesse mentale&period; Mêmes les palmes académiques ne peuvent rien contre elle&period; Que pèse le peuple vietnamien à côté de l’Afrique noire &quest; Pourtant&comma; ce petit peuple a vaincu tour à tour la France et la première puissance militaire du monde à l’époque&comma; les Etats-Unis&period; C’est pourquoi il est pour le moins étonnant que des instruits aient pu&comma; à la croisée des chemins pour l’indépendance &lpar;il n’était plus question de lutte armée&rpar;&comma; choisir le compagnonnage de ceux qui avaient traité leurs parents pendant la colonisation et leurs ancêtres pendant la traite négrière&comma; comme on ne traite pas des bêtes de somme&period;<&sol;p>&NewLine;<p>La condition sine qua non de l’indépendance de tout Etat est la prise de conscience générale en son sein&comma; que « la servitude volontaire par la collaboration active ou résignée d’une partie notable du peuple » &lpar;selon la définition qu’en donne Etienne de la Boétie&rpar;&comma; ne saurait fonder son développement durable&period; Aucun peuple ne s’est développé dans et&sol;ou avec la culture d’un autre&period; C’est pourquoi&comma; ne comprenons-nous pas l’entêtement des Africains au Sud du Sahara à se vouloir l’exception qui accomplira cette prouesse&comma; funeste pour leur culture&period; Tel est la base unificatrice et résiliente des Africains&comma; au sein des Etats comme entre les Etats&comma; pour une véritable émancipation du continent &semi; au lieu de la reproduction&comma; fut-ce à la perfection&comma; de ce que l’Occident est et a&period; Lorsque vous ne seriez plus que ce que d’autres ont voulu faire de vous&comma; lorsque vous n’auriez plus que ce que vous auriez reçu d’eux&comma; de quels motifs de fierté pourriez-vous vous enorgueillir&comma; en tant que créatures culturelles d’autres créatures humaines &quest; Imitation pour imitation&comma; autant le faire de ce qui correspond à leur état&comma; c’est-à-dire le multiculturalisme &lpar;suisse&rpar;&comma; et non l’unitarisme &lpar;jacobin&rpar; destructeur de leur diversité culturelle&comma; pour la gloire impériale d’une puissance redevable de son rayonnement précisément à ses bienveillantes possessions&comma; qui ne sont pas payées de retour&period; Alors&comma; le seul clivage en politique qui aurait un sens en Afrique subsaharienne&comma; c’est celui qui opposerait partisans d’une véritable indépendance et ceux de l’assimilation des africains noirs&comma; avec au centre les équilibristes&period; Ce clivage a déjà eu lieu avant les indépendances&comma; et il reste d’actualité&period; Car les clivages idéologiques occidentaux&comma; qui sont aussi artificiels que les frontières lorsqu’ils sont rapportés à l’Afrique&comma; ne peuvent que former de potentiels chevaux de Troie pour y maintenir la domination politique&comma; économique et culturelle&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Paul Bassolé <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Economiste de l’entrepris<&sol;strong>e<&sol;p>&NewLine;<p>L’article <a href&equals;"https&colon;&sol;&sol;www&period;sidwaya&period;info&sol;blog&sol;2021&sol;08&sol;30&sol;et-si-le-combat-politique-en-afrique-se-trompait-de-cible&sol;">Et si le combat politique en Afrique se trompait de cible &quest;<&sol;a> est apparu en premier sur <a href&equals;"https&colon;&sol;&sol;www&period;sidwaya&period;info&sol;">Quotidien Sidwaya<&sol;a>&period;<&sol;p>&NewLine;

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