1er septembre 2009 -1erseptembre 2021. Cela fait exactement 12 ans que Ouagadougou se réveillait, surpris par des eaux issues d’une pluie diluvienne jamais enregistrée de mémoire d’homme dans la capitale burkinabè.
Le ciel très généreux avait ainsi ouvert ses vannes en déversant près de 300 mm d’eau en 10 heures de temps sur la ville. La conséquence de cette pluie qui n’a pas été du tout bienfaisante a été sans appel. Neuf pertes en vie humaines, près de 200 000 personnes sinistrées et d’innombrables dégâts matériels. Parmi les désastres, l’on dénombre plus de 250 maisons détruites par les eaux et d’importants outils de travail de l’administration publique comme privée emportés dans les courants d’eau. Ce mardi noir gravé à jamais dans la mémoire des Ouagavillois, avait suscité une chaine de solidarité tant au niveau national qu’international. Le besoin de financement évalué à près de 60 milliards F CFA pour contenir les effets pervers de la crise a été plus ou moins comblé si l’on s’en tient au rapport produit par l’Unité de gestion des secours d’urgence mis en place à la suite des inondations du 1er septembre 2009.
Douze ans après, les séquelles occasionnées par le sinistre ne sont plus que de vieux souvenirs pour plusieurs personnes. Si le pays a pu tant bien que mal surmonter cette crise, il reste qu’elle doit servir de leçons. Quels enseignements le pays des Hommes intègres a-t-il tiré de ses faiblesses antérieures afin de parer à d’éventuelles catastrophes d’une telle envergure ? L’une des leçons que le pays a su tirée est l’adoption en 2014 d’une loi d’orientation relative à la prévention et à la gestion des risques, des crises humanitaires et des catastrophes. Cet arsenal juridique a le mérite de prévenir et de gérer les éventuels catastrophes contrairement à 2009 où l’on a assisté à une gestion à la sauvette. Le 1er septembre 2009 a certainement permis de poser la problématique des canaux d’écoulement des eaux et des efforts sont consentis dans ce sens, pour une meilleure évacuation des eaux de pluie. La plupart des infrastructures routières construites après 2009 intègrent cette donne.
Aussi les travaux pour le prolongement de plus de 5 km du principal canal à la sortie Nord-Est de la capitale dans le quartier de Kossodo ont débuté même si l’on note un ralentissement à cause de la saison des pluies. Sa finalisation sera sans nul doute d’une grande utilité. Si ces avancées sont louables, il n’en demeure pas moins que des efforts restent encore à être consentis. En effet, l’inexistence d’un fonds spécial en cas de catastrophe naturelle est le bémol dans ce tableau reluisant.
En cas d’une inondation de la même nature que celle de 2009, l’absence de ce fonds et le contexte difficile dans lequel le pays est plongé (crise sécuritaire et sanitaire) pourraient aggraver la situation. L’autre souci et non des moindres est l’épineuse question de l’assainissement de la ville de Ouagadougou avec des comportements qui ne sont pas de nature à permettre une saine gestion des canaux d’évacuation des eaux de pluie qui ont malheureusement pignon sur rue. Certains citoyens continuent ainsi de déverser les ordures dans les caniveaux. Si de telles pratiques continuent, la commune a beau multiplié des efforts dans la construction des canaux d’évacuation d’eau, elle ne pourra pas éviter une autre inondation. Il est donc temps de revoir la copie pendant qu’il est temps. A commencer par la municipalité qui doit mettre à la disposition des ménages des bacs à ordures dans les quartiers avec un dispositif de traitement de ces déchets. Fort de ce dispositif, la mairie pourra en ce moment s’atteler à sensibiliser les usagers avant de verbaliser les brebis galeuses. C’est à ce prix que la capitale pourra se mettre à l’abri d’un autre 1er septembre.
Abdoulaye BALBONE
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